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Actualités - CHRONOLOGIE

Débarqué à Ansariyé, un commando est décimé par les mines : 12 tués Beyrouth réclame une solution politique après la débâcle israélienne au sud (photos)

Un commando israélien débarqué dans la nuit de jeudi à vendredi sur la plage d’Ansariyé, à une vingtaine de kilomètres au sud de Saïda (et donc à une trentaine de kilomètres au nord de la zone occupée par Israël), a été encerclé et décimé à l’aube par l’armée, le Hezbollah et le mouvement Amal, qui ont conjugué leurs efforts pour mettre en déroute les agresseurs.
Beyrouth, par la voix du chef du gouvernement Rafic Hariri, s’est empressé de rappeler que le règlement du conflit arabo-israélien ne pouvait être que politique, estimant le débarquement de commandos comme une violation des accords d’avril 1996.
Les combats ont commencé à 0h45, lorsque le commando, composé de 16 fusiliers marins, a débarqué sur la plage d’Ansariyé et s’est avancé d’environ 2 kilomètres à l’intérieur des vergers qui bordent la côte. Le site n’offre aucun intérêt stratégique, sinon de constituer une zone de passage pour la résistance et d’abriter le Q.G. du mouvement Amal. Ansariyé est par ailleurs le lieu de résidence de cheikh Abdel Amir Kabalan, qui n’était pas chez lui.
Le mouvement Amal estime que son Q.G., sur les lieux, était visé par l’opération. La radio de l’armée israélienne a fait allusion à cette hypothèse, affirmant que le commando menait une opération qui visait «probablement» le mouvement Amal.
Le Hezbollah considère, lui, que le commando cherchait à planter des charges explosives, qu’il aurait commandées à distance, grâce à des avions de reconnaissance.
La débâcle du commando israélien a commencé quand l’armée libanaise a tiré des fusées éclairantes. Le groupe a ensuite été pris sous un feu nourri d’armes automatiques et de mortier. Les batteries de l’armée sont directement entrées en action, elles aussi. Le Hezbollah a affirmé que des charges explosives placées à titre préventif sur le chemin conduisant au site ont été actionnées au passage du commando. Cette thèse a été retenue par l’armée israélienne. «Nous savons que des engins explosifs télécommandés ont été actionnés contre notre unité de commando, qui a ensuite été prise sous un feu nourri (...) et il se peut que des explosifs transportés par nos soldats aient amplifié les pertes», a déclaré le chef d’état-major israélien, le général Amnon Shahak, évoquant le carnage devant des membres de la presse.
L’armée a joué un rôle-clef dans la bataille, en ouvrant le feu sur des hélicoptères israéliens qui arrivaient en renfort. Les appareils israéliens sont arrivés une heure après
le début des combats, lâchant des ballons-leurres, et volant en rase-mottes au dessus des vallons, racontent des témoins oculaires qui ont suivi la bataille à partir de leurs maisons situées à 200 mètres de là. «Dès l’apparition des hélicoptères, des batteries antiaériennes de l’armée sont entrées en action, forçant les appareils — six à huit — à prendre de l’altitude. Les hélicoptères ont tenté de se poser sans succès à au moins à trois reprises mais reprenaient à chaque fois de l’altitude pour éviter les tirs nourris de la défense libanaise illuminant le ciel», ont précisé les témoins.
«Dans le même temps, toujours selon ces sources, le verger encerclé était secoué par les détonations des tirs de mortiers qui provoquaient des incendies finissant de transformer la nuit en jour».
«Finalement deux ou trois hélicoptères ont réussi à se poser à la faveur d’une ceinture de feu établie par les autres appareils israéliens restés en vol. Les hélicoptères ont ensuite décollé une demi-heure ou trois-quarts d’heures plus tard, emmenant probablement les survivants et des morts», ont ajouté les témoins cités.
L’accès aux lieux des combats n’a été autorisé aux journalistes qu’à l’aube par l’armée, qui avait établi un cordon de sécurité autour du verger d’un hectare dont les arbres calcinés fumaient encore.
Par terre, au milieu de flaques de sang s’étalaient deux pieds portant des rangers, la moitié d’une tête arrachée par un éclat ou une déflagration, des mains sectionnées. On pouvait également trouver pêle-mêle quatre mitraillettes Ak-47 calcinées, un fusil-mitrailleur M18 en bon état, des pistolets, des ceinturons de munitions, un grand nombre de bandages ensanglantés et des trousses pour soins de première urgence avec des inscriptions en hébreu, des gilets pare-balles ainsi que des palmes d’hommes-grenouilles.
Des traces de sang striaient le sol sur plusieurs dizaines de mètres, les militaires atteints ayant probablement dû être traînés jusqu’aux hélicoptères.
Six batteries servant à actionner des charges, selon un expert militaire, ont aussi été abandonnées par les Israéliens, ainsi qu’un canot pneumatique.
La bataille avait duré quatre heures.
Par la suite, l’armée libanaise a annoncé la découverte d’engins piégés placés par le commando israélien.
«Lors d’une vaste opération de recherche de matériel suspect laissé par l’ennemi israélien, une unité d’ingénierie a découvert sept engins piégés, dont deux chargeurs de fusil-mitrailleur de type Kalachnikov», a précisé un communiqué.
L’armée a fait exploser les engins, précise le communiqué, qui appelle la population à observer la plus grande vigilance, notamment autour d’Ansariyé, où a eu lieu le débarquement.
Selon un bilan définitif, onze soldats israéliens ont été tués lors de cette opération et un autre a été porté disparu. Il s’agit du plus grave revers militaire infligé à Israël depuis son retrait partiel du Liban en 1985.
Outre les 12 soldats israéliens, une Palestinienne a été tuée par les tirs israéliens et cinq civils libanais ont été blessés, ainsi que deux militaires libanais, trois combattants du Hezbollah et quatre du mouvement Amal.
Un lieutenant-colonel, Yossef Korkin, 32 ans, qui dirigeait l’attaque sur le terrain, figure parmi les pertes du commando de fusiliers-marins.
En outre, quatre militaires israéliens ont été blessés, dont un grièvement, a précisé un porte-parole de l’armée israélienne.
Le président Elias Hraoui a qualifié d’«attaque terroriste» l’opération héliportée.
Pour sa part, le premier ministre, M. Rafic Hariri, a estimé que le règlement du conflit israélo-arabe ne pouvait être que «politique».
«Seul le respect par Israël des résolutions internationales et l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui stipule un retrait total et inconditionnel du Liban-Sud pourra apporter un règlement», a souligné M. Hariri.
Le premier ministre a pris contact par téléphone dans la matinée avec le président français Jacques Chirac et des officiels américains à Washington pour les informer des derniers développements.

