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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Quand l'environnement s'attaque à la tête

L’environnement de l’homme est la source de redoutables maladies neurologiques et de troubles psychiatriques, mortels ou invalidants, malgré une prévention tout à fait réalisable, ont déploré les spécialistes réunis à Buenos Aires (Argentine) au 16e congrès mondial de neurologie.
Ainsi, «un quart des épilepsies des régions tropicales sont le résultat des atteintes neurologiques de la cysticercose», une parasitose due à une sorte de taenia, un vers qui atteint 2,5 à 3 mètres à l’âge adulte, a souligné le Dr Gustavo Roman (Université du Texas, San Antonio, Etats-Unis).
Cette maladie, touchant notamment l’Inde et l’Amérique latine, se contracte en mangeant du porc contaminé, mal cuit. Elle se cantonne généralement à l’intestin, mais lorsque les œufs expulsés par l’homme infesté sont directement ingérés, par exemple par des enfants jouant sur un sol souillés d’excréments humains, les larves disséminent jusqu’au cerveau et provoquent cette «épidémie d’épilepsies».
Loin des craintes occidentales sur la possible transmission de la maladie de la vache folle à l’homme, un environnement défavorable (absence d’eau potable, de sanitaires, manque d’éducation) affectent ainsi les plus pauvres.
Les intoxications neurologiques d’origine alimentaire ne sont pas négligeables, surtout en période de famine, selon les spécialistes.
Le «lathyrisme», neurointoxication due à la consommation d’une variété de fèves (lathyrus sativus) est connue en Europe depuis l’antiquité, mais sévit encore dans le nord-est de l’Inde, au Bangladesh et dans l’ouest de la Chine. La consommation de ce haricot, très résistant à la sécheresse et aux inondations, pendant un mois environ, peut provoquer des paralysies des membres inférieurs, irréversibles et incurables, a indiqué un expert français, le Pr Jacques Hugon.

Un défi

En période de disette, le non-respect des longues préparations traditionnelles destinées à débarrasser une variété de manioc (ou cassava) de ses poisons, des cyanides, aboutit à des morts par intoxication massive, des atteintes cérébrales (encéphalopaties), des paralysies des jambes, et des séquelles irréversibles, a relevé le Pr Michel Dumas (France) en évoquant une épidémie qui a touché 1.500 personnes en quelques semaines en Angola.
Le botulisme, dû aux toxines d’une bactérie (Clostridium botulinum) retrouvée dans les conserves mal stérilisées, peut provoquer la paralysie respiratoire et la mort, l’intoxication paralytique par les coquillages (moules etc.) comme celle survenue dans l’ouest du Canada I1e du prince Edouard, près de la Nouvelle Ecosse) ou la ciguatera, contractée en mangeant certains poissons, sont d’autres exemples de «neurotoxines naturelles», maintenant bien connues, dont les dégâts peuvent être prévenus, selon le Pr Hugon.
Le Pr Noshir H. Wadia de Bombay (Jaslok hospital, Inde) a évoqué pour sa part les méfaits des conditions de travail dans «les mines de manganèse, mal ventilées», générateurs de troubles ressemblant à la maladie de Parkinson, ainsi que la perturbation de la vision des personnes qui manipulent des pesticides et certains insecticides contre la malaria (paludisme).
Un accroissement des malformations de la moelle épinière a été observé chez les enfants nés après la catastrophe de Bhopal (Inde) qui a répandu un nuage de gaz toxique (du méthyl d’isocyanate), a-t-il affirmé.
L’alcoolisme chronique, la malnutrition avec les carences en vitamines jouent également leur rôle. La déficience en niacine, une vitamine B, donne la pellagre, caractérisée par des diarrhées, des manifestations cutanées et des démences, selon le Pr Sri Lankais Senanayake.
Les manifestations cardiaques (trouble du rythme notamment) de la maladie de Chagas (ou «trypanosomiose américaine»), une parasitose qui affecte 15 millions d’habitants en Amérique latine, accroisse le risque d’attaques cérébrales par embolie (caillot qui va boucher une artère), selon le Dr Roman.
Mais au fur et à mesure que l’espérance de vie s’allonge dans les pays en développement, la fréquence des congestions cérébrales, des démences, de la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurodégénératives ira croissante, a-t-il mis en garde en évoquant le défi posé aux systèmes de santé. (AFP)
L’environnement de l’homme est la source de redoutables maladies neurologiques et de troubles psychiatriques, mortels ou invalidants, malgré une prévention tout à fait réalisable, ont déploré les spécialistes réunis à Buenos Aires (Argentine) au 16e congrès mondial de neurologie.Ainsi, «un quart des épilepsies des régions tropicales sont le résultat des atteintes...