Pan Pan Steles stellaires

«10.452 km2 et le rêve continue»
(l’ami à la mi-septembre abattu).

C’est une chanson à deux notes triste comme le timbre fêlé d’un grelot qui grelotte pour le glas de nos passés...
Deux notes:
l L’écho d’abord du buccin funèbre contre le granit des mausolées. Ces célébrités que la mort produit ou magnifie en mythes bien plus promotionnels que promothéens: James Dean, Marilyn Monroe, Jim Morrison, Kurt Cobain. On en passe, et des plus princiers. Ou, un degré au dessus, ces héros-camarades que la camarde transforme en idoles d’apparat: John Fitzgerald Kennedy, Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, Ernesto Che Guevara...
Toujours au niveau du monde, de ses bruits, de ses fureurs, de sa lassitude, la cohorte des maîtres d’œuvre qui ont fini, ou qui sont finis. Et qui, heureux ou accablés, pour le Panthéon quittent le Capitole: l’Empereur Tibère, Youssef Beydas, Nikita Krouchtchev, Mère Teresa, Charles de Gaulle...
Deux notes:
l Nos grands disparus à nous, cette phalange de numéros uns que les guerres ont naguère englouti. Du 17 mars 1977 au 22 novembre 1989, Kamal Joumblatt, Moussa Sadr, Rachid Karamé, Béchir Gemayel, René Moawad. Sans oublier ceux, innombrables, qui, avant ou après... comme Tony Frangié, Hassan Khaled ou Dany Chamoun.
Pourquoi, pour qui...
Au-delà de toute cause incidente, ce triple constat commun: les leaders éliminés — mot terrible en sa banale trivialité — n’appartiennent qu’aux quatre principales communautés politiques du pays. Et d’un.
Ils avaient tous, chacun sous son angle propre, avant toute allégeance, le fervent souci de leur collectivité, et partant de l’intérêt local. Et de deux.
Ils ont été mis hors jeu non pas tant pour ce qu’ils avaient fait que pour ce qu’ils voulaient faire. et de trois: on ne peut être Libanais et porteur de projet.
D’où le multiple, le constant, le brutal rejet.
Et d’où pour ce pays insouverain un avenir tout tracé de servile sujet.

J. I.