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Actualités - ANALYSE

Les haririens en ont gros sur le coeur...

L’impression de pression qu’éprouvent le président Rafic Hariri et le gouvernement, du fait des positions adoptées par le président Berry, «est des plus fortes», reconnaissent volontiers les loyalistes.
Il avouent «ne pas beaucoup comprendre la dureté, voire l’intransigeance du président de la Chambre qui devrait, du fait de ses fonctions même jouer un rôle de modérateur, de trait d’union et non d’opposant déchaîné». Et d’ajouter que «cela fait belle lurette que nous avons tendu la main, tout à fait en vain, à M. Berry. Il a été annoncé que la prorogation n’aurait pas lieu, pour le rassurer et pour lui complaire. Puis un arrangement lui a été offert et nous avons voulu nous rapprocher de lui, au risque de nous éloigner du président Hraoui qui pourtant s’efforce de nous aider à faire passer cette histoire de surtaxation si impopulaire, mais si nécessaire».
Ces sources indiquent ensuite qu’outre les rencontres directes avec le président Berry, M. Hariri tente de desserrer l’étau politique et économique par divers contacts qui visent globalement à permettre le passage sans encombre de son plan budgétaire à la Chambre. Les haririens affirment ensuite que «si jamais l’impasse devait se confirmer le chef du gouvernement partirait et on ne pourrait pas cette fois le retenir comme on l’a fait à l’issue du Conseil des ministres où le projet de la surtaxe sur l’essence a chuté. Il est probable, supputent ces loyalistes, qu’on priera M. Hariri de se succéder encore une fois à lui-même et cette fois-ci, très sérieusement, il posera comme condition unique qu’on le laisse former le gouvernement à sa guise. Une fois l’opposition ministérielle intérieure éliminée, tout deviendra plus facile…»
On ne voit pas à dire vrai comment un chef de gouvernement parti sous la pression pourrait revenir avec les coudées franches et carte blanche. Les haririens soutiennent cependant que cela serait possible «car nous préparons activement le terrain du côté des décideurs…» Ce qui peut effectivement tout changer. Toujours est-il que M. Hariri en personne se montre moins nerveux que son entourage et dément fermement toute intention de quitter la barre, en soulignant que le moment serait très mal choisi, qu’on ne quitte pas un navire au moment où il est en train de franchir une passe dangereuse. Il répète, en citant plusieurs exemples dont celui de Juppé et de Major, qu’il faut savoir, quand on est un vrai gouvernement, prendre des mesures en sachant qu’elles sont impopulaires, l’intérêt du pays devant passer avant toute autre considération. Mais il avoue aussi en privé, selon certains témoins, qu’il est presque sur le point de se sentir écœuré par l’hostilité et l’incompréhension politiques qu’on lui manifeste de divers côtés.

Contre-attaque

— Bien entendu les partisans de M. Berry ne sont pas loin pour leur part de considérer le bruitage haririen sur une éventuelle démission, comme une contre-pression qui tient presque du chantage affectif. Ils affirment qu’ils ne sont pas dupes parce qu’à les en croire les décideurs interdisent au gouvernement et à son chef de partir, tout comme ils interdisent à la Chambre de mettre le Cabinet en minorité. Cette double ligne rouge, qui ne date pas d’aujourd’hui, tient essentiellement à la délicatesse de la phase régionale actuelle sur laquelle les décideurs doivent se focaliser totalement, sans avoir à se préoccuper d’une crise ministérielle libanaise qui aurait en outre le désavantage de donner l’impression qu’ils tiennent mal en main la situation politique sur une scène locale qui reste leur chasse gardée. De plus, après le passage d’Albright, il y aurait à craindre que les Américains ne s’engouffrent dans toute brèche, à l’occasion d’un quelconque changement sur cette même scène libanaise. Eventualité d’autant plus redoutable que l’an prochain, il faudra probablement négocier avec Washington, comme en 88 au sujet des présidentielles libanaises…
Toujours est-il qu’on tombe en définitive dans une contradiction assez ahurissante au fond: ce sont les opposants qui aujourd’hui clament le plus fort que le gouvernement doit absolument rester. Non pas seulement parce qu’ils y ont leur cheval de Troie sous forme du groupe de ministres dits frondeurs, mais surtout font-ils valoir «parce qu’il est inadmissible que MM. Hariri et Siniora s’en aillent après avoir porté la dette publique à 13 milliards de dollars sans essayer d’abord de renflouer les caisses du trésor». Un peu ahurissant ce point de vue, répétons-le, quand on se rappelle que ces mêmes opposants refusent au pouvoir les moyens qu’il réclame pour redresser la barre.
Comme quoi, comme le disent pareillement les trois présidents, mais chacun en pensant aux autres, il faut avant tout et plus que jamais «changer les mentalités…» Il serait temps, en effet.

Ph. A.-A.
L’impression de pression qu’éprouvent le président Rafic Hariri et le gouvernement, du fait des positions adoptées par le président Berry, «est des plus fortes», reconnaissent volontiers les loyalistes.Il avouent «ne pas beaucoup comprendre la dureté, voire l’intransigeance du président de la Chambre qui devrait, du fait de ses fonctions même jouer un rôle de...