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Actualités - ANALYSE

La stabilité passe par le traitement du cas Toufayli

Qui peut le plus peut le moins, dit l’axiome. Dans le même sens, qui ne peut pas le moins, ne peut pas le plus.
«Ainsi, souligne un ancien ministre, dans les affaires de subversion ou de sédition, le plus difficile n’est évidemment pas d’identifier les exécutants mais les instigateurs. Par exemple, si jamais on capture les auteurs des attentats aux explosifs de Beyrouth, il faudra leur faire dénoncer leurs commanditaires, si tant est qu’ils le connaissent, ce qui ne serait pas aisé. Or, à Baalbeck-Hermel, l’instigateur est là, sur le devant de la scène, en chair et en os, bien plus présent politiquement que ses hommes. Il varie et multiplie les défis comme les provocations, les meetings houleux, les appels à la révolte sous toutes ses formes, laisse les armes parler comme l’avant-dernier dimanche, puis ferme la région devant les représentants du peuple qu’il fait houspiller, tout en continuant à insulter copieusement l’Etat, la République et les gouvernants…»
«S’il n’y est pas mis bon ordre rapidement, poursuit l’ancien ministre, non seulement tout ce que le pouvoir a réalisé sur le plan de la sécurisation, et qui reste son grand œuvre comme il se plaît à le répéter, serait compromis mais aussi les résultats des enquêtes sur les explosions de Beyrouth seraient frappés de doute. Si jamais les responsables arrivent à en démasquer les auteurs, et il faut le souhaiter, on serait tenté de les accuser d’avoir fabriqué un scénario du début à la fin pour se réhabiliter un peu, ce qui affaiblirait encore plus l’Etat dont ils ont la charge. Par contre, si les autorités neutralisent sans tarder le phénomène Toufayli, qui est le ver dans le fruit, toute action de police serait désormais portée entièrement au crédit de l’Etat et augmenterait la fiabilité du Liban à l’étranger. Il ne peut pas y avoir une «sécurité à l’amiable» et c’est la République issue de Taëf qui nous l’a dit elle-même; à ses débuts, en mettant au point le fameux plan global de sécurité qui impliquait la dissolution des milices. Il faut lui rappeler aujourd’hui cette vérité élémentaire, assortie d’un autre postulat: il ne peut pas y avoir deux sécurités sous un même toit et celui qui veut arrêter les terroristes de Beyrouth, présumés à la solde d’Israël, doit comprendre qu’il lui faut également contrer le mouvement illégal de cheikh Toufayli. Il est temps que ceux qui sont mandatés pour faire respecter la loi commencent par la respecter eux-mêmes. Car on a beau nous parler, souligne cet ancien responsable, de réunions spéciales du Conseil de sécurité intérieure, on a beau multiplié les mises en garde verbales aux fauteurs de troubles, tant que l’on ne procède pas à l’interpellation de ces derniers sur ordre précis du Parquet, on est soi-même dans l’illégalité. Ce sont des dispositions qui doivent être prises tout à fait automatiquement dans un Etat de droit, sans tenir aucun compte de considérations politiques ou personnelles. Ou alors, car il est possible que nous ne sachions pas tout, si le pouvoir — en l’occurrence le Conseil des ministres — estime que la raison d’Etat et l’intérêt supérieur du pays commandent que l’on n’engage pas de poursuites judiciaires contre Toufayli, il faut qu’il le proclame à la face du monde et du peuple libanais. On s’est beaucoup «amusé» jusqu’ici avec la Constitution, on a pris beaucoup de libertés à son égard et maintes fois le Conseil constitutionnel a dû intervenir, mais quand il s’agit de stabilité sur le terrain et de sécurité, on ne peut plus plaisanter, surtout dans un pays qui a tant souffert sur ce plan. Durant la guerre, on a vaille que vaille réussi à éviter au Liban le pire, c’est-à-dire la création de cantons et voilà qu’on laisse cheikh Toufayli s’en tailler un tranquillement à Baalbeck-Hermel. Son mouvement n’est plus de la revendication sociale, mais bien un mouvement séparatiste, puisqu’il refuse, comme Bossi en Lombardie, de reconnaître l’Etat central. Et il va même jusqu’à délivrer des «permis de construire»! A la télé des menaces ont été proférées contre l’Etat et contre un officier de terrain qui avait voulu contrer des émeutiers à Baalbeck-Hermel. N’y a-t-il pas parmi nos dirigeants un seul Cicéron pour s’exclamer face au cheikh «usque tandem Catilina», cet ancêtre de Toufayli…»
Apparemment pas, et il y a de quoi en perdre son latin…

Ph. A-A.
Qui peut le plus peut le moins, dit l’axiome. Dans le même sens, qui ne peut pas le moins, ne peut pas le plus.«Ainsi, souligne un ancien ministre, dans les affaires de subversion ou de sédition, le plus difficile n’est évidemment pas d’identifier les exécutants mais les instigateurs. Par exemple, si jamais on capture les auteurs des attentats aux explosifs de Beyrouth, il...