Le Hezbollah propose
un échange

Le Hezbollah a annoncé qu’il pourrait envisager l’échange avec Israël des restes d’un des douze militaires tués à l’aube, contre des Libanais détenus par Israël.
Le premier ministre israélien n’a pas écarté cette éventualité.
Par ailleurs, M. Netanyahu a qualifié d’«une des pires tragédies» le débarquement raté.
M. Netanyahu a annoncé que cette opération ratée serait examinée en détail et aurait des «conséquences pour de futures opérations», mais il a exclu tout retrait du Liban-Sud.
Par ailleurs, la majorité des Israéliens sont favorables à un retrait unilatéral de la «zone de sécurité» occupée par l’armée israélienne au Liban-Sud, selon un sondage de la télévision publique israélienne.
Selon ce sondage réalisé hier sur un échantillon de 415 personnes représentatif de la population juive adulte d’Israël, 52% des personnes interrogées souhaitent ce retrait contre 34% qui y sont hostiles et 14% sans réponse.
Un commando israélien débarqué dans la nuit de jeudi à vendredi sur la plage d’Ansariyé, à une vingtaine de kilomètres au sud de Saïda (et donc à une trentaine de kilomètres au nord de la zone occupée par Israël), a été encerclé et décimé à l’aube par l’armée, le Hezbollah et le mouvement Amal, qui ont conjugué leurs efforts pour mettre en déroute les...