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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Hezbollah a vengé la mort du fils de Nasrallah en tuant deux militaires de l'Etat hébreu Israël démoralisé par la guerre d'usure au Liban-sud "Notre société gagnée par la lassitude", reconnaît le général Shahak (photos)

«Notre société gagnée par la lassitude», reconnaît le général Shahak
Israël, qui a encore perdu deux militaires hier au Liban-Sud, est démoralisé par la guerre d’usure qui s’y livre. De plus en plus de voix s’élèvent, y compris au sein du gouvernement de l’Etat hébreu, pour réclamer d’en finir avec cette situation, certaines allant jusqu’à envisager un retrait inconditionnel de l’armée israélienne du territoire qu’elle occupe.
Le Hezbollah, qui n’est pas étranger à cette évolution, a donc vengé hier la mort du fils de son chef, cheikh Hassan Nasrallah, abattu vendredi par les forces d’occupation, en tuant les deux militaires et en blessant un troisième dans un attentat à l’explosif.
Cet attentat, survenu à l’aube, a été revendiqué par un commando du Hezbollah baptisé «Unité des martyrs Hadi Nasrallah et Ali Kaoussarani», des noms du fils de cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, et d’un de ses camarades, tués vendredi par l’armée israélienne.
Le commando a fait exploser une forte charge télécommandée au passage d’une unité israélienne près du village de Talloussa, en bordure du secteur central de la zone occupée, selon des services de sécurité. Israël a confirmé l’incident et les pertes.
«L’Unité des martyrs Hadi Nasrallah et Ali Kaoussarani a actionné un puissant engin explosif au passage d’une patrouille de 15 fantassins sionistes», précise un communiqué du mouvement chiite.
Si le Hezbollah refuse de parler ouvertement de «vengeance» car selon lui le martyre est un «don divin», la mort des deux militaires israéliens peut être vue comme une réplique à celle de Hadi Nasrallah, 18 ans.
«Israël ne doit tirer aucune satisfaction de la mort de mon fils, car il est tombé sur le champ de bataille», avait déclaré samedi cheikh Nasrallah avant de «remercier Dieu d’avoir fait de lui un martyr».
Hadi Nasrallah et Ali Kaoussarani ont été tués dans une opération de l’armée israélienne qui avait également mené des raids aériens contre des positions de l’armée libanaise, tuant six militaires libanais ainsi qu’un civil et blessant six soldats.
Les funérailles des militaires libanais ont eu lieu hier L’armée israélienne a récupéré les corps de Hadi Nasrallah et de son compagnon. Pour sa part, le Hezbollah, qui avait fait état dans un premier temps de quatre disparus, a indiqué qu’un de ses combattants avait regagné sa base et considère toujours le quatrième comme disparu.
Le vice-ministre israélien de la Défense, Silvan Shalom, a indiqué hier à la radio publique que les restes d’un combattant israélien tué lors du raid du 5 septembre étaient «détenus par l’armée libanaise».
Avant la mort de Hadi Nasrallah, Israël et le Hezbollah avaient entamé par l’entremise du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) des négociations sur l’échange de la dépouille d’un soldat israélien contre des prisonniers libanais détenus de longue date.
L’attaque de dimanche porte à 33 le nombre de militaires israéliens tués au Liban-Sud depuis le début de l’année, tandis que 70 y ont été blessés.

Un conflit sans issue

En Israël, les plus hauts responsables militaires et politiques du pays s’inquiètent des effets des pertes à répétition dans un conflit dont nul ne voit l’issue.
«La société israélienne manifeste des signes de fatigue évidents et cherche des réponses nettes, simples et rapides au conflit du Liban, qu’il est impossible de fournir», a déploré le chef d’état-major, le général Amnon Shahak, interviewé par la radio publique israélienne.
Le ministre de la Sécurité intérieure Avigdor Kahalani, a estimé que le «conflit minait la force de résistance d’Israël». Il s’est prononcé, une fois de plus, pour un retrait inconditionnel du Liban, dont le premier ministre Benjamin Netanyahu ne veut pas entendre parler.
«L’armée israélienne doit évacuer sans condition le Liban-Sud, où doit se déployer une force internationale», a déclaré M. Kahalani lors d’une visite à Kyriat Ono, près de Tel-Aviv.
«En restant au Liban-Sud, ce conflit continuera à faire des victimes dans les rangs de l’armée israélienne et à miner la force de résistance d’Israël», a-t-il dit.
«Israël peut parvenir à un accord avec les combattants du Hezbollah», a estimé M. Kahalani qui n’a pas expliqué sur quelle base un tel accord serait possible.
L’armée israélienne a perdu quelque 1.200 militaires au Liban depuis son invasion en 1982, dont la moitié après l’évacuation partielle de 1985. Depuis lors, Israël a perdu en moyenne deux militaires par mois, mais le rythme s’est accéléré à près de quatre par mois cette année, sans compter 73 militaires tués en février dans l’accident d’un hélicoptère en route vers le Liban.
«Ces chiffres montrent bien que Tsahal ne parvient pas à écraser le Hezbollah et à l’emporter dans la guerre d’usure», constate un spécialiste militaire, Amir Oren, cité par l’AFP.
«L’armée israélienne a la hantise de ce type de conflit et a réagi dans le passé par des escalades militaires qui lui permettaient de jouer de sa supériorité technologique», note ce commentateur militaire du quotidien Haaretz.
«Mais l’expérience de la guerre de 1982 et des opérations à grande échelle qui l’ont suivie ont démontré à l’armée qu’une escalade ne menait à rien», affirme-t-il.
«Comme il est impossible de rester sur la défensive, l’armée s’est lancée dans des opérations de contre-guérilla, avec des succès divers, au delà de la zone occupée par Israël», constate-t-il.
Ces opérations sont coûteuses en vies humaines, comme l’illustre la mort le 5 septembre de douze membres d’un commando débarqué israélien, et elles peuvent conduire à des affrontements avec l’armée libanaise, comme ceux de vendredi.
«L’ironie de l’histoire, c’est qu’Israël se retrouve confronté à l’armée libanaise, alors qu’il voudrait que celle-ci se renforce face au Hezbollah», note ce spécialiste.
Selon l’historien militaire Martin Van Creveld, l’armée et la population israéliennes se sont «ramollies» en quinze années de guerre d’usure au Liban.
«Dans ce genre de conflit, c’est celui qui tient bon le plus longtemps qui l’emporte. Mais les Israéliens sont de moins en moins prêts à en payer le prix», estime-t-il.
«Tsahal, l’une des armées les plus puissantes au monde, s’est habituée à combattre des adversaires beaucoup plus faibles, et même des civils. Son niveau en a été affecté et l’armée est aujourd’hui sans moyens contre 400 à 500 combattants déterminés du Hezbollah», affirme-t-il.
Un mouvement de mères de militaires servant au Liban affirme avoir recueilli 10.000 signatures pour un retrait inconditionnel de l’armée de ce pays. «tout ce que je sais, c’est qu’il faut mettre fin à cette folie», a déclaré dimanche une des animatrices du mouvement, Mme Ronit Nahmias.
«Notre société gagnée par la lassitude», reconnaît le général ShahakIsraël, qui a encore perdu deux militaires hier au Liban-Sud, est démoralisé par la guerre d’usure qui s’y livre. De plus en plus de voix s’élèvent, y compris au sein du gouvernement de l’Etat hébreu, pour réclamer d’en finir avec cette situation, certaines allant jusqu’à envisager un...