Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Netanyahu dans une impasse sanglante, les ambitions d'Albright s'amenuisent

Benjamin Netanyahu était dans l’impasse hier après quatorze mois de politique de «paix dans la sécurité», qui se soldent par une série d’attentats palestiniens et des pertes militaires croissantes au Liban, alors même que sur le plan diplomatique le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright commence à revoir ses ambitions à la baisse.
Le «faucon» de la droite au pouvoir Ariel Sharon a tonné dans les colonnes du quotidien Yediot Aharonot contre «l’algérisation» d’Israël, après la mort de 19 civils israéliens, tués en cinq semaines par cinq kamikazes non identifiés à Jérusalem.
Parallèlement au Liban-Sud, onze militaires israéliens ont été tués hier et un autre porté disparu, sans doute mort lui aussi, dans une opération de commando ratée. Ce sont les pertes les plus lourdes pour l’armée israélienne depuis son retrait partiel du Liban il y a douze ans.
Pour M. Netanyahu, le revers est doublement cuisant. Il s’était fait élire l’an dernier en promettant à ses concitoyens qu’une politique de fermeté, pour ne pas dire d’intransigeance, face aux Palestiniens et aux Etats arabes, permettrait à Israël de vivre «la paix dans la sécurité».
«Au lieu d’une nouvelle politique, M. Netanyahu a fourni à Israël un ennemi. Yasser Arafat, qui était un partenaire de paix, est devenu un ennemi déclaré», écrit le commentateur Nahum Barnéa dans le Yediot.
Le premier ministre pensait qu’en durcissant la politique envers les Palestiniens, «une telle pression contraindrait M. Arafat à liquider le terrorisme tout en épargnant à Israël le coût d’appliquer un nouvel accord d’autonomie. Cela n’a pas marché», constate amèrement M. Barnéa.
A la veille de la première tournée au Proche-Orient du secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright, les options israéliennes, sur le terrain, sont très limitées.
Côté palestinien, Israël agitait une fois de plus vendredi la menace d’opérations armées au cœur des zones autonomes pour y réprimer les intégristes armés à qui, affirme M. Netanyahu, le président Arafat «laisse les mains libres».
«Je ne suis pas disposé à continuer de cette façon. Nous allons prendre un chemin différent. Nous allons réévaluer notre approche de l’ensemble du processus de négociations», a déclaré M. Netanyahu.
Mais l’armée israélienne n’avait guère fait mieux que les Palestiniens lorsqu’elle occupait les zones devenues autonomes. Des interventions armées risqueraient de déboucher sur des batailles rangées avec la police palestinienne, comme celles qui avaient fait 85 tués en septembre 1996.
Côté libanais, les nouvelles pertes de l’armée illustrent, une fois de plus, la nécessité d’un règlement politique impliquant Israël, le Liban et la Syrie, qui paraît cependant hors de portée pour le moment.
Pour retirer ses troupes du Liban, Israël exige des garanties de sécurité, que seule la Syrie peut, dit-il, lui accorder. Mais Damas exige d’Israël la restitution intégrale du plateau stratégique du Golan, occupé depuis 1967, alors que le gouvernement Netanyahu s’y oppose.
Face à ces dilemmes, M. Netanyahu, qui jouit du soutien de sa coalition, est pressé de reprendre l’initiative et, comme à chaque période dramatique de l’histoire du pays, les bruits de bottes se font insistants en Israël.
«Si M. Netanyahu casse les accords d’Oslo, je vous garantis que ça ne va pas s’arrêter aux Palestiniens, nous retournerons à l’état de guerre avec l’ensemble du monde arabe», a averti un responsable travailliste, M. Haïm Ramon, après le dernier attentat de Jérusalem.
M. Barnéa observe dans son commentaire que «le désespoir est si grand que certains dirigeants du Likoud se sont exprimés récemment comme s’ils étaient réconciliés avec la perspective d’une guerre».
Parallèlement, le triple attentat de Jérusalem et le fiasco subi par l’armée israélienne au Liban-Sud ont nettement réduit les ambitions du secrétaire d’Etat Madeleine Albright qui partira mardi pour sa première tournée au Proche-Orient.
Au moment où elle avait annoncé son intention de se rendre dans la région, Mme Albright s’était fixé comme objectif d’accélérer les négociations qui doivent fixer le statut définitif des territoires palestiniens autonomes et régler la question de Jérusalem, revendiquée comme capitale par les Palestiniens et le gouvernement israélien.
Quelques heures après l’attentat, un porte-parole du département d’Etat, James Foley, reconnaissait que Mme Albright «n’est pas une magicienne» et que ces questions de fond allaient céder le pas aux pressions sur l’Autorité palestinienne pour renforcer la sécurité d’Israël.
Une délégation palestinienne a été reçue vendredi au département d’Etat par le médiateur américain Dennis Ross. A cette occasion, Saëb Erakat, proche conseiller d’Arafat, a répété aux journalistes que l’Autorité palestinienne «ne manifestait aucune tolérance envers la violence et continuait de faire tous les efforts possibles» pour contrer les organisations terroristes. Mais il a fait valoir que l’Autorité «doit avoir une raison» pour arrêter des centaines de militants de Hamas comme le réclame Israël.
L’opération israélienne au Liban-Sud complique la mission de Mme Albright, notamment vis-à-vis de la Syrie qu’elle doit visiter à la fin de sa tournée.
Reçu lui aussi au département d’Etat vendredi, l’ambassadeur libanais aux Etats-Unis Mohammed Chatah, a affirmé que l’opération ratée de la nuit de jeudi à vendredi prouvait «qu’il est temps pour Israël de repenser sa présence militaire au Liban et de se retirer».
S’adressant aux journalistes à sa sortie, il a justifié l’intervention de soldats libanais pour repousser le commando israélien par le fait que l’opération s’est déroulée «bien au nord de la zone de sécurité».
Benjamin Netanyahu était dans l’impasse hier après quatorze mois de politique de «paix dans la sécurité», qui se soldent par une série d’attentats palestiniens et des pertes militaires croissantes au Liban, alors même que sur le plan diplomatique le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright commence à revoir ses ambitions à la baisse.Le «faucon» de la droite au...