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Actualités - ANALYSE

Débat animé à la chambre en perspective (photo)

Le budget d’austérité 1998, fruit d’une pénible césarienne en Conseil des ministres, connaîtra-t-il à la Chambre un sort plus naturel, moins chirurgical... Ne risque-t-il pas de faire de nouveau l’objet de sévères empoignades au sujet de ses chiffres et des dispositions fiscales qu’il prévoit... La balance des relations Berry-Hariri, plutôt équilibrée ces jours-ci, influera-t-elle sur les débats et calmera-t-elle des députés pour qui, toutes tendances confondues, le budget est le chiffon rouge par excellence, puisqu’il concerne aussi leurs circonscriptions et leur électorat...
En tout cas, les opposants affûtent leurs armes. Ils indiquent qu’ils auront beaucoup de questions à poser, que le gouvernement devra leur fournir autant d’éclaircissements, ce qui ne manquera pas de faire traîner les débats en longueur, d’allonger la sauce. Uniquement sur le plan verbal d’ailleurs puisque, comme on sait, la Chambre ne peut ni refuser ni augmenter le budget, seulement le réduire dans certaines limites. Si elle devait déroger à cette règle, l’Exécutif serait en droit de la dissoudre.
Toujours est-il que les opposants toujours prévenants, au double sens du mot, annoncent dès à présent qu’ils vont interroger inlassablement le gouvernement, le harceler sur les points suivants:
— Vu les fâcheux précédents d’engagements non tenus, vu le budget de l’année en cours qui accuse un déficit de 55%, soit 28% de plus que prévu initialement, qu’est-ce qui garantit que la compression budgétaire annoncée par le gouvernement ne restera pas une vue de l’esprit? Où sont les textes de restriction forcée accompagnateurs, comme l’interdiction par décret au Conseil des ministres lui-même d’octroyer aux ministères et autres services publics des avances sur le Trésor? Quel organisme techniquement qualifié est-il mis en place pour vérifier les prévisions fantaisistes des fonctionnaires auteurs du budget qui, pour l’exercice financier en cours, avaient vu deux fois trop large pour les recettes et deux fois trop étroit pour les dépenses? Qui peut empêcher la gabegie, le gaspillage, les magouilles et les effarants détournements de fonds comme il s’en est produit, entre autres, au ministère même des Finances? Quels sont les moyens adoptés pour améliorer effectivement la perception fiscale ou quittancière? Sur quel contrôle compter quand, Chambre comprise, le pays sera entré dans la période faste des présidentielles ? Qu’est-ce qui empêchera un Cabinet en fin de parcours de se livrer à un surcroît de fantaisies somptuaires et anarchiques?

Projets

— Quels sont au juste les projets qu’on compte financer grâce au relèvement du barème d’impôts, de taxes, de quittances et de droits? Quelles vont être les retombées socio-économiques de cette augmentation fiscale et ne risque-t-elle pas d’élargir encore plus l’éventail, déjà impressionnant, des régions comme des contribuables qui se dérobent devant l’impôt? Ne va-t-on pas ainsi, au lieu d’augmenter les ressources, en provoquer une diminution supplémentaire?
En réalité, ce point, tout à fait essentiel, va sans doute soulever une tempête de protestations de la part des syndicats mais aussi de nombre de politiciens. Les discussions dans les commissions parlementaires à ce sujet risquent d’être houleuses et de s’éterniser. D’autant qu’il est déjà question de convoquer Place de l’Etoile toute une kyrielle d’économistes, de représentants des organismes économiques et des syndicats pour en recueillir le point de vue. Le débat, plus particulièrement articulé autour du tableau numéro neuf du barème général, portera sur les chiffres mais aussi sur les produits à surtaxer ou à remplacer sur la liste par d’autres denrées. Les députés comptent en tout cas réclamer des chiffres précis, et non une estimation approximative, sur ce que l’augmentation fiscale pourrait donner au Trésor, pour voir si le jeu en vaut la chandelle.
— Retour à la case départ: les députés vont beaucoup matraquer le gouvernement sur le thème de la corruption et des dépenses inconsidérées. Il leur suffira d’ailleurs à ce propos de citer les dirigeants eux-mêmes. Ainsi, le chef de l’Etat a tancé naguère en Conseil des ministres les responsables parce qu’ils ne paient pas leur électricité. Aujourd’hui, M. Hraoui en raconte une «bien bonne»: au médecin qui lui annonce que son mari est guéri, cette dame de Rayack lance: «Puisqu’il se trouve bien à l’hôpital, laissez-le y rester encore quelques jours...» Le ministre de la Santé M. Sleiman Frangié dénonce également de son côté le gaspillage dans le secteur hospitalier conventionné et indique qu’il y a nombre d’opérations chirurgicales fictives, bidon, qui sont inscrites au compte du Trésor... Pense-t-on, persiflent les opposants, que la nomination de 300 inspecteurs des Finances suffira pour arrêter l’hémorragie et faire cesser la gabegie, surtout que de ces braves gens il en est qui ont amplement prouvé naguère, notamment au service de l’impôt sur le revenu où ils sévissaient, qu’ils ont eux-mêmes besoin d’être contrôlés?
— Que fait-on des déplacés? Aucun crédit n’est prévu jusqu’à présent dans le budget pour leur retour, y a-t-on donc renoncé définitivement? Et que va-t-on faire pour le barème des salaires dans le secteur public qui pourrait être augmenté sous la pression populaire?
— Enfin, demandent les députés, tourne-t-on en rond exprès pour ramener en définitive sur le tapis la surtaxe inflationniste sur l’essence?
C’est là en effet, peut-on conclure, une question tout à fait essentielle.
E.K.
Le budget d’austérité 1998, fruit d’une pénible césarienne en Conseil des ministres, connaîtra-t-il à la Chambre un sort plus naturel, moins chirurgical... Ne risque-t-il pas de faire de nouveau l’objet de sévères empoignades au sujet de ses chiffres et des dispositions fiscales qu’il prévoit... La balance des relations Berry-Hariri, plutôt équilibrée ces jours-ci,...