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Actualités - ANALYSE

Derechef de l'eau dans le gaz entre présidents...

Le temps est changeant. Les humeurs des politiciens aussi. Lundi c’était presque la lune de miel entre les partisans du président Nabih Berry et ceux du président Rafic Hariri. Mais hier, brusque revirement: on entendait les haririens exhaler dans les couloirs leur agacement à propos «des fortes pressions qu’exerce le président de la Chambre qui en oublie son devoir d’impartialité et cherche à nous ravir le pouvoir exécutif...».
Et d’avouer ensuite que «ce comportement conquérant de M. Berry est inquiétant dans la mesure où il semble bénéficier de l’appui des Syriens. C’est en effet après l’audience de quatre heures que lui a accordée le président Hafez el-Assad que M. Berry a montré les dents et sorti les griffes. En outre, le rejet par le Conseil des ministres du plan des huit cents millions de dollars ne s’explique pas autrement et sans d’évidentes consignes des décideurs, répercutées par M. Berry, les ministres que M. Hariri croyait contrôler n’auraient pas voté contre lui».
Pour ces haririens, «il est évident que le dialogue auquel on nous invite pour traiter le dossier socio-économique ne peut être qu’un dialogue de sourds et qu’on cherche en lançant de tels appels à faire diversion. On veut également nous affaiblir par des surenchères démagogiques faciles se développant sur le thème de la défense des économiquement faibles contre les impôts. On pousse d’ailleurs la provocation très loin: le député amaliste Mohammed Abdel Hamid Beydoun n’a-t-il pas demandé qu’on traduise en justice le ministre des Finances, qui n’est autre que M. Hariri lui-même?... Dans ces conditions, dans ce climat, parler de dialogue c’est une plaisanterie...».
Ces sources ajoutent que, «malgré toutes les avanies, le président Rafic Hariri garde son sang-froid et patiente. Il a en effet promis à la Syrie qu’il ne démissionnera pas, étant donné que la délicate conjoncture régionale ne permet pas de crise politique ouverte et de secousses sur la scène locale. M. Hariri, tirant les conséquences du vote négatif en Conseil des ministres, a failli en effet remettre son tablier au chef de l’Etat, mais M. Abdel Halim Khaddam, vice-président de la République syrienne, informé de ses intentions par un coup de fil du président Hraoui, l’en a dissuadé. Mais, poursuivent les haririens, à l’impossible nul n’est tenu. M. Hariri ne peut pas continuer à supporter indéfiniment la tension qu’on lui impose ni à assumer la responsabilité d’une dégradation à laquelle on refuse de remédier en rejetant son plan. Le rôle de citron pressé ne lui convient pas et il ne compte pas s’y éterniser».

Satisfaction

A entendre des propos aussi amers, beaucoup d’opposants se frottent les mains. L’un d’eux, jetant de l’huile sur le feu et du sel sur la plaie, souligne avec une onction toute benoîte que «la démocratie bien appliquée impose à un chef de gouvernement désavoué par son Cabinet ou par la Chambre de démissionner. Il est inutile qu’il continue à traîner sur un fauteuil dénué de tout pouvoir. Il est inutile qu’il y reste cloué pour y subir, sans être autorisé à réagir, le supplice d’une constante flagellation verbale dispensée par l’autre branche du pouvoir. Mais même si cela n’était pas le cas, affirme cet opposant, M. Hariri, après avoir rendu des comptes, devrait partir ou être remercié. Car c’est sa gestion, à lui et à sa fine équipe, qui a mené le pays au bord de la ruine et provoqué le désastre socio-économique auquel nous assistons. Dans le même sens, puisqu’il n’est pas en mesure de venir en aide aux régions déshéritées, puisqu’il ne peut pas assurer le retour des déplacés, puisqu’il ne peut rien financer finalement, on se demande ce qu’il reste faire, à quoi sa présence à la présidence du Conseil peut bien servir...».
«Tout d’abord, réplique un haririen, à maintenir la stabilité de la livre, vitale pour ce pays. Ensuite, à mettre tout un chacun devant ses responsabilités: comment peut-on à la fois affirmer que M. Hariri est responsable du déficit budgétaire et lui interdire le moyen d’y remédier? Comment le considère-t-on comme responsable du handicap de certaines régions où se développent les appels à la révolte et l’empêche-t-on de leur venir en aide? Il est facile de faire des surenchères démagogiques, mais il n’est pas facile de gouverner. On le comprendra mieux quand M. Hariri, n’en pouvant plus, partira...».
Perspective qui était donc sur toutes les lèvres hier et faisait l’objet de mille spéculations, tandis que l’on attendait, avec espoir pour certains, avec angoisse pour d’autres, les résultats de la visite que le principal intéressé rendait à Damas. Où comme on sait tout se décide.
E.K.
Le temps est changeant. Les humeurs des politiciens aussi. Lundi c’était presque la lune de miel entre les partisans du président Nabih Berry et ceux du président Rafic Hariri. Mais hier, brusque revirement: on entendait les haririens exhaler dans les couloirs leur agacement à propos «des fortes pressions qu’exerce le président de la Chambre qui en oublie son devoir...