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Actualités - ANALYSE

Ressources financières : plus d'une idée ménageant le contribuable...

Invité de l’émission «Kalam an nasse» de Marcel Ghanem, Michel Murr a prouvé que tout en faisant partie d’un Cabinet haririen on peut ménager les intérêts des classes défavorisées. Il n’est d’ailleurs pas, tant s’en faut, le seul ministre qui ait ce souci, à preuve que le Conseil des ministres a fait échouer la récente tentative «sinioresque» de pressurer à mort le contribuable ordinaire via la flambée de l’essence. Pour financer l’emprunt d’une milliard de dollars que le pouvoir veut contracter au titre du développement et du retour des déplacés, M. Murr fait des propositions qui ne pénalisent pas forcément les classes moyennes ou pauvres au profit des nantis, comme c’est le cas quand on augmente les impôts et taxes indirects.

Des idées en série

Les idées du ministre de l’Intérieur se résument comme suit:
— Fractionner géographiquement l’attribution des plaques numérologiques, chaque mohafazat ayant sa couleur ou ses lettres distinctives, comme cela se fait ailleurs.
— Fixer à 10 millions de LL ou plus le prix d’attribution d’une plaque à trois ou quatre chiffres, vu qu’elles ont leur marché. Ceux qui détiennent déjà de tels numéros n’auraient cependant pas à payer la nouvelle taxe d’attribution, étant donné qu’en matière d’imposition l’effet rétroactif ne peut pas jouer. Grosso modo cependant l’Etat peut espérer vendre quelque 4.000 plaques «de luxe», très prisées par les frimeurs, et cela pourrait donc lui rapporter 40 milliards de LL à peu près, soit quelque 24 millions de dollars. On est loin du milliard de $, mais ce n’est là qu’une mesure parmi d’autres et, comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rivières.
— Les sociétés de cellulaire réalisent des bénéfices énormes en louant, par fractionnement, beaucoup plus de lignes qu’elles n’en détiennent pour alimenter un parc de quelque 300.000 abonnés. Le trésor perçoit le cinquième des rentrées de ces sociétés et cela lui fait 60 millions de dollars par an. Donc elles ont des ressources de 300 millions, dont il leur reste facilement 100 millions de $ comme bénéfice net. Or elles ne respectent pas scrupuleusement le cahier de charges et n’assurent pas les lignes en permanence, des abonnés se plaignant de coupures fréquentes dans certaines régions. De plus, le nombre de consommateurs a de loin excédé celui qui était prévu lors des contrats signés avec ces sociétés. Partant de ces données, M. Murr estime que l’Etat peut tout simplement se poser en partenaire égal de ces compagnies et partager avec elles le pactole fifty-fifty, ce qui lui rapporterait quelque 150 millions de dollars par an.
— Un autre créneau hautement rentable: les biens domaniaux maritimes spoliés par des exploitants dont les plus «légaux» paient un loyer tout à fait dérisoire, alors que les autres sont complètement dans l’illégalité et ne détiennent aucun permis. Si on vendait à ces mêmes exploitants ces biens publics, le Trésor pourrait se faire au moins 300 millions de dollars.
— Autoriser dans les zones frappées d’urbanisme, contre espèces sonnantes et trébuchantes, la construction d’un étage supplémentaire dit «étage des réfugiés» comme on disait «étage Murr». Un droit qui rapporterait 100 millions de dollars.

Redresser la barre,
côté financier

On serait donc au bout d’un an à la tête d’un apport supplémentaire de plus d’un demi-milliard de dollars, sans avoir pressuré les gens par des taxes indirectes et sans prendre le risque de provoquer une inflation généralisée à travers une hausse inconsidérée du prix de l’essence. Mais bien entendu certaines mesures, comme celles concernant le cellulaire, ne seraient pas faciles à imposer car il existe des lobbies qui défendent les intérêts des sociétés concernées. De même on peut craindre qu’il y ait beaucoup de jeu dans la revente éventuelle des biens domaniaux... Mais l’important reste qu’on peut toujours trouver moyen (ne serait-ce qu’en améliorant la perception fiscale et en luttant contre la corruption) de redresser la barre côté finances publiques sans harasser le pauvre peuple. Et peut-être même sans aggraver l’endettement extérieur du pays...

E.K.
Invité de l’émission «Kalam an nasse» de Marcel Ghanem, Michel Murr a prouvé que tout en faisant partie d’un Cabinet haririen on peut ménager les intérêts des classes défavorisées. Il n’est d’ailleurs pas, tant s’en faut, le seul ministre qui ait ce souci, à preuve que le Conseil des ministres a fait échouer la récente tentative «sinioresque» de pressurer à...