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Actualités - REPORTAGE

Le Liban n'est plus classé parmi les pays pauvres

La pauvreté dans le monde a reculé davantage au cours des cinq dernières décennies que durant les cinq siècles précédents. Selon un rapport particulièrement détaillé publié par le PNUD, depuis 1960, les pays en développement ont réussi à faire baisser de moitié le taux de mortalité infantile, à réduire d’un tiers la malnutrition et à faire progresser de 25% le taux de scolarité. Toutefois, un quart de la population à travers le monde vit encore dans la pauvreté. Plus d’un milliard et demi accuse encore des revenus de moins de un dollar par jour
Environ 840 millions d’humains souffrent encore de la faim et les femmes représentent 70% de la population la plus pauvre. Près d’un tiers de ces populations les plus démunies ont une espérance de vie n’excédant pas 40 ans.
La pauvreté frappe partout, dans les pays développés comme dans les pays en développement. Plus de 100 millions de personnes vivent aussi dans la misère dans les pays les plus industrialisés et 37 millions d’entre elles sont au chômage. L’écart entre les 20% de la population mondiale les plus riches et les 20% les plus pauvres a largement doublé, passant de 1 à 30 en 1960 à l à 78 en 1994.
Depuis cinquante-deux ans, le PNUD lutte contre la pauvreté dans le monde, à une grande échelle. De son expérience réussie dans de nombreux pays, ont été tirés des principes théoriques qui pourraient devenir des volontés politiques afin d’éradiquer plus rapidement la pauvreté dans le monde. Selon les options définies par le PNUD, la responsabilisation des populations est un atout majeur et nécessite l’accès à l’éducation, à la formation, aux services de santé, à l’énergie et au crédit. La promotion des femmes dans les activités économiques paraît essentielle. La croissance économique pro-pauvres et la gestion de la mondialisation, en se préoccupant d’une plus juste répartition des richesses, sont les pôles d’une sécurité générale qui se solderait dans la région du Moyen-Orient vers un recul des extrémismes de tous bords. Dans le rapport du PNUD et selon un classement calculé en fonction d’un indicateur de la pauvreté humaine, les pays africains sont particulièrement affectés par la pauvreté contrairement aux pays d’Amérique du Sud qui, eux, affichent un taux de progression important ces dernières années, au vu d’un rapport paru en 1997. Pour la première fois depuis des années, si le Liban n’apparaît pas parmi les pays industrialisés, il n’en est pas moins soustrait de la carte de la pauvreté mondiale.

Qu’en est-il au Liban?

Qui est réellement pauvre au Liban? Cette notion est encore mal définie, faute de statistiques. Par ailleurs, s’il est vrai que le Liban prend parfois des allures de pays du tiers monde (en matière de santé et d’éducation) il n’en est pas moins vrai que ses besoins en terme de consommation sont plus proches de ceux des pays industrialisés; de là, une considération de la limite de pauvreté au Liban quelque peu atypique en comparaison avec les autres pays en développement ou de la région.
Dans le mode de calcul du seuil de pauvreté, il faut distinguer donc deux phases: l’une étant basée sur les besoins et les consommations en terme de calories par l’ensemble de la population libanaise et spécialement par les plus démunis et la deuxième pouvant être très variable puisque faisant appel à des critères de consommation ou de niveaux de vie spécifiques au Liban, mais non forcément vitaux.
En fait, les études de la Banque mondiale, en association avec le PNUD et des spécialistes libanais, ont été basées sur la nourriture nécessaire par classe d’âge et catégorie d’individus vivant au Liban pour établir le minimum vital; un montant de 377$ a été évalué en 1993 et en milieu rural. L’incidence du milieu urbain implique une augmentation de 11,5%. A ce minimum vital basé sur le nombre strict de calories absorbées par jour par la population libanaise s’ajoutent toutefois des frais plus ou moins incontournables et marquant une différence avec d’autres pays du tiers monde; ainsi, les frais de santé ou d’école ou encore les loyers, les transports, l’électricité, l’eau et divers autres services publics sont traditionnellement indispensables à la vie des Libanais; dans ces conditions, il faut doubler la somme retenue.
Si l’on tient compte de l’inflation des dernières années (depuis 1993), le seuil de pauvreté serait de 900$ par mois et pour une famille.
Il faut noter que dans le montant retenu, la part des loyers est minime et équivalente à 3 ou 4% des revenus; en effet le prix moyen des loyers au niveau national est encore très bas, parce que non réévalué ou très peu depuis le début de la guerre en 1975; mais qu’en est- il pour les jeunes ménages qui représentent 30% de la population?
En outre, dans cette évaluation il a été noté que 40% des enfants se rendent dans des écoles du secteur public contre 60% dans les écoles privées.
Au-delà de ces considérations, le minimum vital est très variable mais globalement le seuil de pauvreté atteint encore environ 30% de la population. Le salaire moyen est de 400$, dans l’attente d’une amélioration du salaire minimum.

Le «social intelligent»:
une solution peu coûteuse

Malgré les efforts de dépenses au plan social, la crise sociale stagne à un niveau critique. En effet, chacun sait que si le salaire moyen est au Liban de 400$ par mois, une enquête récente de la Banque mondiale a fixé le seuil de pauvreté au Liban à 900$ de revenus par mois, pour une famille de cinq personnes. Les questions de développement de l’enseignement public, des soins de première urgence accessibles à tous, des programmes de logement social, l’amélioration du marché du travail, le respect des libertés publiques, tous ces thèmes sont d’un intérêt primordial et devraient représenter des priorités pour le gouvernement et le secteur privé. Si les projets de reconstruction du Liban sont globalement positifs, il s’agit maintenant d’y insérer des priorités sociales, touchant des secteurs cibles spécifiques pour préserver au moins les plus démunis. Certaines mesures dites de «social intelligent» pourraient être prises tels l’encouragement des crédits pour les petites entreprises, une réhabilitation des agences pour l’emploi, des systèmes de recyclage à l’intérieur des entreprises, une formule de formation d’infirmières liée à la création de dispensaires et une réforme en profondeur de l’école publique; autant de projets qui s’autofinancent et qui nécessitent avant tout une volonté politique encore trop absente.

Gérard DE HAUTEVILLE
La pauvreté dans le monde a reculé davantage au cours des cinq dernières décennies que durant les cinq siècles précédents. Selon un rapport particulièrement détaillé publié par le PNUD, depuis 1960, les pays en développement ont réussi à faire baisser de moitié le taux de mortalité infantile, à réduire d’un tiers la malnutrition et à faire progresser de 25% le taux...