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Actualités - ANALYSE

Les haririens reprennent à leur compte le thème des déséquilibres

L’Est opposant n’en revient pas: avec autant de sang-froid que d’opportunisme, les haririens lui chipent le thème tant rabâché des déséquilibres politiques sur la scène locale! En effet, après la dernière séance du Conseil des ministres, aussi houleuse que désastreuse pour eux, les partisans du chef du gouvernement soutiennent maintenant qu’il y a «une faille de taille au niveau des dosages des pouvoirs comme de la structure politique interne, ce qui grippe le moteur, bloque les commandes et empêche le char de l’Etat d’avancer». Autrement dit, la «discrimination et l’injustice» résideraient là dans la barrière dressée devant la volonté de M. Rafic Hariri qui, étant président du Conseil, devrait pouvoir ordonner sans être contré, du moins au sein de l’Exécutif dont selon ses supporters il serait la tête réelle, le chef de l’Etat régnant sans gouverner aux termes de Taëf.
A leur tour donc (le renard passe passe) les haririens se plaignent d’un «détournement» des accords de Taëf, d’une «dérive» qu’à la limite ils qualifieraient d’illégale!
Partant de là, les haririens se hâtent de se décharger «de toute responsabilité par rapport à l’aggravation de la situation socio-économique». Et ils prévoient que «les récents développements ne restent pas sans suite en ce qui concerne le gouvernement car on ne peut laisser en l’état une équipe qui paralyse une action aussi fondamentale, aussi nécessaire que le plan de développement, soi-disant au nom de la démocratie...». En tout cas, et il l’a clairement souligné après la séance du Conseil, M. Hariri n’en démord pas et n’entend pas céder. Il en a donné une première preuve lors du débat: quand le Conseil a rejeté le projet d’augmenter l’essence de 5.000 L.L. les 20 litres, il a prié le chef de l’Etat de faire procéder à un deuxième vote, cette fois sur base des 3.000 L.L. le bidon. Nouvelle rebuffade que M. Hariri qualifiera ensuite, à la télé, de «vote politique et non économique». Ce qui est peut-être vrai mais implique une nette reconnaissance de perte de pouvoir, puisque c’est la toute première fois où M. Hariri subit un vote négatif en Conseil des ministres. Mais il ne faut peut-être pas en tirer des conclusions hâtives. «Le plan était trop défectueux en lui-même et c’est à contrecœur que nous avons dû dire non à M. Hariri», indique un ministre pour qui «le président du Conseil reste une nécessité vitale pour le pays».

Réfutation

Un autre membre du Cabinet, plus frondeur, répond à M. Hariri en affirmant qu’il existe «un problème institutionnel de fond et non pas une simple histoire de catch politique. Durant la séance du Conseil des ministres, ce sont uniquement des questions techniques qui ont été posées au chef du gouvernement, sans a priori et sans arrière-pensées politiques. Ses réponses ayant prouvé que le plan était mal étudié, mal construit, les ministres ne se sont pas contentés de le réfuter mais ont émis à tour de rôle des suggestions pour tenter de sauver le programme, car sur le principe de base à savoir la nécessité d’aider les régions déshéritées, nous restons tous d’accord. Ce sont les moyens de financement proposés qui ont été contestés, et il n’y a dans de telles réactions aucun calcul politicien. La preuve la plus criante c’est que dans le domaine politique ceux qui ont voté «non» sont loin de s’entendre entre eux. Ce n’est ni par entente politique ni par hasard que, comme le pense l’écrasante majorité des Libanais, ces ministres répètent ensemble qu’il faut commencer, pour redresser les finances publiques, par purger et réhabiliter l’Administration. Tant que la corruption, le gaspillage et la gabegie séviront il sera inutile et même préjudiciable de se procurer des fonds, surtout par emprunt et par ponctions fiscales. Il faut donc se donner la peine et le temps d’appliquer une véritable politique d’assainissement et d’austérité budgétaire, avant de mettre sur pied un programme aussi ambitieux que celui des huit cents millions de dollars. Tant que le déficit budgétaire continuera à dépasser les 50% par an, tout effort financier pour les régions ne peut qu’être englouti, rattrapé par la déliquescence du Trésor, sans avoir pratiquement servi à rien sinon à faire la fortune de quelques magouilleurs». Mais ce que proposent ces ministres, comme ils le soulignent eux-mêmes, prendrait beaucoup de temps. Il est d’ailleurs moins que sûr qu’on puisse jamais épurer l’Administration, sans compter qu’il faudrait aussi vacciner la caste politique qui est globalement complice de la corruption, comme nombre de politiciens le reconnaissent eux-mêmes. Or, du temps, M. Hariri et ses partisans affirment qu’on ne peut plus en perdre si on veut éviter la catastrophe... Il reste à savoir si, après le saut à Damas, le chef du gouvernement pourra renverser la situation en sa faveur.

Ph. A.-A.
L’Est opposant n’en revient pas: avec autant de sang-froid que d’opportunisme, les haririens lui chipent le thème tant rabâché des déséquilibres politiques sur la scène locale! En effet, après la dernière séance du Conseil des ministres, aussi houleuse que désastreuse pour eux, les partisans du chef du gouvernement soutiennent maintenant qu’il y a «une faille de...