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Actualités - ANALYSE

Bientôt pour le gouvernement, l'épreuve de la rentrée


L’été tire à sa fin, la détente vacancière aussi. Le gouvernement a donc pu s’en tirer sans encombre, le Parlement n’ayant tenu dans le cadre de la session extraordinaire d’été qu’une séance anodine, apolitique pour ainsi dire, consacrée au pourvoi des postes vacants dans le Conseil constitutionnel.
Mais maintenant, après l’ultime bordée de bordées officielles à l’étranger, les choses sérieuses vont commencer, les dossiers lourds se rouvrir d’eux-mêmes à l’occasion des échéances, aussi bien locales que régionales, de la toute prochaine rentrée d’automne.
Politiquement, à la mi-octobre s’ouvre la session ordinaire dite du Budget car en principe elle doit être consacrée à l’étude de la loi de finances pour 1998. Mais il y a fort à parier que comme chaque année, il y aura du retard et qu’en attendant, les députés animeront les séances en débattant des problèmes qui préoccupent la population. Et Dieu sait s’il y en a.
Sur le plan de la politique étrangère, on sait que le Conseil des ministres a confié au ministre des Affaires étrangères le soin de présider la délégation libanaise à l’Assemblée générale des Nations Unies, avec l’assistance du secrétaire général du Palais Bustros, l’ambassadeur Zafer el-Hassan. Mais s’il y a de nouveaux développements, par exemple à la lumière de l’initiative Albright, il n’est pas exclu que le chef de l’Etat ou le président du Conseil veuillent prononcer, l’un ou l’autre, le discours du Liban à la tribune du Palais de Verre. Cette éventualité se préciserait en cas d’échec flagrant de la tournée du secrétaire d’Etat, ce qui laisserait la région aux bords de l’anarchie et le Liban en danger de fortes violences frontalières aggravant du même coup son appauvrissement, d’où la nécessité d’en appeler solennellement à l’ONU par un discours de niveau présidentiel.
Pour en revenir au plan intérieur, et pour parler justement de l’appauvrissement, le pouvoir a jusque-là géré fifty-fifty si l’on peut dire le problème que lui pose la «révolte des affamés» et l’action subversive de cheikh Soubhi Toufayli. Les attaques de ce dernier ont donné lieu à quelques déclarations «fermes» des autorités, ainsi qu’à un déploiement «préventif» de troupes sur le terrain et à la promesse de consacrer 750 millions de dollars (dans le cadre d’un emprunt d’un milliard) aux régions déshéritées, ce qui a paru calmer pour un temps le cheikh révolutionnaire. Mais le voici qui repart à l’assaut, en menaçant d’un meeting ravageur pour demain même samedi 13 septembre. En avant-première de la rentrée socio-économique, le gouvernement aura là un test-clé d’autorité à passer. S’il n’y réussit pas, son existence même serait remise en cause, car on n’en verrait plus l’utilité et on parlerait sans doute très vite d’un nouveau Cabinet.

Le plan suspendu

D’autant que confronté à un trou galopant dans ses finances et à une crise économique qui ne cesse de s’aggraver, le gouvernement actuel ne sait plus où donner de la tête ni comment s’en tirer en cas de forts remous sociaux à la rentrée. Il a dû se refuser à lui-même, si l’on peut dire, l’échappatoire commode de l’emprunt d’un milliard de dollars et d’une surtaxation considérable de l’essence. En effet, en Conseil des ministres, des voix se sont élevées en nombre suffisant pour geler ce double projet «casse-cou», ce palliatif qui, s’il permet de gagner du temps, mène droit au bout du compte à l’explosion populaire, selon les ministres opposants. Ces derniers ont développé au cours du débat trois solides arguments:
— Vu les précédents, personne ne peut savoir où iraient vraiment les fonds collectés par l’emprunt ou par le fisc. Il est vain de tenter quoi que ce soit avant d’avoir épuré l’Administration et les mœurs de la caste politique.
— Le milliard, il faudra bien en payer les traites puis le rembourser et on ne pourra le faire qu’à coups de nouveaux emprunts extérieurs, la dette intérieure étant déjà sursaturée. Ce cercle vicieux peut conduire le pays à la ruine plus vite que prévu.
— Faire flamber les 20 litres d’essence d’une surtaxe de 5.000 L.L. provoquerait par effet d’entraînement (l’essence étant un produit moteur en économie) une inflation sans précédent, une hausse générale des prix que les Libanais ne pourraient pas supporter et qui les pousserait certainement à de redoutables mouvements de rue.
A part cela, le projet haririen dit du milliard benziné n’aurait sans doute pas réussi à passer le cap de l’approbation à la Chambre. Non pas tant parce que les parlementaires sont hommes de bon sens que parce qu’ils auraient tous réclamé pour leurs régions respectives une part du pactole! Et dix milliards n’y auraient pas suffi…

E. K.
L’été tire à sa fin, la détente vacancière aussi. Le gouvernement a donc pu s’en tirer sans encombre, le Parlement n’ayant tenu dans le cadre de la session extraordinaire d’été qu’une séance anodine, apolitique pour ainsi dire, consacrée au pourvoi des postes vacants dans le Conseil constitutionnel.Mais maintenant, après l’ultime bordée de bordées officielles à...