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Actualités - ANALYSE

Le pouvoir se débat comme il peut pour décrocher des aides

M. Luigi Scalfaro, le très populaire président de la République italienne, arrive aujourd’hui en visite officielle au Liban. Le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, ira l’accueillir à l’AIB puis tiendra avec lui une première séance de travail consacrée à l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays dans tous les domaines, diplomatique (on sait que Rome soutient à fond la 425), économique, informationnel et culturel. M. Scalfaro aura également des entretiens, consacrés à des questions spécifiques, avec divers dirigeants ou responsables qui auront à cœur de parler assistance et investissements italiens potentiels, avoue-t-on sans fausse honte dans les cercles officiels locaux.
Où l’on semble ignorer qu’un peu à l’instar de M. Hraoui, M. Scalfaro est bien plus «la conscience de la nation» que le tenant du pouvoir réel dans son pays, où son rôle n’est primordial sur le plan pratique que lors des crises ministérielles. Toujours est-il que, lors de son séjour de 72 heures au Liban, le président italien ira rendre visite au contingent héliporté de son pays au sein de la FINUL à Nakoura.
Bien entendu les responsables libanais, comme le prouve le voyage de MM. Rafic Hariri et Fouad Siniora au Japon ainsi que l’invitation lancée à M. Scalfaro, font des pieds et des mains maintenant, avant le débat sur le budget à la Chambre, pour grappiller des aides et des sous auprès des «Amis du Liban», qui ont l’air d’avoir un peu trop et un peu trop vite oublié les engagements pris lors du forum organisé le 16 décembre à Washington. Un rassemblement de 30 donateurs ou prêteurs virtuels, convoqué par les Américains et que M. Hariri avait présenté par la suite comme un immense triomphe personnel, étant donné qu’au total on lui avait promis une enveloppe de 3 milliards de dollars… les Américains, ces grands philanthropes, ces insurpassables collecteurs de fonds se fendant généreusement pour leur part de 20 millions de dollars!
Il reste à savoir si les efforts actuels des Libanais seront cette fois couronnés de succès. «C’est évidemment souhaitable, soupire un ministre, mais on n’ose trop y croire car l’agressivité israélienne, la tension au Sud mais aussi les éléments de déstabilisation intérieure genre Toufayli ne sont pas pour rassurer les investisseurs potentiels ni pour attirer le capital, frileux par définition. Du côté du secteur privé il n’y a donc pas à beaucoup espérer. Par contre, les gouvernements amis pourraient faire un geste, sans trop y perdre. C’est déjà bien, sur le plan de la confiance et du crédit moral, que M. Scalfaro vienne. Peut-être que sa visite va permettre de rétablir les chiffres initiaux du protocole d’aide italien, qui ont été comme on sait fortement revus à la baisse ces deux dernières années, un peu à cause des caprices de notre Parlement qui par «fierté nationale» avait rué dans les brancards au sujet de la clause prévoyant que les adjudications de travaux déterminés rendues possibles par les dons italiens devraient être attribuées à des sociétés italiennes. Après quoi les relations bilatérales ont été plutôt tièdes et elles vont probablement maintenant connaître un réchauffement tout à fait positif pour nous. D’autant que nous allons discuter avec nos visiteurs italiens d’un programme bien détaillé de 300 millions de dollars, dans le domaine de la reconstruction et du développement…»
Toujours est-il que pour revenir un peu sur terre, on note que l’opposition de l’Est, dont certains membres se croient sans doute en Angleterre, proteste contre le fait qu’elle se trouve exclue des manifestations officielles devant marquer la visite de M. Scalfaro et se propose de former une délégation qui lui demanderait audience spéciale. Certains font valoir qu’un tel rendez-vous étant difficile à obtenir, le programme de la visite étant déjà bouclé, les cadres opposants (Kataëb, PNL, B.N., courants F.L. et aounistes) pourraient se rendre samedi matin à Bkerké où M. Scalfaro doit assister à la messe, et le rencontrer ensuite dans le grand salon, en présence de Mgr Sfeir.
A la sauvette pour ainsi dire, et c’est dire où en est côté influence le camp en question…

Ph.A-A.
M. Luigi Scalfaro, le très populaire président de la République italienne, arrive aujourd’hui en visite officielle au Liban. Le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, ira l’accueillir à l’AIB puis tiendra avec lui une première séance de travail consacrée à l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays dans tous les domaines, diplomatique (on sait que Rome...