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Actualités - CHRONOLOGIE

Les effets dévastateurs de l'embargo sur la population


L’Irak a engagé un bras de fer avec l’ONU pour échapper à l’embargo le plus sévère de l’histoire, qui frappe la population de malnutrition et de maladies et épuise les dernières réserves de l’Etat.
«Nous voulons voir le bout du tunnel», martèlent les dirigeants de Bagdad depuis le début de la crise sur le désarmement irakien, affirmant que l’Irak a rempli ses obligations pour obtenir une levée de l’embargo pétrolier.
Cet embargo, imposé avec d’autres sanctions après l’invasion du Koweit en août 1990, prive le gouvernement de 90% de ses ressources en devises et l’empêche de subvenir aux besoins d’une population qui dépend dans une large mesure des subsides de l’Etat pour survivre.
«A l’heure actuelle, environ un million d’enfants sont atteints de retard de croissance à la suite de malnutrition chronique», indique Eric Falt, porte-parole des activités humanitaires de l’ONU à Bagdad.
«La dégradation constante va créer des problèmes à long terme, qui affecteront plusieurs générations», ajoute-t-il.
L’embargo pétrolier a été assoupli en décembre 1996 avec l’entrée en application de l’accord «pétrole contre nourriture», qui permet à l’Irak de vendre du brut pour deux milliards de dollars par semestre pour importer des biens de première nécessité, sous contrôle de l’ONU.
Mais cet arrangement est bien loin de répondre aux besoins de la population irakienne, soulignent les agences spécialisées de l’ONU.
Ainsi, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) ont constaté en octobre que l’accord avait «amélioré le ravitaillement» des Irakiens sans «combler les besoins des catégories vulnérables, dont les enfants sous-alimentés».
Six mois après l’application de l’accord «pétrole contre nourriture», le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) soulignait que le niveau de malnutrition chronique parmi les enfants de moins de cinq ans demeurait «alarmant»: 27,5% contre 9,2% en 1991, un an après la mise en place des sanctions.
Carences dans le
domaine médical

De plus, le volet médical de l’accord «pétrole contre nourriture» tarde à se concrétiser. En octobre, l’ONU indiquait que l’Irak n’avait reçu que 22% des médicaments commandés au premier semestre de l’application de l’accord.
Après s’être moqué des sanctions lors de l’invasion du Koweit, le président Saddam Hussein a dû réduire progressivement les rations alimentaires accordées à la population par l’Etat.
Au début de 1997, il a ordonné à ses ministres de trouver leurs propres ressources pour faire fonctionner leurs administrations et de ne plus compter sur le budget de l’Etat.
L’Irak accuse les Etats-Unis de retarder l’arrivée des vivres et des médicaments pour faire souffrir davantage sa population, et de bloquer carrément certains équipements, dont des ambulances.
Les statistiques officielles irakiennes avancent le chiffre de plus 800.000 Irakiens décédés, dont 320.451 enfants de moins de cinq ans, à cause de la dégradation de la situation économique et sanitaire du pays.
«De 1990 à 1996, le taux de mortalité infantile est passé de 61 pour 1.000 naissances à 117 pour 1.000», indique pour sa part M. Falt.
Avec le manque d’eau potable, les agences de l’ONU ont vu réapparaître la malaria et la typhoïde là où elles avaient disparu.
Ce que les statistiques officielles ne mentionnent pas, à cause des tabous sociaux, est l’augmentation de la prostitution.
La mendicité a également fait son apparition, ainsi que le travail des enfants, obligés d’aider leurs parents.
L’Irak, qui se targuait de l’un des meilleurs systèmes éducatifs de la région avant l’embargo, arrive à peine à fournir les manuels et les fournitures scolaires aux écoliers.
L’embargo pétrolier ne peut être levé que lorsque l’UNSCOM aura certifié l’élimination des armes de destruction massive irakiennes.
L’Irak, qui affirme avoir rempli ses obligations dès 1992, exige maintenant la levée du carcan et a décidé de braver le Conseil de Sécurité en expulsant les experts américains de la Commission spéciale de désarment (UNSCOM). (AFP)
L’Irak a engagé un bras de fer avec l’ONU pour échapper à l’embargo le plus sévère de l’histoire, qui frappe la population de malnutrition et de maladies et épuise les dernières réserves de l’Etat.«Nous voulons voir le bout du tunnel», martèlent les dirigeants de Bagdad depuis le début de la crise sur le désarmement irakien, affirmant que l’Irak a rempli ses...