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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Lire en français et en musique 97 Elle a présenté son dernier roman : une personné déplacée Nicole Avril : une vie multipliée par l'écriture ... (photo)

Nicole Avril a présenté samedi soir, salle Georges Schéhadé, son dernier roman, «Une personne déplacée», publié aux éditions Grasset. La romancière française qui avait présidé, la veille, le jury du Prix Phénix, s’est déclarée «frappée par l’état de la ville de Beyrouth», elle qui avait connu le Liban d’avant-guerre, mais aussi «épatée par l’extraordinaire vitalité des Libanais qui malgré tout semblent vivre normalement».
Nicole Avril correspond bien à l’image qu’on s’en fait à travers ses écrits. Un mélange de discrétion, d’élégance et de fraîcheur des sentiments..... Un style qui de «La Disgrâce» (1981), à «l’Impératrice» (1993), en passant par «Dans les jardins de mon père» et «Il y a longtemps que je t’aime», l’a consacrée romancière à succès tant auprès de la presse littéraire que du lectorat féminin. Et cependant, pour Avril, «il n’y a pas d’écriture spécifiquement féminine. J’écris avec ma propre histoire, ma propre culture», dit-elle. «Le fait que je m’intéresse aux femmes, à leur soif de liberté, à leurs luttes, donne aux personnages féminins de mes livres souvent plus d’ampleur que ce que j’avais prévu au départ».
Dans «Une personne déplacée» l’héroïne, Eva, est une jeune Slovaque qui fuit la chape de plomb soviétique qui s’est abattue sur son pays. Elle débarque à Paris avec l’ambition de devenir un écrivain et y découvre, dans la foulée, la libération sexuelle et la révolution intellectuelle post-Mai 68. Déplacée, Eva l’est sans aucun doute géographiquement, socialement, mais aussi et surtout intérieurement. «Puisqu’elle va écrire dans une langue qui n’est pas sa langue natale», dit Nicole Avril. «Finalement ça rejoint un peu la situation des écrivains francophones d’ici», souligne-t-elle. Ajoutant, un brin féministe: «Je dirais aussi que chaque femme peut se sentir déplacée dans un monde d’hommes !».
Cette histoire de femme exilée, prise dans le tumulte de l’histoire contemporaine européenne, est née de l’intérêt de l’auteur pour tout ce qui a trait à l’Europe centrale. «Avant ce roman, j’ai écrit la biographie d’Elisabeth d’Autriche, un personnage extrêmement moderne, très déchiré, qui me fascinait en dépit de l’image mièvre, genre bonbon viennois qu’on en avait donné au cinéma. C’est elle qui m’a donné le goût de l’Europe centrale. Je me suis aperçue que beaucoup de choses de notre architecture, urbanisme, peinture, musique étaient nés à Vienne au début du XXe siècle. D’autre part étant originaire de La Rochelle, au bord de l’Océan, quand j’étais enfant les pays continentaux me semblaient inimaginables... Après «l’Impératrice», j’ai donc eu envie de me replonger dans cette Europe mais avec un personnage plus contemporain».
Avant de s’embarquer dans ce livre, l’auteur a été en «exploration »en Slovaquie. «J’ai aussi lu des écrivains d’Europe centrale. En fait, j’ai préparé ce livre comme un comédien entre dans la peau d’un personnage», dit-elle.
La comparaison n’est pas fortuite. Et pour cause, avant d’être écrivain, Nicole Avril a été successivement professeur de Lettres et comédienne. «Je sentais que j’avais besoin de m’exprimer mais je ne savais pas de quelle manière. J’ai cru que c’était en disant les mots des autres. Par la suite, je me suis aperçue que ça ne me convenait pas vraiment. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti le besoin d’écrire».
Depuis, à travers ses propres mots, Nicole Avril «multiplie sa vie». Par la magie de l’écriture, elle est, tour à tour, femme, homme, jeune, vieille, étrangère...Tout en étant «écrivain en permanence . Parce que l’écriture englobe toute la vie», affirme-t-elle. «C’est une manière d’être, c’est sans doute une finalité, mais ce n’est pas toujours un plaisir, on va d’angoisse en angoisse avec cependant des moments de bonheur intense».
Dans sa démarche d’écrivain, «comme dans la vie», Nicole Avril revendique une certaine liberté.
«Je n’aime pas que la journée soit planifiée, je n’ai pas de plan de carrière, j’aime imaginer les choses, les inventer au fur et à mesure», confie-t-elle. «Et pour un roman, c’est la même chose. Je ne fais pas de plan rigoureux. J’ai une sorte de force initiale qui me pousse à entamer une histoire. Ensuite, le livre se construit au fur et à mesure des pages et des chapitres. C’est un risque évidemment parce qu’on peut toujours se demander au milieu du récit si on aura la capacité d’aller jusqu’au bout. Mais j’aime ce cheminement imprévisible...»
Une prévision dans son programme cependant: un prochain séjour au Liban pour visiter la vallée de la Kadisha...
Nicole Avril a présenté samedi soir, salle Georges Schéhadé, son dernier roman, «Une personne déplacée», publié aux éditions Grasset. La romancière française qui avait présidé, la veille, le jury du Prix Phénix, s’est déclarée «frappée par l’état de la ville de Beyrouth», elle qui avait connu le Liban d’avant-guerre, mais aussi «épatée par...