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Actualités - CHRONOLOGIE

L'affaire des nominations envenime les rapports Hraoui-Hariri Le chef de l'état ne serait pas hostile à un scrutin présidentiel anticipé (photo)


LE CHEF DE L’ÉTAT NE SERAIT PAS HOSTILE À UN SCRUTIN PRÉSIDENTIEL ANTICIPÉ


Après la brouille Berry-Hariri, il semble que soit venu le temps d’une brouille Hraoui-Hariri. Les rapports entre le chef de l’Etat et le président du Conseil se sont subitement détériorés à la suite du Conseil des ministres de la semaine dernière et des «nominations manquées», aux postes de la première catégorie, de MM. Khalil Abou Mansour, appuyé par le chef de l’Etat, à la direction générale des Douanes, et de M. Claude Karam, appuyé par M. Hariri, à la présidence de l’ Inspection centrale.

La crise a éclaté avec des propos attribués par un quotidien local au chef de l’Etat, dans lequel ce dernier déclare accepter des élections présidentielles anticipées, si l’assainissement du climat politique est à ce prix. Le chef du gouvernement, qui s’est rendu à Baabda pour en savoir plus, en est revenu «surpris par la sécheresse et l’hostilité de ton» que, selon des sources informées, le chef de l’Etat a affiché. Ce dernier aurait confirmé qu’il est prêt à accepter un scrutin présidentiel anticipé, quitte à achever son mandat ou même à démissionner aussitôt que le nouveau chef de l’Etat serait élu.
Le président Hraoui constate amèrement en effet qu’il ne parvient plus à nommer un seul fonctionnaire de la première catégorie, et que les nominations des fonctionnaires maronites lui échappent aussi, alors que les communautés chiite et sunnite parviennent à désigner leurs fonctionnaires.
A cette frustration viennent se greffer d’autres sources de tension, comme celle de la direction de la gendarmerie, au sein des FSI, poste vacant dévolu normalement à un maronite, et que M. Hariri veut abolir, dans le cadre d’un projet de réorganisation de cette direction générale au sein du ministère de l’Intérieur. Des nominations diplomatiques sont également en souffrance, en raison de la lutte d’influence que se livrent les trois présidents.
Il n’est jusqu’au projet de loi organisant les élections municipales qui ne soit au centre de divergences, ajoutent les observateurs. Torpillant un Conseil des ministres au cours duquel ce projet devait être débattu, M. Hariri se rendra aujourd’hui au Koweit, au chevet du prince héritier Saad qui se remet d’une intervention chirurgicale.
L’accord entre MM. Hariri et Berry sur l’occupation par rotation des postes de la première catégorie, sans exclusive de nature confessionnelle, a également alourdi le contentieux. Enfin, constatant — tardivement — que le système de nomination des fonctionnaires était «erroné», M. Hariri ne veut plus entendre parler d’accord à ce sujet, avec les chefs de l’Etat et de l’Assemblée, et souhaite «placer les ministres devant leur responsabilité» et «laisser jouer les institutions». Derrière ce langage, le chef de l’Etat voit se profiler la confortable majorité dont M. Hariri pourrait bénéficier au sein du gouvernement, en cas d’approbation de M. Berry, et la «portion congrue» qui lui reviendrait, dans ce cas, dans la nomination de fonctionnaires.

