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Actualités - CHRONOLOGIE

Jugeant qu'elle a cassé le processus de paix Paris fustige la politique catastrophique de Tel-Aviv

«Catastrophique»: le mot utilisé pour qualifier la politique suivie par Benjamin Netanyahu est sévère et traduit un net raidissement de la France à l’égard du gouvernement de droite israélien. Pour Paris, une telle politique a eu pour effet de «casser le processus de paix», lequel «n’existe plus aujourd’hui». Israël, ainsi qu’il fallait s’y attendre, a rejeté vivement ces critiques.
S’adressant aux parlementaires du Parti socialiste français réunis à Montpellier, M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, a déclaré: «Il y a une situation de fait, avec des reliquats de relation, de négociations ponctuelles avec les autorités syriennes, palestiniennes dans certains cas, mais il n’y a plus de processus dynamique».
Sortant de sa réserve habituelle, M. Védrine a affirmé: «C’est une politique catastrophique, dans l’immédiat et pour l’avenir, pour les Palestiniens, pour Israël et pour l’ensemble de la région». Il a accusé le premier ministre israélien de conduire, par son intransigeance, les Palestiniens des territoires autonomes «à un niveau d’exaspération et de désespoir sans précédent», estimant qu’une telle politique «donne du tonus à la ligne terroriste, notamment du Hamas».
«Il n’y a plus de processus de paix, plus de dynamique, plus de perspective», a encore dit, sans cacher son exaspération, le nouveau chef de la diplomatie française.

Une première

C’est la première fois en quatre ans — depuis la signature des accords israélo-palestiniens en septembre 1993 — que Paris use d’un langage aussi dur envers le gouvernement israélien, le rendant responsable de «saper» la position de l’Autorité de Yasser Arafat et du regain du terrorisme.
Cette prise de position de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand est d’autant plus remarquée que les socialistes français sont connus pour être traditionnellement plus proches d’Israël que la droite.
Elle est aussi la plus tranchée parmi les partenaires européens de la France. M. Védrine a néanmoins tenu à souligner que cette analyse était partagée par un nombre croissant de pays de l’UE.
Si Paris, plus proche des Arabes, et Washington, plus proche d’Israël, disent vouloir travailler ensemble pour sauver la paix au Proche-Orient, ils divergent sur leur façon de considérer le fond du problème.
Alors que Mme Albright considère qu’«il n’y a pas d’équivalence morale entre tuer des gens et construire des maisons» et place la priorité sur la lutte antiterroriste, le gouvernement français met l’accent sur la paix qui conditionne la sécurité.
L’attitude de la France s’explique en outre par son impatience devant la lenteur de l’administration Clinton à s’impliquer plus activement dans le sauvetage de la paix.
Paris a récemment reproché à son allié américain d’être resté trop passif au Proche-Orient alors même que la situation y devenait chaque jour plus explosive.
Le gouvernement français a certes souhaité ensuite un «plein succès» à Mme Albright, dès que sa tournée a été annoncée. Pour autant, M. Chirac a rappelé il y a quelques jours que l’initiative américaine était «indispensable et nécessaire», mais «pas suffisante».
En Israël même, le gouvernement Netanyahu a été comme cueilli à froid par les propos de M. Védrine. Le ministre des Affaires étrangères David Lévy a exprimé sa «stupéfaction», affirmant qu’ils ne contribuaient pas au processus de paix et ne prenaient pas en considération le «terrorisme qui frappe des Israéliens innocents».
«Il s’agit d’accusations sans fondement, qui ne prennent pas en considération le terrorisme qui frappe des Israéliens innocents», a ajouté M. Lévy dans un communiqué.
«Il est troublant de constater que ces paroles sont prononcées à l’heure où le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright s’efforce, avec le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne, de relancer la coopération israélo-palestinienne et de remettre sur ses rails le processus de paix», a-t-il relevé.
M. Lévy s’est élevé en particulier contre le fait que M. Védrine ait affirmé qu’il n’y avait «plus de processus de paix».
«Même Arafat (le président palestinien) n’a pas abouti à une telle conclusion», a souligné le ministre israélien.
A Paris, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Henri Hadjenberg a estimé que les propos de M. Védrine «manquaient d’équilibre».
«Catastrophique»: le mot utilisé pour qualifier la politique suivie par Benjamin Netanyahu est sévère et traduit un net raidissement de la France à l’égard du gouvernement de droite israélien. Pour Paris, une telle politique a eu pour effet de «casser le processus de paix», lequel «n’existe plus aujourd’hui». Israël, ainsi qu’il fallait s’y attendre, a rejeté...