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Actualités - CHRONOLOGIE

L'église catholique de France fait son MEA Culpa auprès des juifs


L’Eglise catholique de France a fait hier son «mea culpa» auprès des juifs pour son silence devant les persécutions antisémites lors de la deuxième guerre mondiale.
Une déclaration de «repentance» sur l’attitude de l’Eglise sous le régime de Vichy, qui collabora avec l’occupant nazi, a été lue au nom de l’épiscopat par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint Denis.
«Devant l’ampleur du drame et le caractère inouï du crime, trop de pasteurs ont, par leur silence, offensé l’Eglise elle-même et sa mission. Aujourd’hui, nous confessons que ce silence fut une faute», ont proclamé les évêques.
Les évêques d’Ile de France, avec le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, et ceux dont le diocèse abritait durant la guerre des camps d’internement gérés par Vichy étaient présents à la cérémonie.
Ce repentir symbolique, très bien accueilli par la communauté juive, qui l’a toutefois jugé tardif, a eu lieu en soirée au camp de Drancy, au nord de Paris, d’où 76.000 juifs ont été déportés vers les camps de la mort.
«Nous attendions une telle déclaration depuis une dizaine d’années», a déclaré le président du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF), Me Henri Hajdenberg, «mais la repentance de l’Eglise est un acte capital».
Pour le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, «reconnaître son erreur est plus que du courage. C’est de l’héroïsme», et il a ajouté que cette déclaration «ira droit au cœur» des juifs.
L’Eglise a choisi le 57e anniversaire des lois antisémites du régime du Maréchal Pétain, qui avait la faveur de la hiérarchie catholique, pour franchir un pas que les dirigeants français avaient déjà réalisé depuis 1995.
Le président gaulliste Jacques Chirac, à la différence de son prédécesseur socialiste François Mitterrand, avait reconnu pour la première fois la «faute» de l’Etat français dans la plus grande rafle des juifs à Paris, en 1942.
Les évêques allemands, dont l’Eglise s’était compromise avec le régime nazi, ont publié une déclaration similaire pour le 50e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 23 janvier 1995.
En quelques années, et après une longue période d’amnésie, la France s’est penchée sur son passé, avec des prolongements judiciaires, comme le procès qui va s’ouvrir dans une semaine d’un ex-dignitaire de Vichy, Maurice Papon.
Après 16 ans de procédure, M. Papon sera jugé pour crimes contre l’humanité par complicité, en raison de son rôle présumé dans la déportation de 1.560 juifs de la région bordelaise, dans l’ouest de la France.
Le cardinal Pierre Eyt, archevêque de Bordeaux, s’est prononcé mardi pour l’ouverture des archives du cardinal Maurice Feltin, son prédécesseur de 1936 à 1949 à Bordeaux, qui s’était montré très proche de Vichy.
«Tout concourt aujourd’hui au souvenir obsédant de Vichy», a souligné l’historien Pierre Nora, qui relève que la France a d’abord dû rompre avec le mythe unanimiste d’une nation résistante pour regarder ses pages sombres.
L’Eglise a demandé pardon pour le silence coupable des évêques d’alors devant les lois anti-juives de Vichy, promulgués début octobre 1940, qui préparèrent le terrain aux persécutions nazies.
Ils avaient estimé qu’il pouvait «paraître légitime de la part d’un Etat d’envisager un statut légal particulier pour les juifs» qui «ne sont pas des étrangers ordinaires» mais «des gens inassimilés».
Ce n’est qu’en 1942, après le début des rafles, pour qu’une minorité d’évêques «résistants» — une dizaine sur 87 — réalisent l’horreur de la persécution des juifs, et pour certains la dénonçent.
Seul dans la classe politique, le président du Front national Jean-Marie Le Pen a estimé que la démarche de l’Eglise de France est «absolument scandaleuse».
«Je trouve cela absolument incroyable que des gens qui n’étaient pas nés au moment de ces faits viennent, au mépris de la vérité historique, demander pardon», a déclaré le leader d’extrême-droite. (AFP)


L’Eglise catholique de France a fait hier son «mea culpa» auprès des juifs pour son silence devant les persécutions antisémites lors de la deuxième guerre mondiale.Une déclaration de «repentance» sur l’attitude de l’Eglise sous le régime de Vichy, qui collabora avec l’occupant nazi, a été lue au nom de l’épiscopat par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint...