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Actualités - CHRONOLOGIE

San Diego-Tijuana : la frontière la plus fréquentée du monde

Au nord, San Diego, Californie, la septième plus grande ville des Etats-Unis avec quelque 2,5 millions d’habitants. A 30 kilomètres au sud, la métropole de Tijuana, quatrième ville du Mexique avec près d’un million d’habitants. Entre les deux villes, la frontière la plus fréquentée au monde, avec quelque 6 millions de passages dans les deux sens par mois.
Sans compter les clandestins, majoritairement des Mexicains, qui, par millions, tentent de franchir illégalement, souvent avec succès, cette frontière longue de 105 kilomètres est placée sous la surveillance de la patrouille de San Diego, à la recherche d’un travail en terre promise.
Martin fut un de ceux-là. «J’ai réussi à ma deuxième tentative. J’était avec un ami, nous étions derrière un groupe qui attirait l’attention de la «migra», (les services d’immigration) et nous sommes passés un petit moment après», se souvient-il. «Avant, c’était facile, maintenant c’est beaucoup plus compliqué», ajoute-t-il.

«Cicatrice»

C’était il y a plus de quatre ans. Entre-temps Martin, muni enfin de ses papiers, a fait venir à San Diego, en bonne et due forme, sa femme Patricia et leurs deux filles, Mayra et Norma.
Aujourd’hui, même si du côté américain, on multiplie les obstacles en tout genre pour tenter de freiner les entrées illégales, les sans-papiers sont toujours prêts à payer, même au prix de leur vie, le passage vers l’Eldorado. Selon une étude de l’Université de Houston, entre 1993 et 1996, 193 clandestins ont trouvé la mort en tentant de pénétrer dans le seul comté de San Diego. Pour les neuf premiers mois de 97, le chiffre des morts pourrait être de 30.
«On peut voir ici la majorité des sans-papiers», déclare Esther Pereira, la mère de Patricia, qui vit, elle, toujours à Tijuana. Elle est heureuse de revoir, sur la plage, ses deux petites filles... de l’autre côté des hautes barres de fer qui servent de frontière, enfoncées dans le sable, jusque loin vers le large, dans le Pacifique.
En attendant qu’un jour, Patricia puisse aller embrasser sa mère et ses deux frères, du côté mexicain, à quelques kilomètres seulement.
Tous ici sont d’accord avec le grand écrivain mexicain, Carlos Fuentes, qui a qualifié la frontière entre les deux pays de véritable «cicatrice».
Or les choses ne vont pas en s’améliorant, depuis l’entrée en vigueur de l’«Operation Gatekeeper» en Californie. A la fin de cette année, sur plusieurs points, un barrage de séparation de 24 kilomètres sera triplé. Des projecteurs illuminent de nuit le secteur surveillé 24 heures sur 24 par un escadron de plus de 2.000 agents, à bord de véhicules ou à cheval. Dans les prochains mois, cet effectif sera renforcé par mille nouveaux agents. Des hélicoptères, des caméras à infrarouge et des capteurs électromagnétiques souterrains compléteront le dispositif.
Car ce morceau de frontière du comté de San Diego — 105 seulement des 3.000 kilomètres de toute la frontière américano-mexicaine, du Pacifique au golfe du Mexique — est très convoité. La patrouille des frontières de San Diego, à elle seule, a à son actif 40% des arrestations de sans-papiers de tous les Etats-Unis. Depuis janvier de cette année, elle a intercepté 260.000 personnes (80.000 de moins qu’en 1996).
«Ces derniers temps, c’était très tranquille», dit David Shipley, porte-parole de la patrouille à San Diego, ajoutant toutefois que Gatekeeper a fait se déplacer les passages clandestins vers les zones montagneuses et désertiques de l’est du comté, voire jusqu’en Arizona.
A Tijuana, certains font des commentaires politiques sur tout cela. Pour Jorge Bustamente, président d’un centre d’Etudes sur l’immigration, si les Etats-Unis voulaient vraiment fermer la frontière, ils le feraient, mais «ils sont intéressés sur le fait de pouvoir compter sur une main-d’œuvre, tout en voulant montrer qu’ils sont en train de freiner l’immigration». Le père Gianni Fanzolato, directeur de la Maison du Migrant, estime qu’on ne règle pas l’immigration «avec des murs».
Toujours est-il qu’à Tijuana, un très grand nombre est toujours dans l’attente. La ville mexicaine est, pour eux, l’unique porte entre le tiers- monde et le rêve américain dont ils veulent une part. Un jour... (AFP)
Au nord, San Diego, Californie, la septième plus grande ville des Etats-Unis avec quelque 2,5 millions d’habitants. A 30 kilomètres au sud, la métropole de Tijuana, quatrième ville du Mexique avec près d’un million d’habitants. Entre les deux villes, la frontière la plus fréquentée au monde, avec quelque 6 millions de passages dans les deux sens par mois.Sans compter les...