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Actualités - ANALYSE

Les présidentielles liées aux tractations sur le plan régional


Selon des sources informées «si la Syrie a exigé le gel du dossier des présidentielles libanaises, ouvert prématurément à son avis, c’est qu’il faut d’abord attendre de voir ce que les tractations régionales en cours vont donner. On sait en effet que les Américains, avec le concours de Primakov le Russe, tentent de faire redémarrer le processus de pourparlers, notamment en ce qui concerne le volet syrien. Il faut compter à peu près trois mois pour savoir à quoi s’en tenir, soit qu’on reprendrait les négociations syro-israéliennes du Maryland, soit que le blocage actuel et le statu quo se trouveraient confirmés. En cas de résultats positifs, le volet libanais serait naturellement réactivé à son tour, à l’ombre de relations syro-américaines sans doute plus détendues, ce qui n’irait pas sans effet sur les élections présidentielles locales. Il est en effet connu que la Syrie comme les Etats-Unis sont les vrais grands électeurs et généralement ils cherchent, comme en 88 ou en 89 à s’entendre, soit que Damas choisisse l’heureux élu, Washington disposant d’un droit de veto sur tout nom qui ne lui plairait pas, soit l’inverse. Mais si au contraire le blocage régional devait persister, la Syrie reprochant toujours aux USA leur partialité en faveur d’Israël, il en irait tout autrement et un arrangement syro-américain serait difficile à conclure. Il y aurait sans doute des tiraillements, des pressions, des contre-pressions, une tension dont la scène locale ne manquerait pas de se ressentir. A ce moment-là il est possible que pour tenter de calmer le jeu et de concilier les points de vue, un troisième larron, l’Europe ( et surtout la France) entre en jeu, sans compter que la Russie voudra également proposer son aide. Pratiquement cependant dans ce cas de figure c’est la Syrie, présente sur le terrain, qui déciderait seule en définitive du choix du futur président, à moins que dans un esprit de discret compromis elle n’opte pour une nouvelle prorogation du mandat de M. Elias Hraoui».

Perspectives

«Cependant, observe cette personnalité diplomatique, il y a actuellement lieu d’être modérément optimiste. En effet Damas fait montre de beaucoup de souplesse, par rapport au dossier régional et semble ne plus exiger que les pourparlers du Maryland reprennent à partir du point qu’ils avaient atteint avant leur suspension et l’arrivée au pouvoir de Netanyahu. C’est une concession très importante, car ce point auquel on était parvenu comprenait, rien moins qu’un engagement israélien officiel, ratifié par Rabin puis par Péres, de restituer tout le Golan à la Syrie, ce qui on le sait est aux yeux de cette dernière une condition sine qua non pour signer la paix. Mais à dire vrai, pour que les Syriens acceptent de reprendre langue avec les Israéliens à partir de la case départ, ils demandent quand même que Netanyahu reconnaisse de nouveau les principes de Madrid, qu’il a reniés, et surtout la devise capitale «la paix moyennant la terre», qui implique donc la restitution des territoires envahis en 1967, dont le Golan. Les Américains, auteurs de ces mêmes principes, ne peuvent qu’abonder dans ce sens et tout est de savoir si leurs pressions sur Netanyahu, ajoutées aux pressions de l’opinion publique israélienne elle-même, seront assez efficaces pour que le processus de paix redémarre vraiment. Il y a de bonnes chances qu’on parvienne à un tel résultat car Netanyahu peut chaque jour toucher du doigt, surtout au Liban-Sud, combien il est erronné de prétendre que la «sécurité» passe avant la paix comme il le fait. En dénombrant les morts de son armée, il peut vérifier cette lapalissade qu’il n’y a pas de sécurité tant qu’il y a la guerre, que la paix peut engendrer la sécurité et non l’inverse».
• Sur le plan strictement local, une éventuelle détente syro-américaine n’est pas sans inquiéter l’oppositon radicale de l’Est. Ces indépendantistes craignent en effet que l’Amérique n’oublie très vite les déclarations d’Albright au Forum de Beyrouth sur la souveraineté libanaise, pour laisser carte blanche à Damas par rapport aux présidentielles, moyennant sa coopération au niveau de la reprise du processus régional. Il reste que comme Damas vient de le rappeler aux dirigeants locaux, il est en tout cas trop tôt pour parler de cette échéance. Et pour se lancer dans ce cadre à telle ou telle manœuvre.

E.K.
Selon des sources informées «si la Syrie a exigé le gel du dossier des présidentielles libanaises, ouvert prématurément à son avis, c’est qu’il faut d’abord attendre de voir ce que les tractations régionales en cours vont donner. On sait en effet que les Américains, avec le concours de Primakov le Russe, tentent de faire redémarrer le processus de pourparlers,...