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Actualités - DISCOURS

Brossant devant l'assemblée générale de l'ONU un tableau sombre des perspectives de paix au P.O. Boueiz : l'espoir est tombé

BROSSANT DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ONU UN
TABLEAU SOMBRE DES PERSPECTIVES DE PAIX AU P.-O.
Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a dressé hier devant l’Assemblée générale des Nations Unies un bilan plutôt négatif de l’état du processus de paix au Proche-Orient, allant jusqu’à dire que l’espoir de paix était «tombé». Dans un discours qu’il a prononcé à l’occasion des travaux de la 52e session de l’Assemblée générale, M. Boueiz a en outre réitéré la position traditionnelle du Liban au sujet de l’occupation israélienne du Liban-Sud, réclamant l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité, et invité la communauté internationale à faire un effort supplémentaire pour l’UNRWA, dont les moyens financiers ont été rongés.
Voici de larges extraits du discours:
«Un demi-siècle est passé depuis que l’humanité, ambitionnant d’édifier une instance de référence pour la justice, le droit et la paix, a créé les Nations Unies, une instance à laquelle les Etats ont recours pour défendre leurs droits lorsqu’ils sont spoliés et de laquelle ils attendent un soutien lorsqu’ils sont confrontés à plus fort qu’eux.
«Mettre fin à l’ère des guerres et ouvrir une nouvelle page de paix et de concorde, de souveraineté des nations, de liberté des peuples et d’indépendance des Etats, telle était l’ambition de l’humanité quand les Nations Unies ont vu le jour.
«Aujourd’hui plus que jamais, à l’ère de la révolution technologique, des communications et de l’abolition des barrières et des frontières, mais aussi celle de l’explosion démographique, du développement des armes de destruction massive et des menaces sur l’environnement, le besoin d’une telle instance de référence se fait sentir comme moyen essentiel de régler les conflits, les guerres et les contradictions.
«Voilà pourquoi il est nécessaire de réactiver les mécanismes de l’ONU et de consolider la confiance dans une organisation juste, crédible, efficace et équilibrée, dont les décisions ne sont pas marquées par l’hégémonisme et dont les critères d’application des résolutions sont unifiés. Cela afin que nul ne demeure au-dessus du droit international et que les Nations Unies ne tombent pas en tant qu’alternative pacifique aux guerres destructrices dans le monde.
«En conséquence, le Liban appuie avec enthousiasme l’évolution des institutions de l’ONU, en particulier au niveau du Conseil de Sécurité, par le biais d’une adaptation de la représentation géographique et numérique aux nouvelles données, pour effacer le déséquilibre, dénoncé par certains, dans l’exercice de son rôle par le Conseil.
«Le Liban, qui est en faveur du principe de la rotation pour ce qui est des sièges permanents, affirme son soutien à la position exprimée par les Arabes en ce sens.
«En outre, les propositions avancées par le secrétaire général (de l’ONU) pour réformer l’organisation ont suscité un profond intérêt de notre part, et font l’objet d’un examen dans le détail.
«Nous sommes aussi pour le renforcement du rôle de l’Assemblée générale et pour que le développement économique soit en tête des priorités de l’organisation».

L’UNRWA et
«l’implantation»

«Du fait des politiques de contraction de dépenses, des organismes relevant des Nations Unies, et notamment l’Office de l’ONU pour le secours aux réfugiés palestiniens (UNRWA), ont perdu beaucoup de leur efficacité dans leurs prestations sociales, médicales et éducatives. Pour ce qui est de l’UNRWA, cette évolution fait peser sur les Etats qui accueillent les réfugiés, et en particulier le Liban, une responsabilité double qui leur est difficile à assumer. Cette responsabilité doit être partagée par la communauté internationale pour effacer l’injustice dont sont victimes ces réfugiés.
«Cette amère réalité n’est pas totalement étrangère à une politique intentionnelle visant parfois de manière dissimulée à faire pression sur les pays d’accueil afin qu’ils intègrent ces réfugiés, de sorte à diluer la question de leur retour et à imposer leur implantation sur place.
«De plus, on cherche à utiliser cette situation pour faire pression sur les pays d’accueil afin qu’ils se plient à des conditions politiques qu’ils ne sauraient accepter.
«En attendant une solution politique à la question des réfugiés palestiniens, en conformité avec le droit du retour reconnu par les Nations Unies, avec le principe de réunion des familles et avec les fondements du processus de paix, il est nécessaire et même vital pour la communauté internationale, représentée par l’ONU et les pays donateurs, de continuer à remplir ce devoir (financer l’UNRWA)».

«Nous étions optimistes»

Au moment du lancement du processus de paix, en 1991, «nous étions optimistes», parce que l’initiative était internationale, parce que le parrainage était réel et parce que le contenu était basé sur les principes de paix juste, durable et globale.
«Nous étions optimistes, parce que la paix proposée se basait sur les résolutions 242, 338 et 425, le principe de l’échange de la terre contre la paix, un accord concernant Jérusalem, l’arrêt de la politique de colonisation et d’annexion de la part d’Israël et la reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien.
«Tout cela devait être suivi de négociations pour la création d’un ordre régional par lequel seraient réglées les questions de sécurité et les problèmes sociaux et économiques, notamment celui des réfugiés palestiniens, et qui ouvrirait la voie au développement de la région.
«Nous avons pris part à ce processus en considérant que les fondements en avaient été jetés à Madrid et que tous les Etats concernés y avaient souscrit, de sorte qu’il restait à en négocier l’application.
«Mais l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement israélien et de son chef a fait basculer tous ces espoirs. Le principe de l’échange de la terre contre la paix est tombé, le devoir d’appliquer les résolutions internationales a été nié. Ils ont remis en question la nécessité d’un accord sur Jérusalem, violé leur engagement à se retirer du Golan syrien et torpillé le principe de l’arrêt de la colonisation.
«Ils ont nié tout ce que les négociations avec les gouvernements israéliens précédents avaient permis d’obtenir, violant ainsi le principe de la continuité du pouvoir et celui de la permanence des accords internationaux».

