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Actualités - CHRONOLOGIE

Criminalité, mafias : l'Europe centrale impuissante

Deux meurtres par jour en Roumanie, fusillades à Prague et Varsovie, mafieux achevés sur leur lit d’hôpital à Bratislava, flots de voitures volées vers la Bulgarie: l’Europe centrale est incapable d’enrayer une criminalité galopante et l’implantation de la mafia.
Alors que s’ouvre vendredi à Stasbourg (France) un sommet européen dont l’un des principaux chapitres doit être le renforcement de la sécurité des 770 millions de citoyens européens, des dizaines de millions d’entre eux pâtissent précisément de la corruption, du développement de la toxicomanie, du terrorisme, du blanchiment d’argent et de l’exploitation sexuelle des enfants.
«Les systèmes policiers et judiciaires des pays d’Europe centrale ne sont pas préparés à lutter contre le crime organisé», déclare Pino Arlacchi, directeur de l’Office de l’ONU pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes dont le siège est à Vienne.
«Ces pays avaient des polices efficaces sous les régimes communistes, mais il s’agissait de polices politiques. La principale urgence est maintenant de reconstruire des systèmes de renseignements sur les criminels», a-t-il ajouté.
Les Polonais, qui craignent de plus en plus pour leur sécurité, s’arment ou emploient des gardes du corps, et la majorité d’entre eux est désormais favorable au rétablissement de la peine de mort.
Les mafieux russes et ukrainiens s’emploient notamment à dévaliser les passagers, qui, munis d’argent en liquide, se rendent en Allemagne pour y acheter des voitures d’occasion.
En Slovaquie, c’est la guerre des mafias. Des attentats ont fait au moins six morts en deux ans, plusieurs parrains ont été exécutés cette année et l’un d’eux a été achevé dimanche sur son lit d’hôpital par un tueur à gages. Selon la police, le milieu slovaque est spécialisé dans la prostitution et le racket d’entrepreneurs, tandis que les trafics d’armes et de drogue sont aux mains de gangs étrangers, notamment venus de l’Ukraine voisine.
Prague est devenue une plaque tournante où s’affrontent des groupes russes, ukrainiens, tchétchènes et ex-yougoslaves, notamment des Albanais du Kosovo qui dominent le marché des stupéfiants et des drogues dures. Plusieurs fusillades ont éclaté récemment et un règlement de compte a eu lieu sur la place Wenceslas, au cœur de la capitale.

Droit de
passage

Depuis plusieurs mois, automobilistes et routiers venant d’ex-URSS se voient en outre exiger un «droit de passage» en marks ou en dollars par des gangs russes et ukrainiens.
En Bulgarie, 52.000 voitures volées sont recherchées par la police, dont 9.500 dérobées depuis le début de l’année. Les gangs sont «souvent mieux organisés, mieux informés et beaucoup mieux équipés» que l’administration, reconnaît le premier ministre bulgare Ivan Kostov.
Même le ministre de l’Intérieur Bogomil Bonev reconnaît que «les ramifications de la mafia en Bulgarie sont terrifiantes et atteignent les plus hautes sphères du pouvoir».
Ce pays arrive en cinquième place pour le nombre de cambriolages après l’Ouganda, la Tanzanie, la Bolivie et la Mongolie. La Bulgarie est, après la Chine, le deuxième producteur mondial de CD pirates.
A Budapest, des groupes mafieux russes et ukrainiens contrôlent la majorité des réseaux de prostitution, trafic de groupe et ventes d’armes. Quatre hommes d’affaires hongrois et quatre commerçants chinois ont été tués en 18 mois, plusieurs hommes d’affaires ont été blessés et des discothèques ont été attaquées.
Un meurtre est perpétré toutes les 13 heures en Roumanie, où le taux de criminalité est passé de 414 délits pour 100.000 habitants en 1990, à 1.423 délits pour 100.000 habitants en 1996.
La police a arrêté 330 personnes impliquées dans la traite des blanches et a démantelé 27 réseaux de voitures volées. Cette économie «souterraine» représentait en 1996 42% du PIB.
Quant aux gouvernements, ils tentent bien d’agir mais sans grands résultats.
Un accord de coopération anticrime a été signé début octobre entre Bucarest, Ankara et Sofia. Bucarest a déjà signé un accord similaire avec Budapest. Le gouvernement hongrois enquête sur 150 sociétés soupçonnées d’être liées aux groupes mafieux. (AFP)
Deux meurtres par jour en Roumanie, fusillades à Prague et Varsovie, mafieux achevés sur leur lit d’hôpital à Bratislava, flots de voitures volées vers la Bulgarie: l’Europe centrale est incapable d’enrayer une criminalité galopante et l’implantation de la mafia.Alors que s’ouvre vendredi à Stasbourg (France) un sommet européen dont l’un des principaux chapitres...