Explications de Hariri

Dans le cadre de la lutte d’influence que se livrent, par médias interposés, MM. Hraoui et Hariri, le chef du gouvernement a estimé qu’il est «prématuré»  de commenter des propos attribués au chef de l’Etat.
Le chef du gouvernement s’est contenté de déclarer que pour organiser des élections présidentielles anticipées, il faut amender la Constitution. Une telle proposition ne peut émaner que du chef de l’Etat, en Conseil des ministres, et du Parlement, a-t-il ajouté, avant de souligner que le processus d’amendement de la Constitution par l’Assemblée est «très compliqué».
«Il nous reste un an avant l’élection présidentielle, a enchaîné M. Hariri. Il n’y a pas de raison d’en avancer la date, sans compter que de nombreux facteurs commandent ce scrutin présidentiel. Ce serait un manque de perspicacité que d’engager dès maintenant la bataille de la présidence». Le mandat du président Hraoui s’achève en novembre 1998, rappelle-t-on.
Le chef du gouvernement a estimé que les propos attribués au chef de l’Etat «ne constituent pas» une manière pour ce dernier, d’ouvrir la bataille des présidentielles, et a réaffirmé que, du reste, M. Hraoui n’est pas concerné par cette bataille. Voici quelques semaines, le chef du gouvernement avait assuré que l’idée d’une seconde prorogation de trois ans du mandat du président Hraoui est exclue.
Dans l’entretien qui lui est attribué, le chef de l’Etat affirme qu’il a demandé aux services de la présidence d’entamer l’inventaire des objets se trouvant au palais de Baabda, en prévision de son départ.
M. Hariri s’est défendu par ailleurs de désorganiser la vie des institutions par ses fréquents voyages, et a affirmé que son récent déplacement en Arménie et la visite de quelques heures qu’il rendra aujourd’hui au Koweit se justifient même s’ils bouleversent quelque peu le calendrier officiel. «Le voyage en Arménie était prévu depuis un certain temps, et avait été reporté plusieurs fois. L’Arménie est une nation amie, et je pense que le voyage était utile», a-t-il dit.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a réaffirmé qu’il ne s’oppose pas à la révision des taxes prévues à l’annexe 9 du Budget, mais qu’il tient par contre à ce que le taux du déficit prévu (37,5%), ne soit pas dépassé. Le chef du gouvernement a noté, au passage, qu’il tient compte des propositions de taxes avancées dans les journaux, mais que les revenus escomptés lui semblaient en général «dérisoires», «exagérés»  ou «insuffisants».
«Mais peut-être est-il encore trop tôt pour en parler, a-t-il remarqué, laissons les choses se faire objectivement».
Au sujet des taxes indirectes et de la nature de la fiscalité sur lesquelles repose l’Etat, M. Hariri a déclaré que «depuis l’Indépendance, il en est ainsi». Il a affirmé à ce sujet, que son gouvernement a réussi à inverser le rapport de l’impôt sur le revenu payé par les fonctionnaires et les compagnies. «Aujourd’hui, les impôts sur le revenu provenant des fonctionnaires ne représentent plus que 5% du total des sommes collectées, les sociétés et compagnies payant les 95% restants. Auparavant l’inverse était vrai».
Au cours des six premiers mois de l’année, a-t-il précisé, l’Etat a perçu à ce titre 270 milliards de L.L. Auparavant, l’Etat ne collectait pas plus d’un milliard de L.L.
«Mais ceux qui demandent une amélioration de la perception des taxes et impôts continuent d’avoir raison», s’est-il empressé de noter. M. Hariri a déclaré que pour améliorer les recettes, il est nécessaire de créer au sein du ministère de l’Intérieur une direction des recettes, ou même, comme cela se fait aux Etats-Unis, un office spécial qui comprendrait des fonctionnaires compétents et bien payés, et dont la tâche serait de diversifier les sources de revenus du Trésor. Un projet de loi en ce sens est en préparation a-t-il dit.
Il y a lieu de noter que les recettes du Trésor sont assurées à 90% par des taxes indirectes, une situation jugée profondément injuste par une grande partie des députés. Ces derniers réclament une réforme fiscale en profondeur, comme alternative au défi que leur lance le chef du gouvernement, de trouver des sources de revenus de substitut aux taxes indirectes qu’il propose.
Enfin, M. Hariri a assuré que la manière dont les nominations administratives étaient décidées, jusqu’à présent, dans la République de Taëf, était erronée. M. Hariri en a fait assumer la responsabilité au système politique tout entier. 
«Il s’agit d’une faute politique. Nous en assumons tous la responsabilité, a déclaré le président du Conseil, au cours d’un programme sur Télé-Liban. J’en assume la responsabilité, ainsi que le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée, de même que l’Assemblée et le Conseil des ministres. C’est tout un climat politique». «A mon sens, a-t-il ajouté, les nominations doivent être faites autrement. Il faut laisser agir les institutions».
Fady Noun
F.N.
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