Le Hezbollah plonge l'armée israélienne dans l'embarras

Les responsables militaires israéliens ont entamé une remise en question des méthodes de l’armée israélienne au Liban-Sud, après une série de succès militaires du Hezbollah, a indiqué hier la presse israélienne, citée par l’AFP.
Le ministre de la Défense, Yitzhak Mordehaï, a tenu dimanche une série de consultations avec de hauts responsables militaires afin de dresser un bilan de l’état des forces en présence.
Les militaires ont révélé leur perplexité face aux «progrès» du Hezbollah, constatant que le mouvement chiite était, depuis peu, doté de nouveaux missiles antichars, très performants et plus précis que ceux utilisés jusqu’alors, a indiqué le quotidien Maariv.
L’armée israélienne avait commencé à s’inquiéter de la vulnérabilité de ses chars au Liban, après qu’une roquette tirée par le Hezbollah eut réussi il y a une semaine à percer le blindage d’un Merkava, son tank le plus moderne, disposant d’un double blindage et de métaux spéciaux pour réduire l’effet des missiles à tête creuse.
Selon le Maariv, la roquette utilisée par le Hezbollah était vraisemblablement de type TOW, un missile de fabrication américaine de 3,5 km de portée.
«Le Hezbollah se renforce» a déclaré dimanche à des écoliers du nord du pays, le chef d’état-major Amnon Sharak. «Il reçoit de l’argent, des armes et des entraînements de l’Iran. Les Syriens, quant à eux, ne font rien pour changer la situation», a-t-il ajouté.
Lors de la réunion du Cabinet dimanche, le général Sharak a fait état de «l’impuissance» des renseignements militaires. «Nous savons peu de choses sur ce qui se passe dans les rangs du Hezbollah», a-t-il déclaré, cité par le quotidien Yédiot Aharonot.
Le commandant de la région nord Amiram Lévine a également révélé que le Hezbollah avait l’intention, en fin de semaine, d’enlever un soldat israélien. Selon le Maariv, les enlèvements feraient également partie des nouvelles techniques du Hezbollah.
«La guerre au Liban est longue. Nous commettons parfois des erreurs, mais je suis sûr que les commandants trouveront des solutions», a déclaré M. Mordehaï au Maariv.

Le fiasco du 5 septembre

L’armée a été particulièrement affectée par le fiasco de la mission d’un commando d’élite israélien, le 5 septembre, tombé sur un champ de mines posées autour de la maison d’un haut responsable du Hezbollah, à Ansariyé. Ce dernier était visé par l’attaque, selon un rapport de l’armée. Douze militaires avaient trouvé la mort.
D’autres responsables militaires ont souhaité un ton plus offensif et décidé de demander l’annulation des accords passés au terme des opérations militaires israéliennes des «Raisins de la colère» au Liban-Sud en avril 1996.
Selon les accords, les deux parties ne doivent mener aucune action militaire là où vivent des civils.
Les responsables israéliens ont estimé que le Hezbollah violait ces accords, alors qu’Israël avait «les mains liées» et ne pouvait agir efficacement, a indiqué le Yédiot.
«Hier, le Hezbollah a lancé des dizaines de mortiers sur des bases de Tshal au Liban-Sud et nous n’avons pas pu riposter», a indiqué dimanche pendant la réunion M. Levine.
Toutefois, M. Mordehaï, cité hier par la radio publique, a démenti avoir entendu de telles propositions et réaffirmé son intention de respecter les accords conclus.
Le Cabinet doit se réunir, de nouveau, prochainement pour évoquer la présence d’Israël au Liban-Sud et M. Mordehaï doit également convoquer de nouvelles réunions à ce sujet.
Depuis le début de l’année, 39 soldats israéliens sont morts dans le Liban-Sud, ce qui en fait l’année la plus meurtrière pour l’Etat hébreu depuis qu’il a créé une «zone de sécurité» au Liban en 1985.