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Actualités - CHRONOLOGIE

La libération arbitraire de 78 demeures classées indigne les architectes-urbanistes

Les demeures traditionnelles libanaises ne représentent plus que 2,5% des immeubles de Beyrouth. Leur nombre doit toutefois diminuer encore du fait de la décision de la direction de l’Urbanisme de libérer 78 biens-fonds qui avaient été classés dans la catégorie de monuments historiques. Cette décision est aujourd’hui vivement contestée par l’équipe d’architectes-urbanistes qui avait été désignée pour réévaluer la liste des immeubles interdits de démolition, établie vers la mi-1996 et qui juge que la libération de ces propriétes «remet en cause la notion d’ensembles historiques», principe de base pour la préservation de tout patrimoine architectural.
Ce que l’équipe reproche à la direction de l’Urbanisme, c’est d’avoir pris sa décision de manière «arbitraire», «sans tenir compte du concept de sauvegarde du patrimoine» et contrairement à l’avis qu’elle avait formulé. Celle-ci est formée des architectes-urbanistes Hana Alameddine, Fadlallah Dagher, Habib Debs, Abdelhalim Jabre et Wissam Jabre. Selon un communiqué qu’ils ont fait paraître hier, le directeur de l’Urbanisme, M. Saad Khaled, leur avait demandé en février dernier d’aider la commission dont il est membre et qui avait été chargée par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, de la réévaluation de la liste des immeubles interdits (provisoirement) de démolition, sur instructions du mohafez de Beyrouth et à la demande du ministère de la Culture. Cette commission, note-t-on, est présidée par le directeur général des Antiquités, M. Camille Asmar.
Et si l’équipe s’étonne aujourd’hui de la décision de M. Khaled, prise le 20 octobre, c’est parce qu’elle s’était acquittée de sa tâche et qu’elle avait déterminé conformément à la loi sur l’urbanisme «les sites comprenant des ensembles de bâtiments à caractère historique et qui doivent être mis sous étude en vue de définir les conditions et les règles nécessaires à leur sauvegarde et leur mise en valeur» et qu’elle s’était entendu en outre avec le directeur de l’Urbanisme sur «la délimitation des immeubles isolés dont le caractère architectural et historique exceptionnel commande le classement en même temps que l’organisation de leur environnement immédiat».
Dans le même temps, ces architectes avaient recommandé la libération de 571 immeubles sur un total de 1.016 dont la démolition avait été gelée. La liste des immeubles qui peuvent être libérés avait été publiée dans les journaux du 30 juin dernier. Dans leur communiqué, ils ont précisé qu’ils s’étaient engagés bénévolement à effectuer la mission qui leur avait été confiée pour «définir le cadre futur des mesures à prendre afin d’assurer la protection du patrimoine libanais conformément aux règles et au principe de l’urbanisme» et pour «remédier aux erreurs et aux injustices commises par le gel injustifié des 1.016 demeures figurant dans la liste initiale des bâtiments à protéger».
«Il ne reste à Beyrouth que cinq quartiers (se réduisant souvent à une seule rue) qui conservent encore un caractère historique et une forte personnalité architecturale, en dehors du centre-ville. Il s’agit d’une partie des quartiers suivants: Aïn el-Mreissé/Kantari et environs, Zokak el-Blatt/Zarif et environs, quartier des Jésuites-Furn el-Hayek et environs, quartier Sursock/Gemmayzé et environs. Les immeubles historiques concernés ne représentent que 2,5% des immeubles du mohafazat de Beyrouth.
«Nous nous trouvons donc devant la dernière opportunité pour protéger le peu de ce qui reste de l’ancien Beyrouth, et sans aucun doute le meilleur de toute l’architecture présente dans la ville».
Le communiqué n’a pas indiqué où se situent les biens-fonds libérés. Il a seulement indiqué que la «priorité doit être donnée à la mise en place de règles d’urbanisme souples s’appliquant à un quartier ou à un ensemble de bâtiments historiques groupés plutôt qu’au classement, solution extrême et forcément injuste d’une maison isolée qui sera tôt ou tard entourée de tours».
Les demeures traditionnelles libanaises ne représentent plus que 2,5% des immeubles de Beyrouth. Leur nombre doit toutefois diminuer encore du fait de la décision de la direction de l’Urbanisme de libérer 78 biens-fonds qui avaient été classés dans la catégorie de monuments historiques. Cette décision est aujourd’hui vivement contestée par l’équipe...