Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Jean Paul II condamne les sentiments d'hostilité de chrétiens envers les juifs

Le pape Jean-Paul II a condamné hier au Vatican avec fermeté les sentiments d’hostilité de chrétiens envers les juifs qui ont empêché une résistance contre les persécutions antisémites nazies.
Le pape s’adressait à 60 cardinaux, évêques et experts chrétiens du monde entier, convoqués pour un symposium sur l’antijudaïsme qui se tient à huis clos au Vatican de jeudi à samedi.
«Dans le monde chrétien — je ne dis pas, de la part de l’Eglise en tant que telle —, des interprétations erronées et injustes de Nouveau Testament relatives au peuple juif et à sa prétendue culpabilité ont trop longtemps circulé, engendrant des sentiments d’hostilité à l’égard de ce peuple», a-t-il dit.
«Ils ont contribué, a-t-il ajouté, à assoupir bien des consciences». «De sorte que, quand a déferlé sur l’Europe la vague des persécutions inspirées par un antisémitisme païen (...) la résistance spirituelle de beaucoup n’a pas été celle que l’humanité était en droit d’attendre de la part de disciples du Christ», a-t-il ajouté.
Pendant des siècles l’idée que le peuple juif était coupable de la mort du Christ a circulé non seulement dans la culture chrétienne, mais même dans des textes liturgiques, qui n’ont été gommés qu’à l’époque de Jean XXIII et du Concile Vatican II dans les années 60.
Le souverain pontife a cependant souligné dans son discours prononcé en français qu’il y avait eu «des chrétiens qui ont tout fait pour sauver les persécutés jusqu’au péril de leur vie».
Le pape a aussi évoqué Pie XII, accusé par des historiens de s’être tu face à l’holocauste, en défendant son action. Il a souligné qu’il avait, dans son encyclique «Summi Pontificatus» de 1939, rappelé «la loi de la solidarité humaine et de la charité envers tout homme, à quelque peuple qu’il appartienne».

Examen de conscience

Le centre Simon Wiesenthal de Vienne, spécialisé dans la chasse aux anciens nazis, réclame à l’occasion du symposium l’ouverture des archives du Vatican sur le pontificat de Pie XII.
Mais le père Remy Hoechman, secrétaire de la commission vaticane pour les rapports avec les juifs, a répondu que cela n’était pas à l’ordre du jour du symposium.
Cette réunion doit fournir au pape «un matériel de qualité scientifique indiscutable, qui puisse servir à l’examen de conscience auquel il a invité les chrétiens à l’occasion du grand Jubilé de l’an 2000», a indiqué le théologien du pape, le dominicain français Georges Cottier.
Jean-Paul II avait annoncé en 1987 à la communauté juive américaine son intention de publier un document sur la responsabilité des chrétiens dans l’antisémitisme.
«Votre regard lucide sur le passé, en vue d’une purification de la mémoire, a-t-il dit aux participants au colloque, est particulièrement opportun pour montrer clairement que l’antisémitisme est sans justification aucune et absolument condamnable».
Le pape a évoqué «l’élection divine» du peuple juif, «convoqué et conduit par Yahvé (Dieu), Créateur du ciel et de la terre».
«Son existence, a-t-il commenté, n’est donc pas un pur fait de nature ni de culture (...). Elle est un fait surnaturel».
Jean-Paul II a tiré des conclusions destinées à orienter l’attitude du chrétien et le travail du théologien:
— «L’Eglise condamne avec fermeté toutes les formes de génocide, ainsi que les théories racistes qui les ont inspirées et qui ont prétendu les justifier».
— «Le racisme est donc une négation de l’identité la plus profonde de l’être humain, qui est une personne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu».
— «A la malice morale de tout génocide s’ajoute, avec la Sohoah, la malice d’une haine qui s’en prend au plan salvifique de Dieu sur l’histoire. Par cette haine, l’Eglise se sait, elle aussi, visée».
Après avoir insisté sur le devoir des chrétiens d’avoir des «sentiments fraternels» aux fils d’Israël, Jean-Paul II s’est félicité des progrès faits par le dialogue entre les catholiques et les Juifs au cours des dernières décennies. (AFP)
Le pape Jean-Paul II a condamné hier au Vatican avec fermeté les sentiments d’hostilité de chrétiens envers les juifs qui ont empêché une résistance contre les persécutions antisémites nazies.Le pape s’adressait à 60 cardinaux, évêques et experts chrétiens du monde entier, convoqués pour un symposium sur l’antijudaïsme qui se tient à huis clos au Vatican de jeudi...