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Actualités - CHRONOLOGIE

Vient de paraître Arachide de Mohammed Taan : l'espoir, malgré tout

Quel lien y a-t-il entre la littérature et la médecine? De prime abord, les points communs semblent peu évidents. Mais force est de constater que les deux traitent, différemment il est vrai, de l’être humain… Regard clinique, empreint de mansuétude ou de fiction, l’homme est toujours pris entre les feux de l’analyse et de l’auscultation. Par le biais du scalpel ou de la plume, se dessinent les interrogations les plus secrètes et se posent les questions les plus brûlantes. Ainsi, Mohammed Taan, né au Sud-Liban, chirurgien installé à Lagos et sorti des facultés de Toulouse, se lance en littérature. Voilà un premier roman intitulé «Arachide» (Présence africaine-220 pages) où un médecin prend la plume pour narrer les désarrois de l’enfance et la difficulté de passer à l’âge adulte. Vision émaillée de scènes poignantes où malgré tout l’espoir n’est jamais perdu de vue. Espoir surtout de «mieux faire» et surtout de ne pas rater une vie. Féru de cinéma, Mohammed Taan confie, en toute simplicité: «Au départ ce livre était un scénario intitulé «Le père, le fils et la légion» que j’ai proposé au cinéaste Nouri Vouzit détenteur d’un prix pour son film «Les sabots d’or». En récrivant totalement ce scénario, j’en tiré un roman. «Arachide» est né de mes longues soirées au Nigeria. Ce n’est pas une biographie. J’ai voulu surtout parler de l’enfance, souligner que c’est toujours le destin qui nous mène…».
Ecrit dans une langue sobre, sans recherche de style, sans lyrisme excessif ou poésie de circonstance, «Arachide» est un roman qui traite de thèmes importants et que les Libanais connaissent bien: la guerre, l’exode, la faim, l’émigration, la détresse d’être en pays étranger mais aussi la force du combat quotidien, l’ivresse de triompher de l’adversité, la capacité de s’adapter aux situations nouvelles, de s’ouvrir à la richesse et à la culture d’autres terres…
L’histoire se situe aux alentours de 1916, pendant l’occupation ottomane. C’est un jeune garçon, Salem, qui est au centre de ce récit aux rebondissements multiples et où se mélangent dans un subtil contraste, les paysages de la montagne libanaise et ceux du sahel sénégalais. Vie simple d’un pauvre petit paysan fuyant avec sa mère la guerre et ses atrocités. Il espérait trouver refuge, paix et consolation auprès de son père en ce lointain pays d’Afrique… Mais le destin en avait décidé autrement. Ce père, «incapable de tuer une mouche», parti au Sénégal, constamment absent-présent dans ce roman au suspense calmement soutenu, est la force secrète de cet enfant. Un père profondément aimé et idéalisé mais que ses propres blessures morales empêchaient de vivre au grand jour… L’enfant aura à percer ce secret tout en faisant le dur apprentissage de la vie et il comprendra, à ses dépens, comme le souligne l’un des personnages du livre: «quelle saloperie de guerre, on meurt d’y participer et on meurt encore de refuser d’y participer…»
Si le succès et l’amour sourient à Salem, les revers n’en sont pas moins terribles. L’enfant sera adulte au prix de la révélation de la cruauté et la turpitude des hommes. Un roman écrit en un français simple et clair, à la morale discrètement cachée au sein d’un récit sans pathos larmoyant, apportant une belle leçon d’humanisme, de courage et de lucidité pour faire front à tout imprévu et à toute adversité…
Edgar DAVIDIAN
Quel lien y a-t-il entre la littérature et la médecine? De prime abord, les points communs semblent peu évidents. Mais force est de constater que les deux traitent, différemment il est vrai, de l’être humain… Regard clinique, empreint de mansuétude ou de fiction, l’homme est toujours pris entre les feux de l’analyse et de l’auscultation. Par le biais du scalpel ou de la plume, se...