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Actualités - ANALYSE

Le projet des 800 millions de dollars de Hariri Un plan retravaillé, mais toujours contesté

En principe M. Rafic Hariri (vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...) doit revenir aujourd’hui à la charge et matraquer derechef le Conseil des ministres avec son grand projet du milliard, (qui passe en réalité à huit cents millions). Mais, indiquent ses proches, le plan initial a été révisé pour amadouer les ministres ainsi que les députés et en affaiblir la résistance initiale, très vive comme on sait, surtout pour ce qui est des surtaxes qui seraient infligées à la population afin de couvrir cet énorme endettement sur les marchés extérieurs.
Donc le président Hariri a soumis son projet, pour lifting cosmétique, à une équipe de spécialistes qui ont plus ou moins pris en compte les remarques et les objections que son annonce avait suscitées. Parallèlement il a multiplié les contacts avec les ministres et avec les députés, pour tenter d’emporter leur adhésion. Il a naturellement insisté auprès du président de l’Assemblée nationale M. Nabih Berry pour qu’il lui apporte son soutien et l’aide à faire passer le texte une fois qu’il aura été transmis à la Chambre.
Mais un ministre qui n’arrive pas à avaler toute la pilule souligne que «les objectifs du plan, à savoir le développement de régions déshéritées et le financement du retour des déplacés, sont difficilement contestables, encore qu’on puisse se demander s’ils sont vraiment en vue... Mais c’est le financement qui pose problème. D’accord il se fera par endettement, mais comment amortir cet emprunt? Il faudra trouver des ressources, des rentrées nouvelles. Et en même temps, il faudra veiller à ce que ce plan ne vienne pas en définitive aggraver le déficit budgétaire qui, annoncé à 37%, a frisé un moment les 60% pour retomber à 53%, grâce notamment à la surtaxation douanière des voitures. M. Hariri n’insiste pas beaucoup là-dessus, mais la Banque mondiale n’est pas du tout contente de nous, à cause de cette inflation du déficit, et avec le Fonds monétaire international elle menace de nous priver de beaucoup d’aides au crédit et autres avantages qu’elle peut prodiguer».
«Le grand problème, souligne ce ministre réfractaire, c’est que M. Hariri n’a pas tout à fait renoncé, malgré l’énorme levée de boucliers, à emprunter la voie arithmétique la plus facile, qui est en même temps la plus catastrophique sur le plan socio-économique: la surtaxation de l’essence qui tout en apportant vite des devises au Trésor ferait flamber tous les prix et aggraverait l’appauvrissement du pays, plus précisément de ses classes à revenus moyens ou modestes. Cela sans compter que M. Hariri ne veut pas s’en contenter et se propose de surimposer également d’autres produits, pénalisant des secteurs déterminés, toujours pour assurer de nouvelles rentrées au Trésor. Il est inutile de dire que de telles options vont provoquer des remous au niveau de la rue et que les syndicats vont sûrement s’agiter...»
Ce ministre relève ensuite que «l’opinion est convaincue qu’il existe d’autres moyens que l’essence pour améliorer les recettes du Trésor».

Idées

«D’ailleurs, ajoute ce ministre, notre collègue de l’Intérieur M. Michel Murr a lui-même fait dans ce sens nombre de propositions pertinentes, comme les plaques numéralogiques à trois ou quatre numéros qui seraient vendues bien plus cher, comme la revente des biens domaniaux maritimes, comme des permis pour un étage supplémentaire délivrés à prix d’or, comme la surtaxation de produits vraiment de grand luxe etc... Sans compter qu’il n’est vraiment plus adéquat de faire bénéficier le capital d’exemptions fiscales pour des investissements improductifs comme l’immobilier ou le foncier sous prétexte de l’attirer: on ne voit pas, conclut ce ministre, en quoi on a besoin de ménager Solidere et de la laisser ne pas payer d’impôts, alors qu’un pauvre bougre de salarié se fait prélever tant pour cent à la source...»
Pour sa part un haririen affirme que «tout en sachant à quoi s’en tenir sur les réactions populaires, le président du Conseil reste convaincu que c’est essentiellement par les impôts qu’on peut assurer de nouvelles ressources au Trésor. Mais il ne veut pas en abuser et, surtout, il pense qu’on pourra ainsi stabiliser suffisamment la situation économique et financière du pays...»
On ne voit pas trop comment, du moment que ce n’est pas à cette fin que l’endettement en dollars est prévu, mais pour financer des projets à Baalbeck-Hermel comme dans le Akkar et pour accélérer le retour des réfugiés...
Toujours est-il que, sans refuser totalement son soutien au chef du gouvernement, le président de la Chambre M. Nabih Berry se dit catégoriquement opposé à une quelconque augmentation du prix de l’essence. Il relève qu’avant de pressurer le contribuable et de faire flamber les prix, le gouvernement doit d’abord chercher à comprimer ses propres dépenses, à réduire le gaspillage et la gabegie dans l’Administration comme dans le financement des projets publics.
Pour leur part des députés s’étonnent que le gouvernement ne recoure pas à un procédé très simple: inclure le plan des huit cents millions de dollars dans le projet de budget 1998. Et ils ajoutent que le pouvoir ferait mieux, pour commencer, par fermer les boutiques qu’il a lui-même ouverts ces dernières années, dont les différents «conseils» ou «caisses» qui se sont révélés être surtout des pompes à finances...

Ph.A-A.
En principe M. Rafic Hariri (vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...) doit revenir aujourd’hui à la charge et matraquer derechef le Conseil des ministres avec son grand projet du milliard, (qui passe en réalité à huit cents millions). Mais, indiquent ses proches, le plan initial a été révisé pour amadouer les ministres ainsi que les députés et en affaiblir la...