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Actualités - INTERVIEWS

Affirmant que la Syrie ne s'ingère nullement dans les affaires intérieures du Liban Khaddam : le débat sur les présidentielles est prématuré

Le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam a assuré hier que la Syrie se tenait aux côtés de «tous les Libanais sans exception» et averti que nul au Liban ne devrait compter sur l’aide de Damas dans une action susceptible de nuire à l’unité nationale libanaise. Il a par ailleurs rendu un hommage appuyé au chef de l’Etat Elias Hraoui et souligné que le débat sur l’élection présidentielle ou sur une éventuelle prorogation du mandat de M. Hraoui était encore prématuré, tout en réaffirmant que son pays ne s’ingérait pas dans les affaires libanaises intérieures.
Interviewé par la chaîne de télévision Future TV, M. Khaddam a commencé par dire que ce qui a été réalisé au Liban depuis la fin de la guerre «suscite une grande satisfaction». Selon lui, la page de la guerre a été «définitivement tournée».
«L’unité nationale est aujourd’hui beaucoup plus solide que ce qu’elle était avant la guerre et sur tous les plans. Il n’y a absolument plus personne qui appelle à partitionner le pays ou à porter atteinte à son unité. Il existe aujourd’hui une unanimité nationale sur l’unité du pays qui n’était de mise ni avant ni durant les années de guerre», a-t-il dit.
Pour M. Khaddam, «l’unanimité règne aussi au sujet d’Israël». «Aujourd’hui, aucune fraction de Libanais n’appelle à collaborer avec l’Etat hébreu ou envisage même une telle collaboration», a-t-il ajouté.
Il y a également, selon le vice-président syrien, «un consensus général sur l’identité arabe du Liban, sur la nécessité de réédifier et de moderniser l’Etat et ses institutions et sur la reconstruction du pays et son redémarrage».
«Toutes ces questions sont fondamentales. Dans le passé, certains Libanais voyaient la force du Liban dans sa faiblesse. Aujourd’hui, ils estiment que sa force réside dans la lutte contre l’occupation, dans le soutien à la résistance», a-t-il estimé.
Enfin, il a assuré qu’«aucune partie des Libanais ne demande aujourd’hui la dissociation des volets libanais et syrien du processus de paix» et estimé que «la majorité écrasante du peuple libanais considère Israël comme une entité antinomique pour le Liban».

«Des Conseils fraternels»

