A la veille des obsèques de Diana Elisabeth II exprimera aujourd'hui son deuil à la nation

La reine Elisabeth II a finalement décidé de s’adresser à la nation vendredi, à la veille des obsèques de Diana, tandis qu’à Paris l’enquête se poursuivait sur l’accident qui a coûté la vie à la princesse et à Dodi Fayed ainsi qu’à leur chauffeur, Henri Paul (VOIR AUSSI PAGE 8).
Trois autres photographes ont été placés en garde à vue.
La décision de la reine de s’adresser directement à ses sujets est une initiative extraordinaire, à hauteur des critiques qui l’accusaient ces derniers jours de ne pas s’associer pleinement au deuil populaire.
Unanimes, les cinq plus gros tirages de la presse populaire avaient exhorté jeudi la reine à exprimer publiquement son deuil, tandis que toute la presse stigmatisait ce qui était perçu comme un manque de compassion et un décalage avec la nation, que la presse opposait à l’image de Diana, princesse réformiste et populaire.
La souveraine a également ordonné une entorse sans précédent au protocole, en acceptant que son étendard personnel sur le palais de Buckingham soit abaissé samedi et remplacé par l’Union Jack en berne.
«La famille royale est blessée par les suggestions selon lesquelles elle est indifférente au chagrin du pays après la mort tragique de la princesse de Galles», a expliqué le porte-parole de la reine, Geoffrey Crawford, dans une mise au point exceptionnelle.
«En tant que grand-mère, la reine aide les princes (William et Harry) à surmonter cette perte, à l’heure où ils se préparent pour l’épreuve publique du deuil de leur mère», a-t-il poursuivi.Sous la pression de la foule sans cesse croissante des admirateurs de Diana, le palais de Buckingham a déjà dû porter à 4,5 kilomètres le parcours du cortège qui conduira samedi le cercueil de Diana jusqu’à l’abbaye de Westminster, le long duquel sont attendues jusqu’à deux millions de personnes. Certains campaient déjà jeudi à proximité de l’abbaye, avec vivres et parapluie. On ne notait en revanche dans les pays voisins aucune hausse particulière des départs vers la Grande-Bretagne.

Peu de têtes couronnées

Selon le cérémonial annoncé jeudi pour les obsèques, le chanteur Elton John, qui était un proche de la princesse, interprétera durant la messe de funérailles son succès «Candle in the Wind», initialement composé en hommage à l’actrice Marilyn Monroe, et réécrit pour l’occasion.
Auparavant, le premier ministre Tony Blair devrait lire la XIIIe épître aux Corinthiens. Le frère et les deux sœurs de Diana prendront également la parole. A la fin de la cérémonie, une minute de silence sera observée dans l’abbaye comme dans tout le pays.
Le convoi funéraire rejoindra ensuite le village de Great Brington, à 120 km au nord-ouest de Londres, où Diana sera inhumée aux côtés de ses ancêtres, dans une cérémonie privée.
Deux mille invités seront admis à l’intérieur de l’abbaye. Parmi eux, peu de têtes couronnées et de chefs d’Etat. Seule la venue de la reine Nour de Jordanie, et de la princesse Margriet des Pays-Bas a pour l’instant été confirmée. Les présidents américain Bill Clinton et français Jacques Chirac seront représentés par leurs épouses, qui retrouveront Tony Blair, ainsi que ses prédécesseurs John Major et Margaret Thatcher.
Invité par Buckingham, le milliardaire égyptien Mohamed Fayed, propriétaire du grand magasin londonien Harrod’s et père de Dodi, l’ami de Diana également mort dans l’accident, sera présent.
La mise au point du cérémonial était rendue difficile par le statut hybride de Diana, demeurée princesse de Galles après son divorce, mais dépouillée de son titre d’altesse royale.
A Paris, où l’enquête se poursuit, trois nouveaux photographes présents dimanche sur les lieux de l’accident ont été placés en garde à vue jeudi par la police.
Les trois hommes, dont les identités n’ont pas été révélées, «se sont présentés à la police de manière spontanée», a-t-on précisé de source proche de l’enquête.
Six photographes et un motard de presse ont déjà été mis en examen mardi pour homicides involontaires, blessures involontaires et non-assistance à personne en danger.
En outre, on a appris jeudi que le chauffeur de la Mercedes, Henri Paul, n’avait pas l’habilitation adéquate pour conduire un véhicule de ce type, qui nécessite selon la législation française une autorisation spéciale. La Mercedes, un véhicule de location, semblait en bon état mécanique, selon l’enquête.