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Actualités - ANALYSE

L'électricité est dans le rouge et le consommateur dans le noir..

L’un des vrais problèmes qui concernent l’opinion: pourquoi l’Etat, plus précisément le ministre des Ressources hydroélectriques M. Elie Hobeika, n’est-il pas parvenu à tenir l’engagement, pris il y a plus d’un an, d’assurer le courant vingt-quatre heures sur vingt-quatre…
Mieux encore, ou pire, on ne sait trop: comment se fait-il qu’il y ait des coupures aussi prolongées que répétitives sans qu’aucun programme de rationnement ne soit annoncé… Cherche-t-on ainsi à multiplier les risques d’accidents, les chutes dues au noir soudain chez soi, dans l’escalier ou dans la rue, les étouffements dans les ascenseurs bloqués, le travail sur ordinateur gommé, la lessiveuse cassée… Pourquoi le silence sur tout cela, qui en est responsable, M. Hobeika, son collègue des Finances M. Fouad Siniora ou la compagnie qui a pris en adjudication l’exécution de divers travaux ou fonctions se rapportant à la consommation de l’énergie électrique…
L’abonné, surtout celui qui paie contre son gré à l’EDL pour lui et pour d’autres, a le droit de savoir.
Premier constat: Ansaldo l’italienne a livré les centrales du Zahrani et du Beddawi dont on lui avait adjugé la réhabilitation. Les vérifications techniques de fonctionnement ont été effectuées, avant décharge (électrique?) de la société adjudicataire et tout était dans l’ordre. Mais les deux installations, censées alimenter le circuit du littoral sud et celui du nord côtier, restent à ce jour inopérantes. La cause? Selon toute probabilité, un différend opposant le conseil d’administration de l’EDL soutenu par le ministre Hobeika au ministre Siniora. Et la cause de ce litige? Une offre de la même compagnie italienne Ansaldo qui pour 45 millions de dollars propose d’entretenir pendant trois ans (soit 15 millions par an) ces deux centrales du Zahrani et du Beddawi, d’en assurer la maintenance, tout en formant techniquement les équipes libanaises, encore peu qualifiées. L’EDL, mieux placée que quiconque pour évaluer la compétence toute relative de son propre personnel, a été alléchée par cette offre et séduite notamment par son volet pédagogique, si l’on peut dire qui devrait permettre à l’avenir de se fier aux techniciens locaux sans craindre à tout moment des bévues coûteuses. D’autres sociétés s’étaient également portées sur les rangs, mais la moins disante restait Ansaldo. Ses prix sont un peu supérieurs cependant à ceux de l’estimation établie par l’incontournable CDR (Conseil du développement et de la reconstruction) qui, pour trois ans, évalue le coût de la maintenance de chacune des deux centrales à 21,4 millions de dollars, soit au total 42,8 millions. En fait, pour être précis, ces chiffres remontent à 1994 et si l’on tient compte de l’inflation, ils devraient être aujourd’hui après trois ans légèrement revus à la hausse, ce qui d’après l’EDL rend l’offre d’Ansaldo tout à fait raisonnable.

Un homme à principes

Mais M. Siniora n’est pas de cet avis. Plus exactement, il s’est armé d’un principe approuvé en Conseil des ministres qui veut qu’on ne passe plus des contrats de gré à gré mais des adjudications par appel d’offres. Une procédure, répond l’EDL, trop lente qui peut s’étaler sur huit mois, autant de temps perdu sans pouvoir profiter de Zahrani et de Beddawi, tout indiquant en outre que les autres compagnies ne sont pas disposées, ou en mesure, de concurrencer Ansaldo côté prix. De plus, fait valoir l’office, il est très possible qu’une société de bric et de broc décroche finalement le contrat sans être en mesure de le remplir techniquement, alors qu’Ansaldo est qualifiée ne serait-ce que parce que c’est elle-même qui a installé les deux centrales. Et d’ajouter que les installations étant neuves, il y a risque au stade expérimental que des fautes de manipulation par méconnaissance du matériel ne le détériorent. Et Ansaldo, qui ne serait plus responsable, refuserait d’assumer les réparations éventuelles, chose qu’elle peut faire plus facilement que d’autres, si on le lui demandait… Autre détail technique contraignant: les cartes exécutives de fonctionnement des deux centrales ne seront disponibles, selon le contrat, que six mois après la date de la livraison de installations réhabilitées. Tout autre adjudicataire qu’Ansaldo risquerait donc de ne pas s’y retrouver, pendant six mois…
Autrement dit, dans le premier contrat avec Ansaldo, l’Etat libanais s’était un peu lié lui-même les pieds et les poignets, en offrant à la compagnie italienne toutes les chances de décrocher le contrat ultérieur de maintenance. D’autant qu’avoir un autre traitant poserait le problème suivant: qui serait responsable en cas de panne dans les premiers temps, Ansaldo ou son successeur à la barre? Ce dernier prétendrait sans doute que la faille existait à l’origine, dans les travaux d’Ansaldo et celle-ci répliquerait qu’une faute a été certainement commise par le nouveau gestionnaire…
Toujours est-il que le principe d’un accord de gré à gré retenu par le conseil d’administration de l’EDL (à la majorité des membres), n’a toujours pas été soumis par le ministre Hobeika au Conseil des ministres de qui dépend la décision. Or tout retard a son prix, en l’occurrence cinq millions de dollars que le Trésor perd chaque année du fait de l’arrêt de ces deux centrales. A ceci s’ajoute que la surcharge de Zouk, qui doit pallier à cet arrêt, se traduit comme on sait par des coupures qui confinent à la pénurie, surtout dans le Mont-Liban. Sans compter que selon l’EDL si l’on garde Zahrani et Beddawi fermées il faudra bientôt procéder de nouveau à leur réhabilitation car l’inactivité, c’est bien connu, rouille…
Il faut également souligner que l’EDL qui pressure au maximum l’Est, mais oublie un peu trop le reste, n’en tire pas assez pour couvrir ses frais et ses besoins en matériel générateur et en carburants. Le ministre Hobeika a demandé à cet effet au Conseil des ministres une rallonge de 226 milliards de LL, en avouant que l’office a un manque de perception en quittances (à cause des régions qui ne paient pas un sou) supérieur à 200 milliards. En pourcentage, 45% du courant distribué est volé ou non payé…
Et de cela Toufayli ne se plaint pas.

E.K.
L’un des vrais problèmes qui concernent l’opinion: pourquoi l’Etat, plus précisément le ministre des Ressources hydroélectriques M. Elie Hobeika, n’est-il pas parvenu à tenir l’engagement, pris il y a plus d’un an, d’assurer le courant vingt-quatre heures sur vingt-quatre…Mieux encore, ou pire, on ne sait trop: comment se fait-il qu’il y ait des coupures aussi...