Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le juge Saad inculpe 28 personnes dont Tayyar et Harmouche dans l'affaire des faux timbres fiscaux Retrait de la plainte du ministère public contre Raafat Sleimane pour cause de décès

Retrait de la plainte du ministère public contre Raafat Sleimane pour cause de décès


Après un suspense qui a duré plus d’un an, le juge d’instruction du Mont-Liban, M. Moukhtar Saad (qui est devenu désormais avocat général à la Cour de cassation) a finalement publié l’acte d’accusation dans l’affaire de la falsification des timbres fiscaux. Cet acte d’accusation lève le voile sur certains points demeurés obscurs dans l’affaire du détournement de fonds au ministère des Finances qui s’est accompagnée de la disparition du fonctionnaire du ministère, Raafat Sleimane, de la mort de Farid Moussalli, au cours d’une descente opérée par une unité de la Sûreté de l’Etat, puis de la découverte de la dépouille de Raafat Sleimane dans les bois de Ghosta (Kesrouan), déformée par l’acide.

Certes, les principaux inculpés, notamment Mohamed Harmouche et Antoine Tayard, étaient passés aux aveux, et l’acte d’accusation dans l’affaire de la mort de Raafat Sleimane avait été publié, mais le public restait quand même un peu sur sa faim, avec l’impression que certains maillons de la chaîne demeuraient vagues.
Le procès de l’assassinat de Sleimane doit s’ouvrir le 10 novembre 1997. En attendant, le juge d’instruction du Mont-Liban a jeté hier la lumière sur de nouveaux points dans cette enquête à plusieurs volets. S’il a toutefois déféré 28 personnes devant le tribunal (des fonctionnaires, des propriétaires d’imprimeries, des faussaires et des trafiquants de drogue), les reconnaisant coupables de crimes passibles de peines allant de six mois de prison à la détention à perpétuité, il reste encore des zones d’ombre dans cette affaire complexe. Il faudra sans doute attendre la double publication par le premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Saïd Mirza, et le premier juge d’instruction militaire, M. Riad Talih, de leurs actes d’accusation respectifs dans l’affaire du détournement de fonds et dans la mort de Farid Moussalli pour clore définitivement ce dossier.
Dans son acte d’accusation, M. Moukhtar Saad accuse 28 personnes d’avoir procédé (ou participé) à la falsification de timbres fiscaux dans le but de les utiliser sciemment dans des opérations illégales et d’avoir falsifié des monnaies étrangères.
Selon le document, les services de l’ordre ont procédé au démantèlement d’un vaste réseau de trafic de drogue et de fabrication de fausse monnaie. Malgré cela, un groupe a poursuivi son action illégale. Mais ne parvenant plus à écouler la fausse monnaie, les membres de ce groupe ont commencé par falsifier des timbres fiscaux, car ceux-ci étant utilisés pour les formalités administratives, le public songe rarement à les examiner.
Des informations sont parvenues aux services judiciaires précisant que l’imprimerie Koreh, installée à Zouk Mosbeh et dirigée par les frères Fawzi et Joseph Koreh, continuait à fabriquer secrètement de la fausse monnaie. Les services de l’ordre ont alors décidé d’envoyer un de leurs agents qui se présenterait sous l’identité d’un certain «Abou Elias» et se déclarerait prêt à acheter des faux billets en quantité. Le dénommé Abou Elias a ainsi rencontré Joseph Koreh à Sin el-Fil et, à sa grande surprise, celui-ci lui a proposé de lui vendre de faux timbres fiscaux à la place des faux billets.
Ce fut le début d’une longue et difficile enquête. Les services de l’ordre se sont alors mis à surveiller étroitement les frères Koreh. C’est ainsi qu’ils ont découvert un lien entre les frères Koreh et le Palestinien Mohamed Hallak, résidant à Aïn Héloué. A la suite d’une perquisition à son domicile, des paquets de timbres falsifiés, de la catégorie de 20.000 L.L. , ont été trouvés.
