Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Hariri aujourd'hui en Syrie et conseil ministériel demain Beyrouth consulte Damas sur l'affaire Toufayli Concertations nocturnes à Baabda pour décider des mesures à prendre

CONCERTATIONS NOCTURNES À BAABDA POUR DÉCIDER DES MESURES À PRENDRE


Bafoué, presque ridiculisé, l’Etat a décidé de réagir plus fermement au défi Toufayli, estimant que l’affaire a trop duré. Une réunion tripartite entre les présidents Hraoui, Berry et Hariri s’est tenue à cette fin, hier, au palais de Baabda. Elle a été entourée de la plus grande discrétion et n’a pas été annoncée dans les médias officiels. Résultat, le Conseil des ministres qui devait se tenir aujourd’hui a été reporté à demain, et se tiendra non plus au siège de la présidence du Conseil, mais à Baabda. Entre-temps, M. Hariri est attendu aujourd’hui à Damas, où il sera très probablement reçu par le chef de l’Etat syrien.
Arrivé à Baabda à 19 heures, M. Nabih Berry s’est entretenu avec le chef de l’Etat une heure durant, avant que les deux hommes ne soient rejoints par le chef du gouvernement, arrivé au palais présidentiel en compagnie du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr. Une demi-heure plus tard, le chef de l’Assemblée et le président du Conseil repartaient à bord de la voiture de ce dernier, en direction de Aïn el-Tineh, puis Koraytem.
Outre les trois présidents et M. Murr, le ministre de la Défense, M. Mohsen Dalloul, et le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnan Addoum, devaient assister à la réunion. M. Berry s’était déjà réuni une première fois, en matinée, avec M. Murr, pour examiner l’attitude qu’il convenait de prendre face au mouvement de cheikh Toufayli.
Armés de haches et de bâtons, les partisans de ce dernier étaient descendus sur les routes du caza, samedi et dimanche, pour empêcher le ministre de l’Intérieur de franchir les limites de leur région.
Peu de choses ont filtré de ce qui a été dit au cours de ce véritable état-major de crise. Des sources ont affirmé que les garnisons de l’armée et des FSI dans la région de Baalbeck-Hermel allaient être renforcées. Des divergences existeraient entre les trois pôles de la troïka sur le degré de fermeté dont il faudrait faire preuve à l’égard du chef de la «révolte des affamés», un mouvement de désobéissance civile lancé au cours de l’été. En particulier, M. Berry estime qu’il ne sert à rien de heurter cheikh Toufayli de front, et que son mouvement s’étiolera aussitôt que disparaîtront ses causes: la paupérisation accrue des zones rurales de Baalbeck-Hermel, livrées à elles-mêmes, privées des ressources provenant de la culture du haschisch et du pavot.
Le chef du Parlement insiste toujours pour que le gouvernement «se débrouille» pour trouver les fonds nécessaires au lancement d’un plan de développement global de 150 milliards de L.L. M. Berry aurait «promis» à cheikh Toufayli que ces crédits seront approuvés d’ici la fin de l’année.
Par ailleurs, le chef du Parlement a tenu une réunion, hier, avec le directeur général de l’urbanisme, M. Saad Khaled, qui a été chargé de mener à bien l’opération de regroupement et de lotissement des biens-fonds dans la Békaa.
Il s’agit là d’une des revendications de la population autochtone, empêchée d’accéder à la propriété individuelle, en raison des structures sociales tribales qui prévalaient par le passé. M. Khaled aurait informé M. Berry que son département a commencé à œuvrer sur ce dossier dans trois régions déterminées. M. Berry avait évalué à deux ans le temps nécessaire pour résoudre ce véritable casse-tête.
A part le renforcement du dispositif militaire dans la région de Baalbeck-Hermel et celui de la présence administrative de l’Etat, il est peu probable que le gouvernement puisse faire grand-chose, estiment les observateurs. Pour commencer, il paraît difficile que des poursuites soient engagées contre Sobhi Toufayli lui-même, assurent ces sources, car il s’agit d’un homme de religion, et aucun précédent n’existe dans ce domaine. Ainsi, le Parquet engagerait des poursuites contre certains des partisans armés de cheikh Toufayli qui se seraient rendus publiquement coupables de voies de fait et d’usage d’armes. Reste la radio illégale qui continue d’émettre, au nom du mouvement, et dont beaucoup de députés et de ministres réclament la fermeture, au nom de l’égalité de tous les Libanais devant la loi.
Au sujet du mouvement de cheikh Toufayli, M. Murr avait réaffirmé hier qu’il ne se laissera pas intimider, et qu’il se rendra dans le caza de Baalbeck-Hermel la semaine prochaine, et qu’il n’accepterait pas qu’une région soit interdite à quiconque. «Autrement, c’est qu’un canton se serait formé», a-t-il remarqué. M. Murr avait refusé toute idée d’un «compromis» que l’Etat ferait avec une partie quelconque, au détriment de son autorité et de ses attributions.
Par ailleurs, le gouvernement sera confronté à un autre type d’agitation sociale, cette semaine, sous la forme d’une grève générale d’avertissement, jeudi 13 novembre, à l’appel de la CGTL de M. Ghanim Zoghbi. La CGTL, qui se bat pour un relèvement du salaire minimum et d’autres revendications salariales, a décidé hier de procéder à une escalade, si ses revendications ne sont pas satisfaites (VOIR AUSSI PAGE 2). C’est ainsi que, d’une échéance à l’autre, le gouvernement est confronté de plus en plus à l’un de ses grands points faibles: l’absence d’une politique sociale cohérente et juste.

CONCERTATIONS NOCTURNES À BAABDA POUR DÉCIDER DES MESURES À PRENDREBafoué, presque ridiculisé, l’Etat a décidé de réagir plus fermement au défi Toufayli, estimant que l’affaire a trop duré. Une réunion tripartite entre les présidents Hraoui, Berry et Hariri s’est tenue à cette fin, hier, au palais de Baabda. Elle a été entourée de la plus grande discrétion et...