Evoquant les relations libano-syriennes, M. Khaddam a affirmé que la Syrie «ne s’ingère pas et ne s’est pas ingérée dans les affaires intérieures libanaises». «La question primordiale qui fait l’objet d’une coordination entre les deux pays est celle des négociations de paix et de la situation générale dans la région», a-t-il dit.
Il a indiqué que les commentaires selon lesquels la Syrie serait dérangée par l’excès ou par le manque de consultations auprès de Damas de la part de tel ou tel responsable libanais «manquent de précision».
«En fait, il existe des questions sur lesquelles nous nous concertons et qui concernent le Liban et la Syrie ou la situation dans la région. Quant aux affaires libanaises, nous n’y intervenons pas. Toutefois, dans certains cas, lorsque la stabilité du pays est menacée, nous formulons des conseils fraternels, ni plus ni moins, car les affaires intérieures ne nous concernent nullement», a-t-il poursuivi.
M. Khaddam s’est en outre déclaré «optimiste» sur l’avenir du Liban. Selon lui, notre pays «va retrouver sa place et rejouer un rôle important dans la région».
Le numéro deux syrien a même relevé que, de tous les pays qui ont vécu des guerres civiles, le Liban ressort comme une exception. «Tous les pays qui ont vécu des guerres civiles au cours de ce siècle en sont sortis déchirés, à l’exception du Liban, qui en est ressorti plus fort et ressoudé que tout autre Etat. Voyez l’Afghanistan déchiré, la Somalie, la Yougoslavie, le Rwanda, le Burundi, le Congo. Tous ces pays ont été déchirés, sauf le Liban, qui est sorti de la guerre civile, unifié, fort. C’est là un signe que les Libanais doivent apprécier à sa juste mesure, et qui doit les encourager à fournir l’effort nécessaire pour que le Liban retrouve sa place et rejoue son rôle».
Soulignant que les responsables au Liban doivent oeuvrer pour éliminer des esprits les «inquiétudes» provoquées par la guerre, M. Khaddam a assuré que «les pays étrangers ont une grande confiance dans le Liban. Les Libanais devraient avoir une plus grande confiance encore en leur pays (...) leurs inquiétudes n’ont plus de raison d’être réelles et objectives».
En ce qui concerne le rôle de la Syrie à l’égard du Liban, M. Khaddam a déclaré qu’elle est «avec tous les libanais sans exception» et que ses liens avec le Liban «sont différents de ceux qu’elle entretient avec n’importe quel autre pays», compte tenu des liens de parenté entre les familles syriennes et libanaises. Au sujet de l’intervention militaire syrienne au Liban, il a souligné que sa raison d’être a été «la préservation du tissu social libanais», ajoutant que «nul ne doit croire pouvoir se faire aider par la Syrie dans une action susceptible de nuire à l’unité nationale libanaise».
Aux objections de ceux qui estiment que «l’expérience de Taëf n’est pas concluante», M. Khaddam a déclaré: «Evidemment, car ils veulent appliquer Taëf tel qu’ils l’entendent». Estimant qu’il n’est pas «correct» de dire que la collectivité chrétienne libanaise est «prostrée», M. Khaddam a déclaré que «l’idée d’un gouvernement-mosaïque composé de personnalités de toutes les couleurs, ce n’est pas Taëf». «Si des personnes n’ont pas voulu participer aux élections, et ont boycotté, ce ne peut être la faute à Taëf ou aux institutions démocratiques mises en place», a-t-il estimé, ajoutant qu’il fallait «respecter les étapes de la croissance» du pays et de sa sortie progressive de la guerre, rendant hommage aux «décisions courageuses» prises par le président Elias Hraoui pour ce faire.
Au sujet des élections présidentielles de novembre prochain, M. Khaddam a estimé que la décision de «clore ce dossier a été sage», ajoutant qu’il est «prématuré» de parler des élections présidentielles ou d’une éventuelle seconde prorogation du mandat du chef de l’Etat.
M. Khaddam a par ailleurs salué l’existence d’une opposition au Liban, tout en notant que son désaccord avec le gouvernement ne doit pas être sur les «objectifs nationaux» à atteindre, mais sur «les moyens utilisés pour le faire».
Enfin, M. Khaddam a estimé que ceux qui expriment leurs craintes que la Syrie «n’avale le Liban» sont «les ennemis numéro un du Liban» «Si la Syrie nourrissait des ambitions à l’égard du Liban, elle n’aurait pas offert tous ces sacrifices pour en préserver l’unité, l’indépendance et la souveraineté, alors même que certains se rendaient en Israël à la recherche d’une aide pour diviser le Liban».
Quant à la complémentarité économique entre la Syrie et le Liban que, selon lui, «le Liban propose» de mettre en place, le vice-président syrien a déclaré qu’elle est «avant tout dans l’intérêt du Liban (...) car la Syrie représente un grand marché» pour notre pays. M. Khaddam n’a pas vu non plus d’inconvénients dans les divergences des systèmes économiques en vigueur dans les deux pays, assurant que «dans le domaine économique, l’Etat doit jouer un rôle principal, ce qui n’élimine en rien l’initiative privée».
Le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam a assuré hier que la Syrie se tenait aux côtés de «tous les Libanais sans exception» et averti que nul au Liban ne devrait compter sur l’aide de Damas dans une action susceptible de nuire à l’unité nationale libanaise. Il a par ailleurs rendu un hommage appuyé au chef de l’Etat Elias Hraoui et souligné que le débat sur...