Ouverture aujourd'hui de la campagne électorale La trêve militaire semble respectée en Algérie

Ouverture aujourd’hui de la campagne électorale
La campagne électorale pour la désignation des conseils municipaux et départementaux en Algérie, le 23 octobre, s’ouvre aujourd’hui jeudi sur fond de peur, malgré une trêve décrétée par l’aile militaire du Front islamique du salut et qui semblait respectée à son premier jour, hier.
L’étendue du pays — grand comme cinq fois la France — et la difficulté d’obtenir des informations fiable rendaient délicate toute appréciation des effets de la trêve. Et ce d’autant plus que l’AIS est surtout implantée dans des maquis installés dans les zones montagneuses de l’est et de l’ouest.
Il existerait en fait une trêve tacite depuis plusieurs semaines dans les régions de l’est où l’AIS opère, selon des sources concordantes.
L’AIS affirme agir sous le contrôle du FIS et ne viser que des objectifs militaires ou des forces supplétives.
Madani Mezrag avait ordonné dans un communiqué daté du 21 septembre à «tous les chefs des compagnies combattantes sous son commandement d’arrêter les opérations de combat à partir du 1er octobre». Il avait demandé à tous les «autres groupes attachés aux intérêts de la religion et de la nation à se rallier à cet appel».
Cet appel vise à «dévoiler derrière les abominables massacres et isoler les criminels (...) du GIA (Groupe islamique armé) et ceux qui se cachent derrière eux», avait-il ajouté.

Le RND favori

Pour le scrutin du 23 octobre, plus de 83.000 candidats, inscrits sur 5.741 listes, sont en lice et c’est le Rassemblement national démocratique (RND - au pouvoir) qui est donné largement favori.
Le RND, après avoir largement remporté les législatives du 5 juin, présente 1.480 listes et se retrouve sans adversaire dans 37 communes.
Le parti présidentiel est suivi du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) avec 1.442 listes et du Mouvement de la société pour la paix (MSP — ex-Hamas) avec 698 listes.
Ces trois partis ont formé le gouvernement après les législatives.
Le second parti islamiste légal, le mouvement Ennahda (renaissance), qui avait fait une percée remarquable aux législatives, présentera 367 listes.
Les principaux partis de la mouvance démocrate seront présents avec 453 listes, dont 214 du Front des forces socialistes (FFS), 206 du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et 33 du Parti des travailleurs (PT - trotskyste).
Pour ce scrutin, 15.817.306 électeurs sont appelés à voter, soit un chiffre inférieur à celui des législatives, qui était de 16.773.087 votants. Cette baisse s’explique, selon les indications officielles, par la radiation des listes électorales des Algériens résidant à l’étranger.
Le scrutin du 23 octobre est considéré comme la dernière pièce de l’édifice institutionnel, après l’élection présidentielle de novembre 1995, le référendum constitutionnel de novembre 1996 et les législatives de juin dernier.
Il intervient alors que les massacres de civils ont atteint des proportions inégalées depuis le début des violences en 1992. Six candidats à ces élections ont d’autre part été assassinés.
Les massacres les plus importants se sont concentrés dans l’Algérois, mais les assassinats et les tueries ont aussi touché d’autres zones, comme la région de Tlemcen (Ouest).
Les massacres ont été justifiés par le Groupe islamique armé (GIA), alors que l’Armée islamique du salut (AIS) a lancé de son côté un appel à l’arrêt des combats, qui devait entrer en vigueur mercredi.
Le RCD et le FFS ont demandé le report de la consultation électorale.
Le chef du RCD, Saïd Sadi, a dénoncé l’attitude du pouvoir qui «dans ce climat de frustration et de folie terroriste a décidé de maintenir la date des élections».
Mais les autorités ont assuré que ce scrutin se déroulerait dans une parfaite sécurité.