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Actualités - REPORTAGE

Le projet sera exécuté sur le site du Normandy Les Pays-Bas financent la première usine propre de traitement des déchets (photo)

La pollution provoquée par les ordures ménagères a été depuis longtemps reconnue comme un danger pour la santé du citoyen. Selon leurs moyens financiers, mais aussi selon le degré de conscience des gouvernants, les Etats à travers le monde ont édifié des installations de traitement contre ces nuisances. Certaines permettent de limiter, en volume, le stockage de ces déchets et d’autres plus sophistiquées recyclent les ordures de toutes origines en matières premières, mais surtout éliminent les pollutions secondaires parfois aussi nocives que les déchets eux-mêmes. Jusqu’à maintenant, au Liban, les décideurs ont souhaité parer au plus pressé, au plus rentable à court terme, sans se soucier des conséquences. Ainsi une installation d’incinération, où rien n’est trié et où la calcination des déchets provoque des gaz néfastes, est particulièrement polluante pour la population environnante. Toutefois et pour la première fois au Moyen-Orient, une entreprise privée va mettre en place une usine de recyclage, dans les huit mois suivant la signature d’un contrat passé hier entre MM. Kis Dane, directeur général de la société hollandaise «Duos Engineering» et Nasser Chamaa, président de «Solidere», en présence de M. Ronald Mollinger, ambassadeur des Pays-Bas au Liban.
Depuis quelques dizaines d’années les pouvoirs publics, à travers le monde se sont penchés sérieusement sur les niveaux de pollution en ville. Si tous les pays industrialisés ont les moyens de traiter les déchets, il va de soi que pour les pays dont la superficie est petite, ce besoin devient crucial, surtout si la densité de population est importante. Le cas s’est posé pour la Hollande qui a gagné des terres sur la mer et dont la population a cru plus rapidement que le territoire. Ainsi, le stockage des ordures ménagères en Hollande a été pris en considération depuis plus longtemps, ne serait-ce que parce que la location des décharges municipales a atteint des niveaux de prix très élevés. Les pouvoirs publics ont alors poussé la recherche et surtout les techniques en la matière et rapidement, les Pays-Bas ont eu une expertise dans le traitement des déchets en tous genres.
Tous les genres, voilà bien la difficulté pour Beyrouth et notamment pour le dépôt du «Normandy» qui représente un atout immobilier considérable pour Solidere, mais qui reste aujourd’hui un agglomérat record de déjections, puisqu’outre les ordures ménagères «classiques», cette montagnette artificielle renferme des blocs de béton issus des démolitions, du fer à profusion, des poches de gaz explosives, à 14 mètres sous la mer, des cadavres de bétail... Tout cet amalgame doit être traité avant que l’avancée de l’homme sur la mer puisse être exploitée. Le projet a germé depuis deux ans déjà entre les bureaux d’études du centre-ville et les différentes entreprises internationales spécialisées dans ce domaine. Tous étaient sur les rangs, les Italiens, les Français, les Allemands et les Espagnols, mais le contrat est revenu à une entreprise hollandaise qui a bénéficié, outre du dynamisme de l’ambassade des Pays-Bas ré-ouverte depuis un an, d’un financement à hauteur de 60% de l’installation de cette usine. Selon l’ambassadeur des Pays-Bas interrogé par «L’Orient-Le Jour», «plusieurs modèles d’usine de tri et de recyclage des déchets existent à travers le monde, mais celle-ci est ce qu’est la «Roll Royce» à l’automobile. l’équipe de «DUOS», la firme signataire du chantier s’est surpassée dans ce projet et une telle installation est assurément une première dans tout le Moyen-Orient. Ainsi, avec la collaboration de mon pays, «Solidere» sera, je l’espère, un exemple pour le Liban dans son entier et pour le Moyen-Orient, au niveau de la protection de l’environnement, mais aussi au plan de la création d’une nouvelle activité économique à part entière, créatrice d’emploi et de matières premières à moindre coût». Le prix de cette usine est d’environ 5 millions de dollars, financé à hauteur de 60% par un fonds spécial du ministère des Affaires étrangères hollandais en parfaite symbiose avec les ministères de tutelle libanais qui ont donné leur accord pour la signature et la réalisation d’un tel contrat. Tour de force que ce contrat, puisqu’il intéresse a priori une entreprise privée, mais dans l’intérêt public et d’autre part en raison de l’obtention de l’aval de la commission européenne, dans le cadre de la coopération entre l’Union Européenne et les pays de la région.
C’est donc une équipe d’experts des Pays-Bas qui va superviser dans un premier temps l’installation des machines importées. Par la suite, trois équipes seront formées pour assurer le plein rendement de cette usine qui assurera sur place le tri des déchets, leur traitement, leur transformation en matières premières, à l’exception des cadavres qui seront incinérés à l’extérieur de Beyrouth. Ces 4 millions de tonnes d’ordures entrelacées dans les gravois de la démolition du centre-ville seront donc dans un premier temps séparées. Les blocs de béton seront broyés spécialement pour servir de socle marin, les matières plastiques et le bois seront contraints à très haute densité et leurs agglomérés seront utiles pour les fondations, notamment des parcs prévus; les métaux seront attirés par d’énormes aimants et seront conduits dans des fonderies libanaises, les matières organiques seront, elles, traitées en compostage et serviront d’engrais. Toutes ces manipulations seront effectuées sous filtrage afin qu’aucune poussière et aucune odeur ne viennent gêner les citoyens. Il faut noter que cette dernière condition est «sine qua non» du financement et que les travaux seront en permanence surveillés par des experts hollandais.
Si cette entreprise est une première, il est certainement souhaitable qu’elle serve d’exemple pour le traitement des déchets de Beyrouth en particulier et pour le Liban dans son entier ou nombre de décharges sauvages ont pollué gravement sols et rivières. Les responsables des sites de Bourj Hammoud et autres estiment que l’incinération résoudra rapidement les problèmes. Mais que faire des cendres dans lesquelles le chlore reste stocké des fumées dioxydes propagées sur les habitations avoisinantes, des mâchefers encombrants et de la perte des sables, autrefois extirpé des montages? Est ce qu’une vue à coût terme des profits «sans effort» ne risque-t-elle pas de détruire les chances de créer une nouvelle activité économique? En effet, chaque matière première produite «proprement» peut être revendue comme telle dans les différents domaines de la construction (fer, béton, agglomérés) ou de l’agriculture (composts). Dans d’autres pays l’expérience est souvent positive; les financements des installations sont relativement peu importants et des formules modernes tel le «Leasing» seraient parfaitement adaptées.

Gérard DE HAUTEVILLE
La pollution provoquée par les ordures ménagères a été depuis longtemps reconnue comme un danger pour la santé du citoyen. Selon leurs moyens financiers, mais aussi selon le degré de conscience des gouvernants, les Etats à travers le monde ont édifié des installations de traitement contre ces nuisances. Certaines permettent de limiter, en volume, le stockage de ces déchets...