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Actualités - CHRONOLOGIE

Albright : le chaud et le froid (photos)

Le secrétaire d’État US pessimiste après le refus
israélien de geler la colonisation mais «encouragée» par les promesses antiterroristes d’Arafat

Il faut un gel de la colonisation, a dit Madeleine Albright, après une nouvelle rencontre avec Benjamin Netanyahu. L’Autorité palestinienne doit œuvrer de façon unilatérale à éradiquer l’infrastructure terroriste, avait-elle affirmé auparavant, après un entretien avec Yasser Arafat. Mais le gouvernement israélien, réagissant à cet appel du chef de la diplomatie US, a tout de suite rappelé sa position: «On ne peut geler la colonisation, tout comme on ne peut geler la vie». En fin de journée, le secrétaire d’Etat tirait la conclusion qui s’imposait: le processus de paix est loin de pouvoir redémarrer.

Elle a fait malgré tout déclarer — comme de bien entendu «par un haut responsable américain qui a requis l’anonymat», suivant la formule consacrée — qu’elle était «encouragée» par les nouvelles promesses antiterroristes des Palestiniens (VOIR AUSSI PAGE 7).
N’était cette mince lueur d’espoir, la première mission de Madeleine Albright, à peine entamée, semblait déjà dans l’impasse.
Le secrétaire d’Etat américain aura attendu la fin du deuxième jour de sa visite pour mettre le doigt sur ce qui représente la pierre d’achoppement du processus de paix, depuis la mise en chantier par Israël, en mars dernier, d’une nouvelle colonie juive à Jérusalem-Est occupée.
«Israël devrait s’abstenir de mesures unilatérales, notamment ce que les Palestiniens considèrent comme l’expansion provocante des colonies, les confiscations de terres, la destruction des maisons et les confiscations de cartes d’identité», avait-elle déclaré devant un auditoire d’écoliers israéliens.
«De telles actions semblent destinées à préjuger du résultat des négociations, et elles minent la confiance des Palestiniens dans les intentions israéliennes», avait-elle ajouté.

Avec Arafat

A Jérusalem, le porte-parole du premier ministre, M. David Bar-Illan, a aussitôt rejeté la proposition américaine, estimant qu’en tout état de cause, Mme Albright n’avait pas «vraiment demandé un arrêt de la colonisation» mais seulement de ne pas prendre des mesures «à caractère provocatif» que, selon lui, l’Etat hébreu évitait de toute façon.
Le secrétaire d’Etat a commencé, le matin, par se rendre à Ramallah où elle a rencontré le président de l’Autorité palestinienne qu’elle a pressé de réprimer les intégristes. A l’issue de leur entretien, ils se sont serré la main devant les journalistes et Mme Albright a souligné qu’elle venait de transmettre à M. Arafat «un message clair»: «L’Autorité palestinienne doit œuvrer de façon unilatérale à éradiquer l’infrastructure terroriste».
Selon le chef des négociateurs palestiniens Saeb Erakat, Mme Albright aurait mentionné spécifiquement la colonisation pendant la réunion. «Elle a dit que c’était une action unilatérale qui préjuge des résultats des négociations sur un statut permanent et que cela devrait cesser», a-t-il affirmé.
Mais lors de sa conférence de presse avec M. Arafat à l’issue de l’entretien, Mme Albright a soigneusement évité de se prononcer sur un gel de la colonisation. Elle a critiqué le blocus des territoires, la rétention d’argent palestinien par Israël et les confiscations de terres.
M. Erakat s’est dit «surpris» de cette omission publique. «Elle l’a dit dans son entretien avec le président», a-t-il insisté.
M. Erakat a estimé en outre que sur le plan pratique, la visite de Mme Albright n’avait rien apporté.
«Le fossé qui nous sépare d’Israël est toujours aussi profond», a-t-il dit.
«L’essentiel, c’est ce qui va se passer après sa visite. Pour sortir de la crise, il faut mettre en place un mécanisme assurant, sous supervision américaine, le respect des accords conclus», a ajouté M. Erakat.
De retour à Jerusalem, le chef de la diplomatie américaine a rencontré une nouvelle fois le premier ministre israélien, dont elle n’a pas pu obtenir des gestes comme l’allègement des sanctions économiques infligées par Israël.
Selon un responsable américain, Mme Albright a tenté, en vain, de faire valoir à M. Netanyahu qu’une répression accrue du mouvement intégriste Hamas par l’Autorité palestinienne devrait être récompensée à terme par des concessions politiques d’Israël.
«A long terme, il sera de plus en plus difficile (à M. Arafat) de maintenir ses efforts (antiterroristes) si le climat ne s’améliore pas», a expliqué le responsable américain, ajoutant: «Il faut se mettre à sa place».

