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Actualités - ANALYSE

Le clan du troisième homme et l'opposition se frottent les mains...

Ministre des Affaires étrangères, député du Kesrouan et gendre du chef de l’Etat, M. Farès Boueiz confirme que le président Elias Hraoui est on ne peut plus sérieux quand il proclame qu’il refuserait une nouvelle prorogation de son mandat. Le ministre ajoute même que non seulement M. Hraoui ne veut pas s’accrocher mais aussi qu’il souhaite des présidentielles anticipées «pour sortir le pays de la situation où il est arrivé, notamment sur le plan socio-économique sans que Baabda puisse en être tenu pour responsable, la faute en incombant à un autre» entendre M. Hariri. Et M. Boueiz de répéter après son beau-père qu’il ne s’agit nullement d’une position simplement tactique, mais de la conviction absolue qu’une telle mesure est vraiment nécessaire pour redresser la barre. Il signale que le président est fatigué.
Toujours est-il que les développements sur ce front précis coïncident avec la toute récente ouverture d’un nouvel épisode de l’interminable saga conflictuelle de la troïka, le bras de fer opposant cette fois-ci les présidents Hraoui et Hariri. Les partisans du président Berry, dont c’est maintenant le tour de jouer les conciliateurs bénévoles rôle que tenait il y a encore dix jours M. Hraoui, s’en frottent les mains, ravis.
Du côté de l’opposition, on n’est pas moins content du tour que prennent les choses. Un député persifle ainsi que «les hraouistes ont beau dire, c’est évidemment pour mettre M. Hariri dans l’embarras, pour le désarçonner qu’on enfonce brusquement avec tant de force le clou des présidentielles anticipées. En effet, si M. Hraoui s’en va, M. Hariri doit aussi plier bagage. Il n’est pas exclu que le chef du gouvernement soit en réalité la cible d’un plan stratégique bien étudié. Ce n’est peut-être pas un hasard si, juste après son bras de fer avec le président de la Chambre, il trouve en face de lui le président de la République. On cherche à l’encercler et, après quelques rounds d’observation puis de harcèlement pour fatiguer ses forces, on va sans doute s’engager maintenant dans la grande manœuvre qui le mettrait politiquement hors-jeu. L’entreprise n’est pas facile car M. Hariri est devenu, surtout depuis les dernières élections législatives, un leader traditionnel qui compte. Mais, en mettant l’accent sur la mauvaise gestion économique du pays, il devient possible de convaincre l’opinion publique, jusque-là son meilleur atout, que sa présence à la tête du gouvernement n’est plus indispensable».

Réfutation

Mais un ministre juge pour sa part «cette analyse napoléonienne de la situation tout à fait fantaisiste. Il n’est pas question de stratégie longue durée pour faire sauter celui-ci ou celui-là. Tout au plus peut on attribuer les tiraillements actuels à une lutte d’influence désormais articulée sur les prochaines présidentielles. Il est très important en effet, pour tous les joueurs, de bien disposer leurs pions, de bien préparer le terrain, pour avoir les meilleures chances de faire arriver leurs candidats respectifs, afin de continuer à tenir le haut du pavé pendant six ans encore. Ce travail préparatoire comprend forcément un volet prophylactique, c’est-à-dire que tout en cherchant à se donner l’avantage, il s’agit d’essayer d’empêcher le voisin d’en faire autant, de le gêner dans ses mouvements, de lui créer des embûches. D’où les disputes. Il est trop tôt pour faire de vrais pronostics, mais on peut inscrire à l’actif de M. Hraoui qu’il a pris l’initiative, ce qui est important dans toute bataille, et la position qu’il a adoptée a en outre le mérite d’accélérer la clarification des choses. On sait que celui qui frappe en premier prend l’avantage, mais il s’agit ensuite de savoir le garder. Ce n’est jamais facile, surtout quand on a voulu attaquer sur plus d’un front à la fois. Ainsi, se demande ce ministre informé, on ne sait pas encore ce que les décideurs pensent du veto opposé à l’éventuel avènement du général Emile Lahoud… On ne sait pas non plus quelle lecture ils vont faire de tout ce battage autour des présidentielles, s’ils ne vont pas par exemple, vouloir qu’on tente de leur forcer la main et de prendre position trop tôt sur le dossier, auquel cas leur réaction ne serait sans doute pas des plus positives à l’égard de Baabda… Et Koraytem en profiterait! Mais on ne peut pas exclure non plus, reconnaît ce ministre, que les prises de positions de M. Hraoui ne soient pas étrangères aux idées des décideurs eux-mêmes et c’est alors M. Hariri qui devrait réfléchir sur les moyens d’inverser la tendance globale, encore qu’en ce qui concerne le général Lahoud le président du Conseil reste sur la même longueur d’onde que le chef de l’Etat».
«Le plus drôle, conclut ce responsable, est qu’on ne peut pas du tout exclure, un an avant la date normale des présidentielles, qu’en définitive comme en 95 les décideurs imposent à tous une prorogation du mandat de M. Hraoui dont personne ne veut, même pas lui…»

Ph.A-A.
Ministre des Affaires étrangères, député du Kesrouan et gendre du chef de l’Etat, M. Farès Boueiz confirme que le président Elias Hraoui est on ne peut plus sérieux quand il proclame qu’il refuserait une nouvelle prorogation de son mandat. Le ministre ajoute même que non seulement M. Hraoui ne veut pas s’accrocher mais aussi qu’il souhaite des présidentielles...