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Actualités - CHRONOLOGIE

Le plan d'emprunt de 800 millions rejeté en conseil des ministres Hraoui redoute une détérioration du climat politique

Hraoui redoute une détérioration du climat politique

Il n’y aura pas, pour le moment, de hausse du prix de l’essence. Le projet d’emprunt de 800 millions de dollars du chef du gouvernement, dont le remboursement devait être assuré par l’instauration de nouvelles taxes, et notamment par une surtaxe de 5.000 L.L. du prix de l’essence, a été rejeté au cours d’un vote en Conseil des ministres, qui fera date. C’est la première fois en effet depuis l’arrivée au pouvoir en 1992, du chef du gouvernement, que le Conseil des ministres lui dit clairement «non» alors même que M. Hariri avait jeté tout son poids dans la balance .
C’est le président de la République qui a tiré les premières conséquences de ce vote négatif. Cité par ses visiteurs du bloc parlementaire démocratique de M. Sami Khatib, le chef de l’Etat a commencé par se féliciter du caractère «démocratique» qui a prévalu, en Conseil des ministres. Il a toutefois exprimé ses craintes que les débats ne provoquent la «détérioration du climat politique». Anticipant sur une telle possibilité, le chef de l’Etat a placé la classe politique devant ses responsabilités, l’invitant a faire face aux difficultés économiques, «indépendamment de tel ou tel gouvernement». «Il est des échéances économiques et des exigences de développement auxquelles nul ne peut se dérober», a dit M. Hraoui, laissant entendre qu’il faut agir pour réduire le déficit budgétaire, quel que soit le sort final qui sera fait à l’emprunt projeté. Ce déficit se situe, en ce moment, autour de 50%, selon M. Hariri, de 63% selon des milieux économiques. La dette publique, pour sa part, se situe autour de 12 milliards de dollars un montant qui, selon M. Hariri, demeure «dans les limites du raisonnable».
Interrogé pour sa part après la séance, le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, proche du chef du gouvernement, a déclaré qu’un remaniement était possible. Toutefois ce remaniement ne se ferait pas « à chaud », assurent les observateurs, qui prennent acte de da volonté du chef du gouvernement, exprimée clairement dans un long entretien télévisé (VOIR PAR AILLEURS), de revenir à la charge et de faire aboutir son projet.
De son côté, le ministre de l’Habitat, M. Mahmoud Abou Hamdan, proche de M. Nabih Berry farouche adversaire du projet d’emprunt, a minimisé, de la portée politique du «non» en Conseil des ministres, et a rendu hommage à la stature politique du chef du gouvernement, qu’il a reconnu comme un des «piliers» du régime.

Crise de confiance

Ce que le vote d’hier reflète, selon les observateurs, c’est une crise de confiance entre M. Hariri et une partie de la classe politique, qui tout en étant d’accord sur ses objectifs généraux, ne l’est plus sur son style de gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères, à l’instar de plusieurs de ses collègues, s’est plaint de ce qu’un volumineux dossier d’une cinquantaine de pages contenant l’essentiel du projet d’emprunt, ne lui a été communiqué que quelques heures avant la réunion. Encore une fois, le chef du gouvernement semblait demander un blanc-seing qu’au terme de cinq ans de pouvoir, ses ministres ne sont plus prêts à lui accorder, ont affirmé des sources proches du gouvernement. Les ministres ont eu l’impression, une fois de plus, d’être soumis à une sorte de chantage, du style «moi ou le chaos», ont ajouté les sources citées.
Pour M. Boueiz, tirer les leçons des erreurs passées, du gaspillage et de la dilapidation de certains fonds signifie que tout projet d’emprunt, tout projet de taxe doit être examiné sous tous ses angles, économique, administratif et politique. Le ministre des Affaires étrangères a notamment insisté, au cours d’un échange avec le président du Conseil, sur l’importance d’une réforme administrative qui assurerait un meilleur contrôle des dépenses publiques. A M. Hariri, qui a convenu de la difficulté d’une telle tâche, M. Boueiz a estimé qu’un débat national pouvait être lancé, sur cette question, et qu’on pouvait s’en référer, en la matière, à l’arbitrage de l’opinion publique.
Pour sa part, le chef du gouvernement ne s’est pas avoué battu. Il est quand même sorti outré de la séance du Conseil des ministres, estimant avoir été la victime «non d’une décision économique, mais d’un vote politique dirigé contre la personne». M. Hariri, selon certaines sources, en voudrait au chef de l’Etat qui, lors du tête-à-tête précédant la réunion, lui aurait promis son appui, mais qui ne lui aura finalement apporté plus que sa propre voix.

Les détails du projet

Pour en revenir au projet d’emprunt de M. Hariri, il prévoit des dépenses de 800 millions de dollars, et préconise les taxes et projets de recettes suivants:
1. Réduction des dépenses publiques de l’Etat d’un montant d’environ 200 millions de dollars.
2. Augmentation du prix du bidon d’essence, dans une proportion qui reste à déterminer (M. Hariri a proposé d’abord 5.000 L.L., puis 3.000 L.L., comme solution de compromis).
3. Augmentation des taxes douanières sur certains produits (augmentations dont les produits alimentaires, les produits pharmaceutiques, la matière première industrielle sont exemptées, et qui toucherait les cigarettes, l’alcool, les boissons diverses).
4. Mise en circulation de nouvelles plaques minéralogiques.
5. Instauration d’une taxe sur le ciment, dans une proportion qui reste à déterminer.
6. Amendement à la loi sur les biens-fonds maritimes.
7. «l’état des déplacés».
8. La suspension de la loi sur le quitus à la CNSS.
Le gouvernement se propose aussi, selon ce dossier, d’entamer sans délai un dialogue avec les syndicats, afin de parvenir avec eux à des dénominateurs communs relatifs à la situation économique des travailleurs et à l’augmentation de leur productivité.
L’emprunt, lui, doit permettre au gouvernement d’honorer ses dettes à l’égard des hôpitaux privés (plus de 100 millions de dollars), la construction d’un réseau d’écoles publiques, le lancement de projets d’infrastructure dans les régions du Akkar, de Hermel et de la Békaa, la généralisation des transports publics, le retour des déplacés.
Hraoui redoute une détérioration du climat politiqueIl n’y aura pas, pour le moment, de hausse du prix de l’essence. Le projet d’emprunt de 800 millions de dollars du chef du gouvernement, dont le remboursement devait être assuré par l’instauration de nouvelles taxes, et notamment par une surtaxe de 5.000 L.L. du prix de l’essence, a été rejeté au cours d’un vote en...