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Actualités - ANALYSE

Le dernier message de Damas : une sorte de coup de semonce...

A en croire une source loyaliste et néanmoins bien informée, «le dernier message de Damas aux autorités libanaises, diligemment transmis par M. Michel Murr, va plus loin que la question des présidentielles, anticipées ou pas, et constitue presque un avertissement. Il dit en effet, en termes à peine voilés, que les disputes cela suffit et qu’il est temps de se comporter en responsables responsables. Il est précisé qu’en termes concrets cela signifie qu’il faut voir les points où l’accord se fait pour les mettre en pratique, en gelant les problèmes litigieux et en cessant de tout bloquer en bloc parce qu’il y désaccord sur telle ou telle question, surtout quand elle est d’ordre mineur».
«L’accent est mis notamment sur une faute à ne plus commettre: lier la crise économique aux présidentielles, car cela ne peut que l’aggraver. Plus loin dans le même ordre d’idées, Damas répète, comme il l’avait fait dès septembre, qu’il ne faut pas mélanger le volet politique et le volet économique, qu’il est nécessaire d’éviter que l’un n’influe négativement sur l’autre et ne le déstabilise. Il redit aux trois, sans trop y croire sans doute, qu’il compte sur eux pour la coordination, la coopération et l’harmonie, afin de sortir de l’impasse et de résoudre la crise socio-économique qui est évidemment plus importante que les préoccupations politiques qu’ils affichent».
Cette personnalité laisse entendre que jeudi dernier «on attendait M. Murr à Damas tout d’abord pour reprocher aux autorités libanaises de ne pas bien réaliser qu’il ne faut pas divertir l’attention de la Syrie à un moment où elle doit se concentrer sur une situation régionale des plus délicates, pour ne pas dire des plus graves et des plus inquiétantes. L’initiative de Moscou, qui envoie son ministre des Affaires étrangères M. Primakov dans la région, est suivie avec le maximum d’intérêt par les dirigeants syriens qui dès lors, ont-ils ajouté, ne peuvent pas se casser la tête à dénouer l’écheveau des intrigues opposant les tenants du pouvoir au Liban».

Rendez-vous manqué

«Dans ce sens, indique cette source, les Syriens ont précisé qu’ils n’ont pas de temps à consacrer pour le moment à un sommet syro-libanais élargi ni même à voir de nouveau défiler les dirigeants libanais les uns après les autres, pour se plaindre les uns des autres et demander leur soutien. Du reste, les Syriens n’ont pas caché qu’ils commencent à trouver légèrement saumâtre la désinvolture avec laquelle ces dirigeants libanais ont traité jusque-là leurs constants conseils de coordination et de coopération. Ils ont ajouté qu’ils ont fait preuve jusque-là de beaucoup de patience dans le traitement de l’inconscience libanaise mais qu’à leur avis il faut trancher dans le vif, car cette irresponsabilité chronique atteint maintenant de dangereux sommets puisque par ses querelles infantiles elle compromet la situation économique du Liban».
Selon cette personnalité, «les Syriens n’étaient pas au courant et n’ont pas donné de feu vert pour l’ouverture prématurée de la campagne des présidentielles. Ils en ont été même beaucoup agacés. Dans leur esprit, il faut que M. Elias Hraoui aille au bout de son mandat, dans un an. Et il ne faut pas que pendant tout ce temps le Liban soit en proie à la crispation et à la tension politiques qui accompagnent forcément un climat de campagne électorale, ce qui bien sûr ne peut qu’aggraver la crise économique. Cela sans compter, estime cette source, qu’un tel climat peut poser un problème à la Syrie elle-même, dans la mesure où il mettrait en conflit ouvert des alliés à elle qui se retrouveraient pareillement en difficulté face au camp opposé formé globalement de proaméricains».
Toujours est-il que les hraouistes détournent pour leur part l’attaque en rappelant que «ce n’est pas le chef de l’Etat qui a ouvert le feu et parlé des présidentielles en premier, mais le chef du gouvernement qui dans une intervention télévisée a affirmé qu’il n’y aurait pas de prorogation. Et cela visiblement pour se venger du rejet en Conseil des ministres de son plan d’emprunt de huit cents millions de dollars, laissant entendre que ce veto était dirigé contre sa position par rapport aux présidentielles. Il fallait alors répondre, ajoutent les hraouistes, mettre les points sur les i, pour qu’on n’aille pas imputer au président de la République l’échec d’un projet destiné en principe à financer le développement de régions déshéritées. Le meilleur moyen, et il a été utilisé, était de prouver que M. Hraoui n’avait nulle intention de s’accrocher, qu’il n’était pas concerné par les présidentielles, qu’il ne s’opposait même pas à ce qu’elles fussent anticipées, qu’il était disposé à partir à tout moment».
Il reste que selon un observateur neutre «il est probable que les dirigeants vont demander à leurs entourages respectifs de mettre une forte sourdine à leurs échanges d’aménités, eux-mêmes s’attelant à traduire en faits les conseils d’harmonie sévèrement prodigués cette fois par Damas. Et dans la pratique, cela signifie qu’on ne saura pas de sitôt si, contrairement à l’avis du président de la république, le général Emile Lahoud et M. Riad Salamé, commandant en chef de l’armée et gouverneur de la Banque centrale, pourront l’un ou l’autre lui succéder… Si on a voulu provoquer une réaction de Damas ou sonder ses intentions à ce propos, on a échoué, car le sphinx refuse de se prononcer avant terme et enjoint même aux protagonistes locaux de suivre son exemple dans ce cadre et de ne pas se lancer aussi tôt dans la bataille des présidentielles».
Ph. A-A.
A en croire une source loyaliste et néanmoins bien informée, «le dernier message de Damas aux autorités libanaises, diligemment transmis par M. Michel Murr, va plus loin que la question des présidentielles, anticipées ou pas, et constitue presque un avertissement. Il dit en effet, en termes à peine voilés, que les disputes cela suffit et qu’il est temps de se comporter en...