Il a attendu trois heures, debout dans une file d’attente longue de plusieurs kilomètres dans les rues de Calcutta, de pouvoir brièvement se recueillir devant le corps du prix Nobel de la paix reposant en l’église Saint-Thomas avant les obsèques de samedi.
Son fils Abdul, 4 ans, l’a accompagné, en tenue traditionnelle arabe, turban sur la tête.
«C’est un signe de respect, explique son père. Abdul voulait voir Dadi (grand-mère) depuis que nous avons appris sa mort. Nous lui en avions parlé, lui disant qu’elle était la grand-mère de tous», souligne-t-il.
Dans beaucoup de mosquées de la ville, les musulmans ont prié pour Teresa, dit-il. «Dans la nôtre, nous avons prié pour que quelqu’un d’autre comme elle nous vienne du ciel».
Les musulmans sont la principale minorité religieuse dans l’Inde à grande majorité hindoue, avec quelque 120 millions de fidèles. Les chrétiens ne représentent que 2,5% des 960 millions d’Indiens.
Toutes les religions sont représentées dans la foule qui se presse depuis dimanche dernier à Saint-Thomas, plus de 350.000 personnes en cinq jours.
Shabir Husain, 50 ans, musulman lui aussi, qui dit être «la dernière personne de sa famille» à venir rendre hommage au prix Nobel, explique que si toutes les religions sont là, c’est parce que Teresa «appartenait à tous».
«Elle nous a appris que l’homme était important, pas les religions», dit-il.
Jeudi, parmi la foule devant Saint-Thomas, il y avait des prêtres hindous, des moines bouddhistes, des dizaines de mendiants, d’estropiés, d’enfants handicapés.
Personne ne comprenait les critiques d’un groupe militant hindou, selon lequel mère Teresa, accusée d’avoir voulu convertir les hindous, ne mérite pas des obsèques nationales. Ces accusations sont depuis la mort du prix Nobel de la paix la seule note discordante d’un concert de louanges.
«Je suis venue pour satisfaire mon âme. C’est le moins que je puisse faire», dit Shyamasree Raha, une hindoue.
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