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Actualités - ANALYSE

Cuisine budgétaire : les chefs s'entendent ...

C’est confirmé, le chef du gouvernement et le chef du Parlement se sont pratiquement mis d’accord sur la tambouille, comme on dit familièrement dans les milieux politiques en parlant du budget. Ils se sont entendus sur les ingrédients, c’est-à-dire sur les chiffres. C’est ce qui permet un passage super-accéléré du témoin de relais entre le Conseil des ministres et le Parlement qui se verra saisi du texte du projet de loi avant la date-butoir officielle du 25 octobre. Sur un plan tout à fait théorique, l’avantage revient au gouvernement qui, ayant respecté les délais, garde le droit de promulguer le budget par décret si la Chambre ne l’approuve pas avant l’expiration de la session ordinaire d’automne.
L’entente entre les deux présidents est remarquable car il y a quelques jours encore elle paraissait tout à fait hors de question. En effet, M. Berry avait pris fermement position contre le projet de surtaxe sur l’essence auquel M. Hariri disait tout aussi fermement tenir. Un point tout à fait capital, comme dirait la Banque mondiale, car le chef du gouvernement soutenait ne pas voir d’autre moyen de renflouer assez rapidement le Trésor pour rendre le projet de budget — qui autrement à l’en croire aurait dû prévoir un trop lourd déficit — assez présentable aux yeux de cette même banque qui en fait une condition pour octroyer son aide. Le président Berry, sûr d’être du bon côté du manche par rapport à l’opinion publique, s’était insurgé contre une mesure potentielle qui entraînerait tout à la fois une flambée de tous les prix et une discrimination fiscale, puisqu’elle frapperait bien plus fort les économiquement moyens ou faibles que les nantis.
M. Hariri et son bras droit financier M. Fouad Siniora ayant mis une sourdine à leur projet de surtaxe, d’ailleurs rejeté par le Conseil des ministres, l’entente avec M. Berry est devenue facile. On se demande cependant, dans les cercles parlementaires, si le président de la Chambre va dans ce cadre tenter de faire passer le texte gouvernemental comme une lettre à la poste, sans qu’il soit trop retouché lors de son examen par les commissions parlementaires puis lors du débat en séance. Les techniques d’escamotage, de traitement à la va-vite sont bien rôdées Place de l’Etoile et l’on se souvient encore, avec un peu de nostalgie du reste, comment le président Sabri Hamadé vous expédiait tout cela en un tournemain, en faisant voter des dizaines et des dizaines de pages en un «article unique» tout à fait unique!
Le tour de passe-passe sera cependant cette fois bien plus difficile à réaliser. Les députés sont en effet nombreux à grogner, à ruer dans les brancards. Il y a même beaucoup de loyalistes bon teint qui affirment qu’ils ne laisseront pas passer sans sévère dégraissage le «barème numéro neuf» qui concerne la taxation de divers produits et qui a été soumis à un sévère régime grossissant par les services de M. Siniora. Autrement dit, le gouvernement veut faire flamber l’imposition indirecte à la base, mesure inflationniste s’il en est et par trop appauvrissante pour les classes non favorisées dont le pouvoir d’achat va de nouveau baisser, s’il existe encore...
Des sources informées affirment cependant que s’il y a bien eu accord de principe entre MM. Berry et Hariri, à travers les navettes d’amis communs comme à travers des conversations téléphoniques, cet accord attend toujours d’être finalisé au cours d’un prochain tête-à-tête. Et de laisser entendre que le président de la Chambre a toujours en vue et toujours envie de proposer un énorme package deal: l’approbation sans problème du budget moyennant l’élaboration accélérée d’un même plan en trois volets: le nouveau code des municipalités et des municipales, le programme de décentralisation administrative et la nouvelle loi électorale pour les législatives. Ces sources ajoutent que pour faire pression sur le gouvernement, les députés amalistes ont été chargés de répercuter des critiques précises concernant le fameux «barème numéro neuf» sur lequel les haririens fondent tant d’espoirs...
De plus, mais c’est tout à fait normal entre (nouveaux) amis: il faudra ne pas trop pénaliser au niveau des crédits les ministres qui relèvent de M. Berry... Et il faudra combler le trou de 50 millions de dollars au Conseil du Sud...
En revanche, on fermera les yeux du côté amaliste, si l’accord se confirme, sur une sublime anomalie: alors que le gouvernement annonce un budget d’austérité, les crédits de la présidence du Conseil sont augmentés de 50 milliards de L.L...
Ph. A.-A.
C’est confirmé, le chef du gouvernement et le chef du Parlement se sont pratiquement mis d’accord sur la tambouille, comme on dit familièrement dans les milieux politiques en parlant du budget. Ils se sont entendus sur les ingrédients, c’est-à-dire sur les chiffres. C’est ce qui permet un passage super-accéléré du témoin de relais entre le Conseil des ministres et le...