Le Liban-Sud

«Face à l’aggravation de la crise intérieure (en Israël), l’Etat hébreu, prenant une attitude de défi, a eu recours à l’escalade militaire sur les frontières et dans les zones occupées, dans le but de détourner l’attention de l’opinion mondiale du torpillage du processus de paix et d’unifier les rangs à l’intérieur.
«Israël a ainsi poursuivi ses agressions contre le Liban-Sud et la Békaa-Ouest, tantôt pour mobiliser l’opinion israélienne contre la paix et tantôt afin de vider de leur sens les initiatives internationales.
«Bombardements d’artillerie, raids aériens, opérations de commandos se sont succédé sur les villes et villages, touchant les femmes, les enfants et les vieillards. Les destructions ont continué, ainsi que l’incarcération des citoyens dans les camps militaires israéliens sans que les représentants de l’ONU ou des ONG puissent leur rendre visite et sans que les droits élémentaires de l’homme, tels que la comparution devant des tribunaux justes leur soient assurés.
«En dépit de tout cela, et à mesure que l’occupation se prolonge, Israël s’enlise de plus en plus dans le bourbier du Liban-Sud, qui est devenu un enfer pour lui. L’occupant est devenu prisonnier face à la résistance d’une peuple. L’Etat hébreu a subi d’énormes pertes, qui pose la question de l’utilité du maintien de l’occupation du Liban-Sud.
«Nous avons entendu des propos médiatisés sur une disposition au retrait. C’est de l’intoxication. Il nous faut dire la vérité: face à la position constante du Liban, qui réclame le retrait total jusqu’à la frontière internationale de manière à permettre à l’Etat d’étendre sa souveraineté par le biais de ses propres forces armées, Israël continue de dissimuler son intention de se contenter d’un redéploiement au lieu d’un retrait total.
«Il continue de cacher aussi ses conditions visant à maintenir des positions d’observation et contrôle (au Liban-Sud), de limiter l’autorité de l’Etat (libanais), d’imposer un rôle aux milices qu’il a créées et un droit de regard sur les mesures de l’armée libanaise, et d’autres conditions encore de nature à limiter la souveraineté du Liban.
«Je profite de cette occasion pour saluer la mémoire des officiers et des soldats de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dont le sang s’est mêlé à celui des Libanais morts pour la défense de la terre du Liban-Sud, et je rends hommage à l’action de la FINUL qui se déroule dans les conditions les plus difficiles».

Revenir aux principes
de Madrid

«Alors qu’ils avaient commencé à s’adapter à l’idée de la paix à venir, voici que les peuples du Proche-Orient renouent avec la violence, la confrontation et la nécessité de la résistance. Les plans de développement se multipliaient. L’intérêt mondial se concrétisait autour de l’avenir de paix de la région. Aujourd’hui, le pessimisme est revenu et l’espoir est tombé.
«Il est du droit de la communauté internationale, qui subit les contrecoups de la situation au Proche-Orient, directement ou indirectement, de demander des comptes et de sanctionner. Il est même de son devoir de prendre l’initiative, par le biais des Nations Unies.
«Il est temps que l’ONU retrouve son rôle. Il est temps aussi de revenir aux principes de Madrid et aux négociations, à partir du point où elles étaient parvenues sur l’ensemble des volets.
«Il est temps de mettre un terme à la colonisation, de régler la question de Jérusalem, de se retirer des territoires palestiniens et de définir les droits politiques du peuple palestinien, d’évacuer le Golan jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 et d’appliquer la résolution 425 concernant le Liban-Sud.
«Parier sur une paix qui ignorerait ces principes ne peut qu’être un pari raté et risquer de mener la région à l’explosion générale. Tout comme la tentative d’isoler les volets de négociations les uns des autres. Pour peu qu’un seul volet soit écarté, la paix serait impossible. Que personne ne se fasse d’illusions: aucun volet ne saurait résister à l’épreuve si les autres étaient négligés.
«Le jour où le Liban-Sud sera libéré, où la crédibilité des Nations Unies sera consolidée, où les prisons israéliennes ne recèleront plus des résistants et des innocents libanais, où notre sang ne coulera plus sur notre terre, alors la blessure pourra être fermée et tout le monde pourra croire en une paix véritable redonnant son rôle à la terre des civilisations, des cultures et des religions».
BROSSANT DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ONU UNTABLEAU SOMBRE DES PERSPECTIVES DE PAIX AU P.-O.Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a dressé hier devant l’Assemblée générale des Nations Unies un bilan plutôt négatif de l’état du processus de paix au Proche-Orient, allant jusqu’à dire que l’espoir de paix était «tombé». Dans un discours qu’il...