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Actualités - ANALYSE

Près de 3000 libanais ont participé aux JMJ de Paris Lorsque les voyages forment la jeunesse et .. l'église

«Saint-Père, vous êtes notre jeunesse». Grâce à une mobilisation exceptionnelle, plus de 3.000 Libanais, des laïcs en grande majorité, accompagnés de quelques prêtres et de séminaristes, ont pu voir flotter cette magnifique banderole, et participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui viennent de se tenir à Paris (14 - 24 août). Professeur de mathématiques, la trentaine, Tanios Chahwan, coordinateur général du comité libanais pour ces journées, en revient épuisé mais édifié. «La présence libanaise a réellement fait le poids, assure-t-il. Bien sûr, nous étions une goutte dans l’océan, si l’on pense que les JMJ ont attiré un million de jeunes à Paris, mais notre présence n’en était pas moins significative».
Les JMJ, ce sont quatre ferventes journées passées dans la capitale française, avec un rendez-vous quotidien avec Jean-Paul II. Il est à ces journées un aspect préparatoire moins connu du public. Ce sont les journées vécues dans les différents diocèses français, grâce à l’hospitalité de familles françaises, avant la «montée» sur Paris. De propos délibéré, les 2.500 Libanais furent répartis, par groupe de 50 à 125 jeunes, sur trente diocèses, de Strasbourg à Quimper.
Pour Tanios Chahwan, ces quatre journées (du 14 au 18 août) furent inoubliables, aussi bien pour les Libanais que pour les familles d’accueil. Avec leur enthousiasme, leur simplicité, la chaleur de leur contact, les Libanais ont découvert comment ils peuvent être «un message» et un «outil d’évangélisation», assure-t-il. Dans de nombreux cas, et peut-être parce qu’ils venaient d’un pays au passé récent agité, où l’Eglise est en difficulté, ils ont réveillé et motivé leurs camarades français à la foi «assoupie», que leur contact a secoué.
L’étonnement, poursuit Tanios Chahwan, tient aussi pour beaucoup, au fait de découvrir qu’il existe des Arabes de foi chrétienne. Ainsi, la délégation libanaise, «très médiatique», a retenu l’attention de la presse française locale et nationale. Aux sessions de cathéchèse en langue arabe, animées par le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, Mgr Georges Iskandar (évêque maronite de Zahlé), et Mgr Jean-Clément Jeanbart, évêque grec-catholique d’Alep, des Palestiniens, des Irakiens, des Syriens, des Egyptiens, des Jordaniens se sont joints aux milliers de Libanais présents, pour constituer ce que certains nomment l’«Eglise des Arabes».
Mais si les jeunes du Liban ont donné, ont-ils reçu? «Les JMJ nous ont donné à tous — jeunes laïcs et ecclésiastiques —, la chance d’affronter des problèmes concrets, réels, au niveau de la communion, de la transparence, de la collaboration, de la nécessité de repenser la pastorale des jeunes, de manière à la rendre plus attirante, dit Tanios Chahwan. C’était une chance pour nous de découvrir l’Eglise du Liban telle qu’elle est, et de mieux cerner ses richesses et ses faiblesses. En cette période post-synodale, c’était providentiel».
Problèmes de communion? Oui, et très concrets, reconnaît Tanios Chahwan, qui détaille certains des tracas administratifs à mettre au compte de l’esprit de zizanie et du manque de solidarité, et pas seulement parmi les laïcs. «Dans une démarche comme la nôtre, tout a une dimension spirituelle, même l’organisation», assure le coordinateur des JMJ, qui déplore en outre la propagation de «contre-vérités» politiques qui ont dénaturé certaines des initiatives des organisateurs.
Les JMJ sont-elles conçues pour être un «temps d’évangélisation» destiné aux jeunes, «avenir de l’Eglise», pour découvrir le Christ et se mettre à son écoute? Dans quelle mesure ont-elles été vécues comme telles? «C’est un temps fort, au cours duquel on découvre beaucoup, mais il faut ensuite du temps pour l’assimilation», répond Tanios Chahwan, qui souligne que le Christ a été proposé aux jeunes directement, par la cathéchèse, les allocutions du pape, mais aussi indirectement, «par tout ce que les jeunes ont pu vivre».
Qu’ont-ils pu vivre? Le voyage pour commencer. Le contact avec une culture, ou plutôt «une mosaïque de cultures». Pour certains jeunes, c’était leur premier séjour en dehors du cocon familial, où tout leur est servi sans effort. La première fois qu’ils ont faim et qu’ils ne peuvent manger ou «tourner le dos» quand ils ont envie. «Le message peut parvenir à travers l’accueil qu’on reçoit, ou à travers la fatigue», dit Tanios Chahwan. Les exemples de Sainte Thérèse de Lisieux, sur le point d’être proclamée docteur de l’Eglise et du christianisme social, de Frédéric Ozanam, fondateur de la Société Saint-Vincent-de-Paul, déclaré bienheureux, feront eux aussi partie du bagage spirituel que les jeunes sont invités à intérioriser, chacun à une profondeur particulière. Pour Tanios Chahwan, le temps de décantation qui suivra les JMJ ne sera pas moins important que les journées elles-mêmes.
Il est donc toujours vrai que les voyages forment la jeunesse. Mais en l’occurrence, ils forment aussi l’Eglise. Les JMJ ont été conçues pour être un temps d’évangélisation, de formation. Avec un message social sans compromis, et la stature de Jean-Paul II, les jeunes du monde entier auront de quoi réfléchir sur les tâches «difficiles, mais exaltantes» qui leur sont proposées. Jean-Paul II leur a donné rendez-vous à Rome, en l’an 2.000, pour le Grand Jubilé. «Et qui vivra verra», a-t-il ajouté.
Fady NOUN
«Saint-Père, vous êtes notre jeunesse». Grâce à une mobilisation exceptionnelle, plus de 3.000 Libanais, des laïcs en grande majorité, accompagnés de quelques prêtres et de séminaristes, ont pu voir flotter cette magnifique banderole, et participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui viennent de se tenir à Paris (14 - 24 août). Professeur de mathématiques,...