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Actualités - ANALYSE

En attendant que le pouvoir en fasse autant Bkerké ne perd pas de vue le sud

Le Sud, cause primordiale de laquelle dépend en grande partie le sort de tout le pays... Le patriarche Sfeir «suit avec une extrême attention, dit l’un de ses proches, les nouvelles se rapportant à la visite proche-orientale du secrétaire d’Etat U.S., Mme Madeleine Albright, qui doit, entre autres sujets, traiter de la question du Liban-Sud.
Il faut espérer que dans ce cadre, la logique sera pour une fois respectée, c’est-à-dire que le chef de la diplomatie américaine ne laissera pas de côté les autorités libanaises dans ses entretiens et ne se contentera pas de parler du Sud avec les Israéliens et avec les Syriens, comme c’est le plus souvent le cas depuis l’avènement de l’actuelle République. Il faut que le Liban, concerné au premier chef, puisse négocier pour lui-même ou à tout le moins être directement présent sur la scène diplomatique pour savoir ce qu’on lui réserve, sans devoir attendre que M. Farouk el-Chareh ou M. Richard Jones viennent lui raconter ce qui s’est dit à son sujet, comme on l’a fréquemment vu au cours de ces dernières années...».
«Il est important sur le plan moral mais aussi politique, poursuit cette source ecclésiastique, que Beyrouth obtienne d’être englobé dans la tournée régionale de Mme Albright. Une telle démarche aurait pour signification implicite la reconnaissance de la présence du Liban en tant qu’entité autonome. Elle constituerait en même temps un certificat de bonne conduite, si l’on peut dire, au plan de la sécurité, allant dans le sens de la récente levée de l’embargo concernant le voyage des ressortissants U.S. à destination de ce pays. Il va sans dire que le patriarche Sfeir s’alarme quand il entend Netanyahu inviter Damas à discuter avec lui du cas libanais en affirmant que «nos deux pays, Israël et la Syrie, ont intérêt à éviter toute escalade générale faisant flamber la situation au Liban». Le cardinal se demande dès lors quel serait le prix exigé pour assurer la sécurité des frontières nord d’Israël et qui devrait le payer dans ce contexte troublé où l’on voit l’Etat hébreu soutenir qu’aucun accord avec le Liban ne peut tenir si la Syrie n’en garantit pas les termes. Dans ce cas de figure, quel prix demanderait la Syrie pour accepter de garantir la mise en application d’un tel accord?»
«Il y a donc, enchaîne la source proche du patriarcat, beaucoup d’interrogations, de spéculations, de doutes, d’appréhensions qui s’entrechoquent. Dans ce climat chargé d’intentions peu claires, il est tout à fait impératif de rester attentif, de suivre de très près les démarches de Mme Albright pour essayer de savoir si on se propose de faire payer au Liban sa stabilité interne par son assujettissement, la perte de sa souveraineté, de son indépendance, de sa liberté».

Barak aussi

«On est en droit de s’inquiéter, poursuit cette source, quand on entend le chef des travaillistes israéliens Ehud Barak déclarer qu’Israël doit mettre à profit le passage de Mme Albright à Damas pour traiter par son truchement la possibilité de parvenir à un accord avec les Libanais que la Syrie garantirait, ce qui permettrait ensuite le retrait israélien du Liban. On raconte également, — élément qu’il faut aussi vérifier — que le secrétaire d’Etat serait porteur d’idées sur un dispositif, des mesures à établir entre le Liban et Israël, pour donner plus de pouvoir au comité de surveillance multinational qui deviendrait effectivement un organisme chargé de faire respecter le cessez-le-feu au Sud, sans se contenter d’homologuer les attaques et les ripostes comme il l’a fait jusqu’à présent».
Autrement dit, Washington voudrait parvenir à une trêve, non proclamée, sur le terrain. Un objectif qu’il recherche depuis longtemps, comme on sait. Il pensait y parvenir avec les accords d’avril 96 mais Damas n’avait pas accepté d’interdire les opérations de la Résistance libanaise et de mettre au pas le Hezbollah. Et ces accords, récemment enfreints puis rétablis, s’étaient contentés de protéger les civils des deux côtés de la frontière.
On ne sait pas encore ce que le chef de la diplomatie U.S. va proposer au juste, mais on peut penser qu’il s’agirait pour commencer d’interdire le recours aux charges explosives routières qui peuvent tuer des passants innocents alors qu’elles sont destinées à des convois militaires. D’autant que chaque explosion provoque un cycle de représailles, de violences, de tension et d’escalade qui peut déboucher, comme cela s’est vu dernièrement, sur la reprise des tirs de missiles sur la Galilée, ce que les Américains réprouvent autant que les Israéliens. Mais il est douteux que les hezbollahis acceptent une telle restriction à leur action car il ne leur resterait plus alors que les attaques, toujours difficiles, sur les positions de l’ALS, qui sont évidemment sur leurs gardes.
Toujours est-il qu’un ministre libanais estime pour sa part que «si Albright ne veut parler que sécurité, thème cher à Netanyahu, sa mission serait vouée à l’échec car, on le sait, pour la Syrie comme pour nous, c’est la paix qui mène à la sécurité et non l’inverse. Une paix réelle, fondée sur la restitution des territoires, sans laquelle nul, pas plus la Syrie que nous, ne peut garantir la sécurité d’Israël».
Quoi qu’il en soit, Netanyahu ne semble pas du tout disposé à reconnaître les principes de Madrid et à s’engager dans le processus d’une paix conçu par James Baker. Tout est donc de savoir si Madeleine Albright va s’efforcer de le faire changer d’avis...

E. K.
Le Sud, cause primordiale de laquelle dépend en grande partie le sort de tout le pays... Le patriarche Sfeir «suit avec une extrême attention, dit l’un de ses proches, les nouvelles se rapportant à la visite proche-orientale du secrétaire d’Etat U.S., Mme Madeleine Albright, qui doit, entre autres sujets, traiter de la question du Liban-Sud.Il faut espérer que dans ce cadre,...