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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Berlaymont de Bruxelles, chantier maudit et cancérigène

Le Berlaymont, ancien siège de la Commission européenne au cœur du quartier européen de Bruxelles, truffé d’amiante cancérigène, est-t-il devenu un chantier maudit?
La question est posée après la publication cette semaine d’un rapport d’expertise accablant sur les problèmes de ce chantier de déblocage démarré en août 1995.
Le Berlaymont, recouvert depuis deux ans d’une immense bâche plastifiée blanche, «façon Cristo», hébergeait jusqu’au début 1992 quelque 3.300 fonctionnaires de la Commission européenne, dont plusieurs souffrent de cancer du poumon pour y avoir respiré l’air amianté de leurs bureaux.
Quelque 4.000 tonnes d’amiante floquée, produit ignifuge très en vogue dans les années 60, ont été utilisées dans les structures métalliques de cet immeuble ainsi que dans la plupart des parois internes.
Selon les experts, les travaux de désamiantisation engagés depuis 1995 ont en fait contribué non seulement à la contamination de plusieurs parties saines de l’immeuble de 13 étages, mais également à des fuites de fibres cancérigènes dans le quartier très peuplé les jours ouvrables.
Le rapport établi par la société Technip à la demande de Berlaymont 2000, le maître d’ouvrage, a constaté toute une série de négligences graves. A commencer par la façon dont le chantier est mené.
Trois entreprises sur les quatre prévues au départ (l’une ayant fait faillite en cours de route) s’occupent chacune d’une partie de l’immeuble, selon un découpage par étages, sans véritable coordination entre leurs plans de travail.

Anarchie

«La maîtrise d’ouvrage n’a jamais pu contrôler efficacement le travail des entreprises en zone (de désamiantage) où un laxisme et un laisser-aller s’est progressivement installé», note le rapport, qui dénonce l’«anarchie» régnant sur le chantier.
Ainsi, une zone désamiantée par une entreprise jouxte une autre en cours de décontamination, mais dont l’enveloppe de protection n’est plus étanche et provoque des fuites de fibres et poussières d’amiante.
Les différentes enveloppes de protection du bâtiment présentent en outre des trous et de nombreuses déchirures, visibles à l’œil nu de l’extérieur.
La circulation entre les étages de flux d’air pollué à la poussière d’amiante a par ailleurs entraîné la contamination de toutes sortes d’installations initialement «saines», des armoires électriques aux ventilateurs et aux cages d’ascenseurs.
La formation des ouvriers spécialisés sur le chantier laisse également à désirer, dénoncent les experts, qui ont constaté de nombreux manquements, du laisser-aller dans le tri des déchets au manque de rigueur dans l’utilisation des équipements de protection.
Les difficultés sont renforcées par l’incompréhension entre les employés du chantier, véritable tour de Babel rassemblant des ouvriers d’une dizaine de nationalités.
Devant toutes ces accusations, le ministère de l’Environnement de la région de Bruxelles-Capitale a décidé de procéder à une inspection générale du chantier et a promis de procéder, le cas échéant, à la fermeture du chantier.
«Mais s’il y avait eu des problèmes de pollution, ils auraient été enregistrés par les instruments sur les 150 points de mesure et qui sont relevés quotidiennement», note son porte-parole, Maurice Peters.
Jusqu’ici, aucun dépassement de la limite de 0,01 fibre par centimètres cubes d’air, imposée par la législation belge, n’a été officiellement constaté.
En attendant les résultats de l’inspection, les travaux de déflocage, qui devaient se terminer fin 1998, sont provisoirement suspendus sur ce chantier dont le coût estimé a triplé depuis son ouverture passant à 3,6 milliards de francs belges (60 millions de dollars), à la charge de l’Etat belge. (AFP)
Le Berlaymont, ancien siège de la Commission européenne au cœur du quartier européen de Bruxelles, truffé d’amiante cancérigène, est-t-il devenu un chantier maudit?La question est posée après la publication cette semaine d’un rapport d’expertise accablant sur les problèmes de ce chantier de déblocage démarré en août 1995.Le Berlaymont, recouvert depuis deux ans...