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Actualités - OPINION

Pan Pan Car le monde n'est pas un poème...

Toussaint ne vaut pas un clair de lune à Maubeuge…
Nostalgie, nostalgie quand tu nous tiens…
A la Toussaint des bouviers, comme dans le Maubeuge de Bourvil, la nature, la campagne, la montagne, les âmes simples s’habillaient pour l’hiver bien plus cosy que la plus riche des villes.
Trois jours, il fallait trois jours pleins pour mettre l’awarma en pot, la mouné dans le garde-manger grillagé de résille, faire le grand ménage à larges seaux d’eau savonneuse pour laisser les garçonnets patiner un peu sur le carrelage, nettoyer le vitrage, huiler les espagnolettes des croisées parties pour un long hibernage, tendre les tapis au sol, les pendre au mur. Et dresser les poêles de fonte, le plus imposant, l’âme même du foyer, trônant avec son tuyau à coude plissé au milieu de oudet’l ououd, ce living archaïque plus vivant dans la mémoire, plus confortable, plus chaud que le plus design des sièges bas en bois de teck, que le vinyl et la high tech. Là, dans la magique saveur des jeux de cartes écornés par de palpitantes cochinas suivies pour la revanche d’interminables basras, la famille, les voisins, parfois tout le village tenaient une sobhyé ou la grande sahra du samedi. Une fièvre vraie, qui donnait tout son cramoisi à la joue de l’enfant lorgnant avidement du côté de la çoubia ronflante où les kastanas commençaient à craquer, tandis que sur le flanc, dans les braises et la cendre du brasero de cuivre, les batâtas en robe de chambre se prenaient un coup de chaleur… Et les bourrasques, et la pluie, et la grêle, et la neige verglacée dont on pilait la poudre sur le debs pour la ba’ssama, en vibraient dehors comme un faire-valoir grisant: comme il fait bon, comme il fait bon ici, entre soi.

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La ville bien entendu avait rarement ce chaud privilège de refuge. On y cultivait moins le poêle, le temps d’hiver étant sur la côte plus clément quoique plus humide. Et les immeubles-casernes dits de rapport se prêtant peu aux chapeaux coniques des tuyaux exhalant la fumée du charbon, du bois ou du feu à mazout.
Encore heureux, parce qu’à tout prendre le charme ancien pollue. Même la montagne aujourd’hui n’en veut plus et se chauffe central. Comme quoi entre poésie et vie pratique, on est toujours forcé de choisir le moindre mal. Il faut en convenir: rien ne sert de se souvenir quand joue l’intérêt vital du présent comme de l’avenir. Une cause qui paraît entendue, mais que certains ne veulent pas entendre: ils prétendent classer au nom du patrimoine des bâtisses que leurs proprios cherchent à vendre, dont ils ne veulent plus.
Laissons donc la nostalgie chanter à la radio et la vie passer outre, pour qu’à bon entendeur — et à bon revendeur— salut.
J.I.
Toussaint ne vaut pas un clair de lune à Maubeuge…Nostalgie, nostalgie quand tu nous tiens…A la Toussaint des bouviers, comme dans le Maubeuge de Bourvil, la nature, la campagne, la montagne, les âmes simples s’habillaient pour l’hiver bien plus cosy que la plus riche des villes.Trois jours, il fallait trois jours pleins pour mettre l’awarma en pot, la mouné dans le...