Dans une conférence donnée à Damas à l'occasion de l'exposition du livre arabe Eddé met en garde contre la mondialisation basée sur l'hégémonie

DANS UNE CONFÉRENCE DONNÉE À DAMAS À L’OCCASION DE L’EXPOSITION DU LIVRE ARABE

A l’occasion de la treizième exposition du livre arabe en Syrie, et à l’invitation du ministre syrien de la Culture, Mme Najah Attar, le ministre d’Etat, M. Michel Eddé, a donné lundi une conférence à Damas dans la bibliothèque «el-Assad», sur le thème: «Notre avenir arabe et les défis de la mondialisation».
Le ministre libanais a notamment insisté sur l’esprit d’ouverture et de coopération entre les Etats afin d’éviter une mondialisation basée sur «le monopole et l’hégémonie», auquel cas «les crises ne feraient que s’exacerber encore plus».
Selon M. Eddé, «on ne peut envisager la question de la mondialisation sans la révolution technologique» qui caractérise notre ère. Les progrès enregistrés dans le domaine de la télécommunication «ont démantelé les frontières et ont signé la fin de la géographie au sens traditionnel du terme». La disparition des frontières fait que l’on se dirige de plus en plus vers un «marché unique sur les plans de la production et des échanges». «De nouvelles relations économiques entre les différents pays du monde peuvent donc être envisagées, ainsi qu’une nouvelle division du travail qui devrait être basée au niveau international sur la collaboration et non sur l’exploitation», a ajouté le ministre d’Etat, donnant dans ce cadre l’exemple de la coopération entre plusieurs nations européennes qui a abouti à la construction de l’Airbus.
La mondialisation, souligne M. Eddé, peut donc avoir un aspect positif à condition que règne un climat de «respect mutuel». D’où, selon lui, l’importance des organisations internationales comme l’ONU, l’UNESCO, l’OMS ou la FAO, génératrices d’un tel climat. Mais, de toute évidence, cette mondialisation est susceptible aussi de dégénérer si le monopole et l’esprit de domination venaient à prévaloir. Qu’adviendrait-il alors de la souveraineté, de l’entité et de la spécificité de nombreux pays?
Dans ce sens, ajoute le ministre, l’unité économique se fera au prix de «l’éclatement des entités politiques». M. Eddé en veut pour preuve les mouvements séparatistes qui naissent dans les pays développés: les Corses en France, les Basques en Espagne...
Autres conséquences d’une telle mondialisation: «La disparition des cultures, l’objectif étant d’éliminer l’autre sous prétexte d’homogénéité. (...) Il s’agirait alors d’une agression en bonne et due forme contre la culture, les valeurs, les spécificités et le patrimoine des peuples». D’où, affirme M. Eddé, un mouvement d’uniformisation à outrance dans tous les pays.

Appel
à la vigilance

Le ministre libanais a fait appel dans ce cadre à «la vigilance des nations arabes en vue de sauvegarder notre patrimoine, notre culture et notre contribution à la civilisation».
Dans ce contexte, M. Eddé a mis en garde contre la véritable hégémonie qu’exercent les organisations sionistes dans «les domaines de l’information, de l’art et de la culture». Selon lui, ces milieux sont ainsi en mesure de transformer le bourreau en victime, et vice-versa. Il a donné dans ce cadre l’exemple de l’attaque récemment perpétrée par des commandos israéliens à Ansariyé, au Liban-Sud, et durant laquelle 12 de ces militaires ont trouvé la mort. «L’information a donné l’impression dans le monde entier que ces soldats étaient venus au Liban dans des intentions pacifiques et qu’ils avaient été surpris par le feu des terroristes libanais», a ajouté M. Eddé.
Par ailleurs, soulignant l’importance du domaine scientifique dans le processus de la mondialisation, le conférencier a lancé un appel à la solidarité des Arabes. Il a insisté de ce fait sur la nécessité de créer un fonds arabe commun consacré aux recherches scientifiques. M. Eddé a déploré que cette idée n’ait reçu aucun écho à l’occasion des multiples conférences de ministres arabes de l’Enseignement, auxquelles il avait participé.