Risques d’attentats

M. Netanyahu pour sa part a déclaré disposer «d’informations concrètes» sur un risque d’attentats imminents, pour expliquer pourquoi il exigeait une lutte antiterroriste de l’Autorité palestinienne.
«Les services de renseignements prévoient de prochains attentats. Israël est encore en grand danger», a déclaré M. Netanyahu aux journalistes.
M. Netanyahu était interrogé sur le refus d’Israël de verser à l’Autorité palestinienne une somme de 100 millions de USD qu’il lui doit.
En soirée, force était à Mme Albright d’avouer sa perplexité quant aux moyens de sauver le processus de paix du désastre.
«Pour l’instant, nous ne voyons pas encore quels seraient les meilleurs moyens de remettre le processus de paix sur les rails. Il y a encore un long chemin à parcourir», a-t-elle dit.
Mme Albright a souligné que les Etats-Unis «ne pouvaient pas imposer» la paix même s’ils y avaient «un intérêt stratégique» au Proche-Orient.
Sans doute pour atténuer quelque peu l’effet déplorable laissé par ces propos, le secrétaire d’Etat faisait dire par un de ses proches collaborateurs qu’elle était «encouragée» par les promesses de M. Arafat.
Parlant sous couvert de l’anonymat, ce haut responsable a indiqué que M. Arafat avait pris au cours de son entrevue jeudi avec Mme Albright «un engagement d’un type nouveau» qui pourrait permettre de lutter contre les extrémistes du Hamas de manière plus «structurée».
Le responsable américain s’est refusé à toute précision sur les mesures que M. Arafat aurait promis de prendre, expliquant que les divulguer rendrait la tâche plus difficile à l’Autorité palestinienne.
Il a aussi souligné que Mme Albright de même que le premier ministre israélien «attendaient de voir» si le président palestinien ferait suivre ses promesses d’actions.
Selon le même responsable américain, Mme Albright « a fait valoir clairement (à M. Arafat) qu’elle ne serait pas en position d’avoir une discussion réussie avec le gouvernement israélien sur les questions politiques» — c’est-à-dire l’application des accords d’Oslo — tant qu’elle n’aurait pas d’engagement sérieux sur la lutte contre le terrorisme à présenter à M. Netanyahu.
Elle a conclu après son entrevue avec M. Arafat que ce dernier «avait compris cette position et avait pris le genre d’engagement qui convient», sous réserve qu’il le respecte, a expliqué le responsable.
Le secrétaire d’Etat doit retourner ce matin à Ramallah pour une nouvelle rencontre avec M. Arafat, suivie par un autre entretien à Jérusalem avec M. Netanyahu.
Elle doit ensuite quitter Israël pour passer le reste de la journée à Damas, avant d’atterrir dans la soirée à Alexandrie.
Le secrétaire d’État US pessimiste après le refus israélien de geler la colonisation mais «encouragée» par les promesses antiterroristes d’ArafatIl faut un gel de la colonisation, a dit Madeleine Albright, après une nouvelle rencontre avec Benjamin Netanyahu. L’Autorité palestinienne doit œuvrer de façon unilatérale à éradiquer l’infrastructure terroriste,...