Pan Pan Un H bien aspiré

Quelle valse de chiffres, de mises au point et de communiqués rageurs! Un sondage sur la drogue dans les universités, le JAD qui en révèle les résultats, en s’embrouillant toutefois, selon les testeurs, dans les données. Puis l’AUB qui monte sur ses grands chevaux et jure ses grands dieux que son campus, exception planétaire, ne connaît aucun problème de tox, affirmation qui relève apparemment de la naïveté ou de l’intox...
La rumeur publique, en de telles affaires, se charge elle-même d’assurer sa vraisemblance par une incessante contamination de bouche à oreille. Elle veut ignorer avec superbe toute recherche sur le terrain et se donne à elle-même crédit de postulat. «A qui va-t-on faire croire, répète-t-on chez les bourgeois mais aussi parmi les jeunes eux-mêmes, que les étudiants ne touristent pas un tantinet dans les paradis artificiels et ne pratiquent pas au moins le haschisch ou le pavot».
Aussi habiles que soient les sondeurs, il n’y a pas moyen, dans un domaine aussi clandestin que la consommation de drogue, d’opérer de vérification soigneuse, car le degré de fiabilité des réponses obtenues reste forcément proche du zéro. Sauf les marginaux provocateurs, qui par définition et par orgueil forment une mince minorité, aucun jeune n’ira se vanter en société d’avoir sniffé de la gomme forte ou de s’être shooté à la blanche. On reste donc là, rêve baudelairien, dans le flou des vapeurs.
Mais la mode actuelle chez les jeunes de tous bords étant à la spiritualité sinon à l’intégrisme, la drogue si prisée pendant la guerre doit certainement refluer à toute vitesse et les parents doivent avoir moins peur. De voir le fiston ou la fifille saisis tous les soirs d’une étrange torpeur...

J.I.