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Actualités - CHRONOLOGIE

Lumière clignotante, bruit de casseroles Les turcs manifestent contre les gangs au sein de l'état

\Une campagne civile originale, visant à obtenir que la lumière soit faite sur un scandale ayant fait apparaître des liens entre l’Etat et la mafia, vient de reprendre en Turquie, après une interruption de six mois.
A l’appel de l’«Initiative des citoyens pour la clarté», organisation animée par des avocats et des journalistes, les Turcs sont invités à faire clignoter la lumière de leur domicile pendant une minute chaque soir à 21h et à «faire du bruit» aux fenêtres, en sifflant, en applaudissant ou en tapant sur des casseroles.
Une campagne similaire, la première du genre en Turquie, avait été marquée par un niveau de participation assez élevé pendant un mois et demi, de début février à la mi-mars.
Elle avait été saluée par les sociologues comme marquant une volonté de prise de parole de la société civile turque, lassée de la corruption et des compromissions de la classe politique.
Cette fois, les Turcs sont invités à manifester leur mécontentement non plus pour une période définie, comme c’était le cas en février-mars, mais jusqu’à la levée de l’immunité parlementaire de deux députés, figures-clés du scandale qui avait révélé l’existence de liens entre la mafia turque, la police et certains politiciens.
Ces deux députés sont Mehmet Agar, ancien directeur général de la Sûreté et ministre de l’Intérieur, et Sedat Bucak, chef d’un clan kurde qui appuie le gouvernement contre le rebelles kurdes dans le sud-est du pays. Tous deux sont membres du Parti de la juste voie (DYP, droite) de l’ancien premier ministre Tansu Ciller.

«Levez les immunités»

Le scandale avait éclaté le 3 novembre 1996, lorsqu’un mafieux du nom d’Abdullah Catli, ancien militant ultra-nationaliste, et un policier de haut rang avaient été tués dans un accident de voiture.
Dans le même véhicule, se trouvait également M. Bucak, seul survivant de l’accident. La présence ensemble de ces trois hommes avait provoqué un tollé et M. Agar, alors ministre de l’Intérieur, avait dû démissionner.
L’opinion publique prête à M. Agar un rôle-clé dans la formation de groupes clandestins liés à l’Etat et chargés d’exécuter certaines basses œuvres. Mais aucune enquête judiciaire n’a été ouverte contre lui car son immunité parlementaire n’a pas été levée, pas plus que celle de M. Bucak, ce qui provoque la colère de l’opinion.
De plus, six membres des équipes spéciales de la police, écroués et jugés dans le cadre d’une enquête sur un meurtre lié au scandale, ont été relâchés début septembre faute de preuves, aggravant le mécontentement de l’opinion.
Ils avaient été accusés d’avoir tué un parrain de la mafia, Omer Lutfi Topal, le «roi des casinos», à cause d’un différend survenu entre ce dernier et les membres de ces groupes clandestins.
Estimant au début de l’année que le gouvernement de l’époque, avec à sa tête l’islamiste Necmettin Erbakan secondé par Mme Ciller, ne faisait rien pour élucider l’affaire, des groupes de citoyens avaient lancé la première campagne de protestation civile, baptisée «une minute d’obscurité pour une clarté permanente» et qui consistait à éteindre la lumière chez soi pendant une minute, à 21h.
La nouvelle campagne, dont le lancement coïncide avec la rentrée parlementaire, reprend le même slogan, en ajoutant: «Attaquez-vous aux gangs, levez les immunités». Elle survient alors que le nouveau premier ministre Mesut Yilmaz, en place depuis trois mois, a promis de faire la lumière sur le scandale.
La participation a été élevée, notamment dans les grandes villes comme Ankara, Istanbul et Izmir (ouest), selon les témoins. Plusieurs partis de gauche, des artistes et des intellectuels à Istanbul, ont publié des communiqués et organisé des manifestations de soutien. (AFP)
\Une campagne civile originale, visant à obtenir que la lumière soit faite sur un scandale ayant fait apparaître des liens entre l’Etat et la mafia, vient de reprendre en Turquie, après une interruption de six mois.A l’appel de l’«Initiative des citoyens pour la clarté», organisation animée par des avocats et des journalistes, les Turcs sont invités à faire clignoter la...