Un monument restauré et un jardin public pour la 15e commémoration de l'assassinat de Béchir Gemayel

La quinzième commémoration de l’assassinat du président-martyr Béchir Gemayel sera cette année différente des précédentes cérémonies organisées depuis 1983, chaque 14 septembre. Le monument à la mémoire du président disparu, à la place Sassine, a ainsi fait peau neuve. Quant à l’emplacement où avait eu lieu l’attentat qui avait coûté la vie à Béchir Gemayel et à 23 de ses compagnons, il a été entièrement réaménagé en jardin public. D’une manière plus ponctuelle, de grands portraits du président-martyr ont fait leur apparition dans les secteurs Est de Beyrouth, notamment sur les différents ponts qui longent l’autoroute Jounieh-Beyrouth.

C’est à l’initiative de la Fondation Béchir Gemayel et des «compagnons de Béchir» que le monument de la place Sassine a été restauré et que l’emplacement de l’attentat, à Achrafieh, a été réaménagé en «jardin public de recueillement».
Dès hier, les échafaudages qui entouraient le monument de la place Sassine — et qui avaient été installés au début de l’été en vue des travaux de restauration — ont été retirés. Des ouvriers apportaient dans l’après-midi la dernière touche au monument et s’employaient à planter des fleurs tout autour. Quant au «jardin public de recueillement», il sera inauguré dimanche 14 septembre, dans l’après-midi, à l’issue de la messe traditionnelle célébrée comme chaque année, à 16 heures 10 (l’heure à laquelle a eu lieu l’attentat), en l’église de l’Icône miraculeuse des Lazaristes, à Achrafieh.
Installé à la place Sassine en 1984, le monument consacré à Béchir Gemayel comprenait quatre colonnes de béton brut supportant des gravures symétriques du président disparu, une plaque commémorative pyramidale portant les noms des 23 martyrs de l’attentat et une fontaine artificielle. En mai 1997, le monument avait disparu pour être restauré. Abîmé par les balles et les éclats d’obus et terni par les poussières de la ville, il avait besoin d’un nettoyage.
Mme Solange Gemayel comptait le faire restaurer depuis la fin de la guerre, au début des années 90, mais les travaux de réaménagement entamés à la place Sassine l’avaient retenue. En effet, il fallait attendre de voir si le nouveau tracé des rues épargnerait le monument. Elevé dans un endroit public, à l’initiative de particuliers, il pouvait être, par décision officielle, déplacé, retiré ou maintenu en place. Le gouvernement a réaménagé la place Sassine, en gardant intact le monument.
La restauration a coïncidé avec le 15e anniversaires de la disparition de Béchir Gemayel et avec un autre projet: l’aménagement de la place de l’attentat en «jardin public de recueillement».
L’ancienne maison des Kataëb, témoin de l’attentat du 14 septembre 1982, sera transformée en «endroit digne de la cause pour laquelle est mort Béchir», selon les propos de Mme Solange Gemayel. Vaste de 500 mètres carrés, la place sera pourvue d’une muraille en demi-cercle, où figureront la silhouette blanche du président disparu, dessinée par Pierre Sadek en 1982, une flamme symbolique et deux plaques: l’une portant les noms des 23 martyrs et l’autre l’inscription «Nous resterons» («wa nabka»).
La place dallée sera ornée de fleurs et d’arbres majestueux. Notons que ce «jardin de recueillement» se situe sur un terrain privé. Le budget de ces deux opérations a été estimé à 75.000 dollars. D’autres particuliers contribueront d’une manière différente: ils offriront gratuitement leurs services.
Un jardin public, une fontaine, une flamme symbolique, une plaque commémorative, un monument... A l’occasion de cette commémoration, les nombreux partisans de Béchir Gemayel relèvent non sans amertume qu’aucun gouvernement n’a pris la peine de consacrer une seule rue, une statue, ou même une simple plaque commémorative à la mémoire du président-martyr qui, pourtant, représentait pour une très large frange de l’opinion un leader charismatique et un symbole national dont la perte se fait sentir aujourd’hui plus que jamais.

Patricia KHODR