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Actualités - CHRONOLOGIE

Washington minimise la gravité de la crise avec Bagdad (photo)


La décision irakienne de cesser de coopérer avec les experts américains de l’ONU est entrée en vigueur hier. Trois experts US venant de Bahrein ont été empêchés de débarquer de leur avion à Bagdad. Pour sa part, l’UNSCOM a aussitôt suspendu ses activités dans le pays alors même que l’ONU faisait savoir que le programme «Pétrole contre nourriture» se poursuivait normalement. Washington pour sa part a choisi de minimiser la gravité de la crise, estimant qu’il s’agissait là d’un «différend entre l’ONU et l’Irak», ainsi que l’a affirmé le porte-parole du Pentagone Kenneth Bacon. Quant au département d’Etat, il a espéré que le régime de Saddam Hussein opérerait un revirement au dernier moment, «comme il a déjà reculé dans le passé à l’occasion de crises similaires» (VOIR AUSSI PAGE 8).
Auparavant toutefois, les Etats-Unis avaient clairement indiqué que «toutes les options» devaient être envisagées. Tout en refusant de préciser ce qu’il entendait par là, le porte-parole de la Maison-Blanche avait fait une allusion voilée aux actions militaires effectuées ces dernières années par les Etats-Unis.
«Nous avons démontré de nombreuses façons par le passé comme nous appliquons la volonté de la communauté internationale», a affirmé Michael McCurry, refusant toutefois de dire si Washington songeait à prendre des représailles unilatérales contre le régime de Saddam Hussein.
Depuis son arrivée au pouvoir, M. Clinton a ordonné deux frappes de missiles de croisière contre l’Irak. La première eut lieu en juin 1993, en représailles contre une tentative d’attentat avortée contre le prédécesseur de M. Clinton à la Maison-Blanche, l’ancien président George Bush, et la deuxième en septembre 1996, après que l’armée irakienne fut intervenue dans le nord de l’Irak dans les combats entre deux mouvements kurdes irakiens.
«Les Etats-Unis se félicitent chaleureusement de la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU de déclarer les actions de l’Irak totalement inacceptables», a déclaré M. McCurry.

Série d’options

«Il y a une série d’options que nous pouvons prendre pour garantir le respect par l’Irak des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU», a-t-il poursuivi.
Le porte-parole a rappelé que le leader irakien avait essayé dans le passé «d’échapper aux dispositions des lois internationales qu’il est tenu de respecter». «A chaque fois qu’il joue à ce jeu, il reçoit une réponse claire et suffisante de la communauté internationale», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il en serait de même cette fois-ci.
La Grande-Bretagne, elle, a été plus explicite. Une action militaire «ne peut être exclue», a affirmé le sous-secrétaire d’Etat au Foreign Office Derek Fatchell, ajoutant: «Le reste du monde ne peut pas rester sans réagir alors que l’Irak continue à développer des armes de destruction massive». Et d’ajouter: «Rien n’est exclu. Le message est très clair».
Quelques heures plus tard, Washington changeait de ton et le Pentagone allait jusqu’à refuser, par la voix de son porte-parole, de considérer comme une option l’usage de la force militaire. «Nous n’avons modifié en aucune manière le dispositif de nos forces dans la région», déclarait le porte-parole Kenneth Bacon. Il était relayé peu après par son homologue du département d’Etat James Rubin, qui soulignait, parlant des Irakiens»: «S’ils ont la sagesse de réviser leur position comme il l’ont fait à de nombreuses reprises dans le passé quand ils avaient fait un mauvais calcul, la tension retombera».
«Il n’y a pas de raison de penser que les Irakiens ont décidé d’aller jusqu’au bout», a expliqué M. Rubin. «Nous espérons qu’ils (les Irakiens) comprendront le message et qu’ils feront le bon choix», a-t-il ajouté.
Il a cependant admis que ce n’était pas une certitude car «ils ont fait des mauvais calculs si souvent dans le passé».
La commission spéciale de l’ONU (UNSCOM), qui est chargée du désarmement de l’Irak, a annoncé qu’elle avait suspendu ses activités, conformément à la décision prise la veille par son chef Richard Butler. Cette mesure a été prise en réaction à la décision de Bagdad d’expulser les inspecteurs américains de l’UNSCOM. Par contre, l’application du programme «pétrole contre nourriture» se poursuit normalement, a fait savoir l’ONU. Le porte-parole du bureau du coordinateur des activités humanitaires de l’ONU en Irak Eric Falt a affirmé qu’il n’y avait qu’un seul Américain travaillant dans les agences humanitaires de l’organisation internationale, ajoutant: «La décision de Bagdad ne nous concerne pas».

Détermination irakienne

A Bagdad, le président du Parlement Saadoun Hammadi a déclaré que son pays était déterminé à se défendre «par tous les moyens» pour recouvrer ses droits, usurpés selon lui par les Etats-Unis. M. Hammadi a ajouté lors d’une rencontre avec le président du Parlement slovaque Ivan Gasparovic, en visite en Irak, que les «Etats-Unis complotent pour faire durer l’embargo» multiforme imposé par l’ONU depuis août 1990.
M. Hammadi a en outre accusé les inspecteurs américains de l’UNSCOM «de travailler contre les intérêts de l’Irak. Ceux-ci (les Américains) sont derrière chaque crise entre l’Irak et l’UNSCOM».
Hier, Bagdad continuait à miser sur une division du Conseil de Sécurité pour éviter des représailles.
«Le Conseil de Sécurité doit être sauvé de l’hégémonie américaine, c’est un devoir qui incombe aux pays qui siègent dans cette instance et qui ont le droit de veto», écrit le quotidien «Babel», dirigé par le fils du président irakien.
La presse irakienne a cependant ignoré la déclaration présidentielle du Conseil de Sécurité, adoptée à l’unanimité de ses quinze membres, mettant en garde Bagdad contre les «graves conséquences» de sa décision.



La décision irakienne de cesser de coopérer avec les experts américains de l’ONU est entrée en vigueur hier. Trois experts US venant de Bahrein ont été empêchés de débarquer de leur avion à Bagdad. Pour sa part, l’UNSCOM a aussitôt suspendu ses activités dans le pays alors même que l’ONU faisait savoir que le programme «Pétrole contre nourriture» se poursuivait...