Les services de l’ordre ont aussi découvert que les frères Koreh étant originaires du village de Bordaï (dans la Békaa), étaient liés à Abdallah Nayef Masri, un célèbre trafiquant de drogue et fabricant de fausse monnaie. Les trois hommes s’étaient d’ailleurs entendus pour que les frères Koreh impriment de faux billets de 100 dollars américains dans leur imprimerie et Abdallah Masri se chargerait de les écouler. De son côté, Farid Moussalli, plongé dans ses problèmes financiers (il avait dû quitter l’Arabie Séoudite en 1989, parce qu’il y avait été accusé de fabriquer de faux billets) se rendait fréquemment à l’imprimerie des frères Koreh pour ses papiers personnels. Pour renflouer ses finances, Moussalli s’était lancé dans le commerce des légumes entre le Liban et la Syrie avec son associé, le Syrien Mohamed Harmouche, très vite devenu son ami intime.
L’affaire s’est révélée perdante et Moussalli, habitué à mener un grand train de vie, s’est retouvé dans la dèche, poursuivi par les autorités libanaises pour émission de chèques sans provision. C’est alors qu’ayant eu vent de son expérience en matière de fraude, Fawzi Koreh lui parle de ses projets. Les faux billets de 100 dollars étant repérables, Fawzi Koreh a pris contact avec Tony Rahmé, spécialiste en filmage , pour qu’il l’aide à améliorer la qualité des faux billets.
Ainsi, le réseau ne cessait de s’agrandir. Un autre expert en fraude, le Palestinien, Hassan Youssef Naoufal, surnommé «al-Hhakim», a été recruté, et les services de l’imprimeur Kamal Azar (installé à Aïn Remmaneh) ont été sollicités pour améliorer la qualité des faux billets. Mais tous ces efforts n’ont pas réglé les problèmes financiers de Moussalli. La fin de la dèche est venue pour lui lorsqu’il a rencontré en 1995 Antoine Tayard, adjoint du trésorier au ministère des Finances. En se rendant fréquemment sur le lieu de travail de son nouvel ami, Moussalli a remarqué que le fonctionnaire Nabil Casti vendait les timbres fiscaux au public, sans procéder à la moindre vérification. C’est alors qu’il a eu l’idée de les falsifier, puisqu’il lui a paru facile de les écouler. Moussalli était d’autant plus enthousiaste pour l’opération qu’il avait eu vent des liens étroits existant entre Tayard et Raafat Sleimane, responsable de la caisse pour la vente des timbres fiscaux, dont le bureau jouxtait celui de Tayard.
Ainsi, Moussalli, avec la complicité de Tayard, s’est chargé de la falsification des timbres de 20.000 et 50.000 L.L. (en utilisant l’imprimerie des frères Koreh) et Raafat Sleimane se chargeait de les écouler.
Malgré cela, le juge d’instruction a retiré la plainte du ministère public à l’encontre de Sleimane, à cause de son décès, planifié, selon l’enquête, par Antoine Tayard, parce que Sleimane refusait de donner son accord au plan de Moussallli visant à se débarrasser du fonctionnaire Nabil Casti.
Après de longues investigations et surtout après les interrogatoires serrés des inculpés Antoine Tayard, Mohamed Harmouche, Fawzi et Joseph Koreh, Mohamed Hallak et d’autres, le juge d’instruction a accusé 28 personnes de falsification de timbres fiscaux et de participation à leur écoulement, conformément aux dispositions des articles 443, 443/219, 450/219 et 222 du Code pénal. Les inculpés sont passibles de peines allant de six mois de prison (pour les moins impliqués) à la détention à perpétuité pour notamment Tayard, les fréres Koreh et Mohamed Harmouche.

Retrait de la plainte du ministère public contre Raafat Sleimane pour cause de décèsAprès un suspense qui a duré plus d’un an, le juge d’instruction du Mont-Liban, M. Moukhtar Saad (qui est devenu désormais avocat général à la Cour de cassation) a finalement publié l’acte d’accusation dans l’affaire de la falsification des timbres fiscaux. Cet acte d’accusation...